Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Mais je ne suis pas certain que les allemands de SPITFIRE fassent allusion à la sainte Trinité. Eu égard à leur attitude et leur musique, ils sont certainement hors cadre religieux, et plus proche d’une ambiance de guerre à travers laquelle cet avion se fraie un chemin quelles que soient les conditions météo. Mais ignorons pour le moment les intentions pour nous pencher sur la carrière d’un quatuor au parcours clairsemé. J’ai déjà parlé de Nightmares lors de sa sortie, et certainement évoqué ses qualités et sa pugnacité, mais aussi cette carrière qui a connu plusieurs coups d’arrêt. Un premier album, puis une coupure, avant une reprise énergique, et deux nouveaux longue-durée qui témoignent de la vitalité permanente de la scène allemande.
Aujourd’hui, SPITFIRE passe un examen compliqué, celui du troisième album. Un examen qui se prépare minutieusement, pour pouvoir passer à l’étape suivante, celle de la confirmation. Négocier ce virage est parfois compliqué, tant les troisièmes albums cultes sont légion. Reign in Blood, Master of Puppets, Fabulous Disaster, Terrible Certainty, j’en passe et des moins connus, mais le quatuor de Karlsruhe sait mieux que quiconque comment aborder cette séquence cruciale pour sa carrière. Sa réponse ? Simple, Trinity. Dix titres forts pour une quarantaine de minutes de musique agressive, fluide, piquante et accrocheuse. Il suffit d’avoir une bonne descente pour s’enfiler ces dix nouveaux hymnes à la violence saine et contemporaine, en agrémentant la liqueur d’un soupçon de gnole old-school.
Old-school, new-school, quelle différence ? Comme beaucoup d’autres styles, le Thrash a montré ses limites depuis longtemps, nord, sud, est, ouest, technique, brutal, accointances Death, mélodies et mid tempo, réminiscences classiques, avant-garde, Progressif, tout a été essayé, tenté, et il serait vain de croire que des musiciens soient encore capables de nous surprendre. Ce que ne cherchent absolument pas les membres de SPITFIRE (Thunder Manne - batterie, Rico S. - guitare/chant, S. Moch - basse et D. Bolz - guitare), qui préfèrent s’en remettre à leur sens de l’efficacité et de la diversité, se montrant allusifs à toutes les nuances d’un sous-genre qui autorise bien des déviations.
Les leurs sont classiques, ne le nions pas. Entre charge frontale, attaque de biais, guerre de tranchée et position ferme, Trinity feuillette le catalogue et choisit ses nuances, en prenant soin de bien agencer ses idées pour ne pas se perdre en route. Si quelques webzines ont cru bon de comparer ce troisième effort à KREATOR, je tiens à souligner que la finesse dont fait preuve SPITFIRE n’a que très rarement été coutumière à Mille et ses hordes. Non, le Thrash des allemands se veut plus américain que la moyenne outre-Rhin, entre LAAZ ROCKIT, TESTAMENT, OVERKILL, et une petite louche de produits maison, ASSASSIN, HOLY MOSES et j’en passe.
Tout est dans le dosage et celui proposé par Trinity est presque parfait. J’emploie le terme puisque deux parties sont clairement distinctes, la première échevelée, la seconde plus entraînante et posée, avec en exergue le sympathique et souriant « The Endless Run », mid endiablé qui nous donne l’occasion de tester notre technique à mosher. La sensation n’est pas désagréable, et la bonne humeur n’est pas faute de goût, puisque « Trinity » et « Bending Reality » assurent le service après-vente féroce et véloce. On ne peut pas constamment foncer tête baissée, chose qu’ont très bien comprise les allemands, qui ont opté pour une progression personnelle, se rapprochant parfois de la magie d’EXODUS en pleine possession de ses moyens.
Les riffs sont classiques, la rythmique capable avec un son très Ventor des années 80 sur les toms, l’importance de DESTRUCTION impossible à remettre en cause, pour un festival Speed/Thrash de première bourre. A l’image des nouveaux acteurs de la scène apparus ces dix/quinze dernières années, SPITFIRE se place dans l’ombre des géants, leur empruntant quelques astuces, mais développant des qualités propres.
Une petite touche de WARBRINGER, une fragrance WARFECT, et vogue la non-galère sur les eaux remontées du Styx Thrash. Les méthodes d’usage fonctionnent d’autant plus que la production se veut claire et millimétrée. Sans perdre en sauvagerie, les allemands ont appris à contrôler leur colère pour la distiller avec plus de pertinence, ce qui nous donne un joli entre-deux Allemagne/USA.
« Downfall Of Existence » reste le point d’entrée le plus caractéristique de cette livraison, avec son alternance permanente entre Mid et up tempo, Thunder Manne s’en donnant à cœur joie sur sa grosse caisse avant de nous faire trépigner d’un coup de pied clair et net. « Mankind Into Dust » nous les bouffe à la même sauce, tartare mais juteuse, et le temps passe rapidement en bonne compagnie.
Ni album de l’année, ni révélation incontestée, Trinity est une réussite humble, vers laquelle on retourne lors des périodes de disette de l’actualité. SPITFIRE reste donc ce groupe d’honnêtes artisans qui ne cherchent pas à se faire passer pour des leaders industriels. L’avion vole donc sans problème ni trou d’air, par un ciel légèrement ombrageux, pour bombarder la lande en toute sérénité.
Titres de l’album :
01. Destroyer Of Worlds
02. Trinity
03. Bending Reality
04. Downfall Of Existence
05. Crystal Collapse
06. Pointless Ways
07. Creations Of God
08. The Endless Run
09. Mankind Into Dust
10. Death To All…
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29/04/2025, 02:27
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29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
28/04/2025, 19:40
@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
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