J’avais le choix ce matin. Le choix entre un groupe de Power Metal suédois et un groupe de Metal Symphonique suédois. Et j’ai fait le choix le moins raisonnable qui soit en optant pour le Symphonique, genre que j’abhorre par-dessus tout. Mais comme il faut bien expérimenter de temps en temps, je me suis dit qu’affronter une de mes Némésis ne pouvait pas me faire de mal. Et j’ignore si les Dieux ont approuvé ma décision, mais je dois reconnaitre qu’entre le formalisme Power des premiers et l’audace des seconds, l’hésitation n’était pas de mise. Car malgré leur insistance à définir leur musique par des adjectifs pompeux et rattachés au bestiaire insupportable du Metal Symphonique, les suédois de LAMASHTU sont tout sauf un septet classique aux clichés enracinés dans l’opéra de pacotille. D’ailleurs leur musique n’a pas grand-chose à voir avec les références les plus douloureuses du genre, les NIGHTWISH, LEAVE’S EYES, DELAIN, WITHIN TEMPTATION et autres tragédiens de Prisunic avec leurs colliers en stuc et leurs harmonies vocales à faire vomir les BEACH BOYS. Dans les faits, la philosophie de LAMASHTU se rapprocherait même d’un Doom progressif très emphatique, mais échappant une fois encore à tous les pièges semés sur le chemin du genre, cette lourdeur comme excuse, ce monolithisme en échappatoire. Et ce troisième album divisé en sept tomes vient prouver à point nommé que les suédois ne font décidément rien comme les autres.
Les sept musiciens du groupe se présentent comme autant de divinités, et c’est ainsi que nous retrouvons au line-up Lamashtu (celle qui extermine) au chant, Azura (celui qui donne) à la guitare et au chant, Paimon (celui qui sait) à la batterie, Pazuzu (celui qui déclenche le chaos) aux claviers, Asmodeus (celui qui provoque la confusion) à la guitare, Avarshina (celui qui rayonne) au chant, et Kyria (deux divinités confondues) au chant. Une façon de placer son art sous une égide assez traditionnelle et formelle, mais qui permet toutes les dérives créatives, et qui agrémente le récit d’une patine mythique. Les costumes sont travaillés, l’image est prépondérante, mais la musique suit, ce qui permet de ne pas simplement assister à un barnum coloré dénué de toute substance. Et si ce décorum vous rebute, faites-en abstraction au moment d’écouter le troisième album de la bande, sobrement baptisé Tro (trois), qui en moins de cinquante minutes vous emporte dans un voyage lancinant aux mélodies étirées et aux lignes de chant presque Folk, toutes d’ailleurs interprétée dans une langue natale. Ajoutez à ça des arrangements étranges, nous enfonçant dans les limbes de la création, des guitares en prétexte qui tissent un canevas en arrière-plan, une rythmique lourde et processionnelle, et vous obtenez un mélange étrange entre Doom moderne et Symphonique personnel, ce qui rend ce troisième chapitre encore plus fascinant et envoutant.
Comme les vampires, il faut laisser les LAMASHTU entrer dans votre monde pour que leurs pouvoirs soient efficaces. Il fait accepter leur vision des choses, aimer un minimum les ingrédients employés pour ne pas craquer face à la longueur des morceaux joués. Mais comme une musique sortant de nulle part pour annoncer une nouvelle ère, Tro agit à plusieurs niveaux, et ne s’appréhende pas comme une œuvre lambda. Financé grâce à des plateformes participatives, cette nouvelle épitre fait la part belle aux humeurs, aux différentes nuances monochromes, et synthétise parfois tous les courants modernes d’un Metal décomplexé et affranchi de toute contrainte. Ainsi, « ITU I - Som ett Djur », multiplie les cassures et les breaks, avance à son rythme, impose le chant comme seul mode d’expression viable, et laisse planer au lointain des couche vocales évanescentes, telles de sirènes nous attirant vers les récifs. Il est dangereux donc de se laisser aller aux harmonies de LAMASHTU, qui sait nous entrainer du côté obscur de son monde, mais il est très plaisant de découvrir une musique riche et pleine qui évite tous les poncifs en vogue depuis trop longtemps. Mais ce qui plaît le plus dans cette audace est cette manière d’avoir placé dès la première partie de l’album les morceaux les plus longs et pleins, avec près de dix-sept minutes pour deux qui ne forment pas un diptyque évident.
En suivant la logique de l’album, on prend acte des trois parties qui divisent ce troisième album, et la symétrie est donc parfaite. Ce qui ne veut absolument pas dire que chaque division de cette double trilogie soit mené par une atmosphère spéciale, puisque « ITU II - Som ett Avskräde » s’éloigne de la lancinance pour se rapprocher d’un Metal plus classique, empreint d’OPETH des premières années, le côté Death Metal en moins évidemment. Certains auront du mal à accrocher au chant principal, trop stable et sans doute un peu rugueux (le suédois n’étant pas la langue la plus fluide d’Europe), mais Lamashtu a le mérite de nous épargner les sempiternelles complaintes larmoyantes des Castafiore inquiètes de savoir leurs bijoux à la vue de tous. Les soli sont épars et classiques, la mise en place sobre, mais il émane quelque chose de magique de ces chansons qui sont autant d’histoires racontées aux croyants.
Ne jouant pas la longueur en tant que telle, les suédois parviennent toujours à dévier de leur trajectoire sans changer de cap et trahir leur plan de navigation. Ainsi, « TRO I - För Evigt » reste intimiste et fragile, mais ose la délicatesse de l’acoustique sans perdre en force d’impact. Il est d’ailleurs assez objectif d’affirmer que le groupe se montre plus convaincant et à l’aise lorsqu’il s’éloigne des postures Metal pour se plonger dans les légendes de la Folk nordique (« TRO II - Ett Vingslag », et son intro vraiment prenante), la production et le mixage étouffant les guitares et les castrant. Ceci dit, au vu du classicisme des riffs employés, on ne regrette pas vraiment ce parti-pris de chant très en avant, même si on regrette que le travail sur les voix principales n’ait pas été plus fouillé.
Mais loin des artifices qu’on peut reprocher aux groupes les plus englués dans une mythologie de pacotille, LAMASHTU joue simplement et honnêtement sa carte, trouvant un juste milieu entre la musique médiévale suédoise et un Metal générique, mais à l’écoute de Tro, on ne peut que déplorer que le septet n’ait pas osé aller jusqu’au bout, en nous offrant un album totalement dénué de distorsion et de clichés métalliques un peu trop tièdes.
Titres de l’album:
01. EN I - Allting Återkommer
02. EN II - Förening/Vi är en
03. ITU I - Som ett Djur
04. ITU II - Som ett Avskräde
05. TRO I - För Evigt
06. TRO II - Ett Vingslag
07. TRO III - Skapar Tårar
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