Alors que je devisais tranquillement avec Patrick, tenancier du PMU du quartier, une idée m’est venue. Et si Julien de BENIGHTED se prenait pour Glen Benton et allait proposer ses se(r)vices à CANNIBAL CORPSE ? Patrick, très au fait de l’actualité Death, me regarda alors avec une solennité qui ne lui était guère coutumière. « Pourquoi Julien irait se fourvoyer dans un concept aussi foireux, alors que son groupe explose tout en Europe ? ». Interrogation tout à fait légitime, mais qui n’entamait en rien mon enthousiasme imaginatif. Alors, entre le premier ballon et le dernier galon, l’expérience m’apparut soudain terriblement tentante. Et l’actualité allait confirmer mes fantasmes avec le deuxième album d’un trio transalpin qui ne siffle pas que du vin.
Mario Musumeci (chant), Giorgio Trombino (guitare/basse) et Paul Bicipitus (batterie), déjà auréolés d’un initial Homo Homini Brutus plutôt secoué, nous reviennent donc avec beaucoup de réponses, à peu de questions. Affolés par l’efficacité d’un Brutal Death technique et mélodique, les trois hommes ont jeté leurs forces dans la bataille, pour accoucher d’un postulat définitif à faire trembler les salles du monde entier. Avec une bordée d’influences que tout le monde reconnaîtra à la volée, BECERUS remonte le temps jusqu’au néolithique, et s’intéresse de près à ces peuples devenus sédentaires, et de fait, devant profiter des cavités naturelles pour se mouler un habitat digne de ce nom. A l’époque, on grognait beaucoup, on chassait, et on apprenait la vie en collectivité, ce qui n’avait pas que des avantages. Enfin, si j’en crois la déflagration ultime qu’est Troglodyte, puisque je n’étais pas encore né.
Le seul but du groupe est de jouer la musique la plus vile et décérébrée, tout en vénérant la figure grossière et dégoûtante du puissant Becer, une créature répugnante et hostile dont les muscles, les cheveux sales et le ventre effraient immédiatement quiconque le croise. BECERUS pratique un Death Metal brutal et létal, et si BROKEN HOPE, MONSTROSITY, CANNIBAL CORPSE et BAPHOMET sont votre truc, alors vous vous sentirez à l’aise avec ces hommes des cavernes.
Ce petit paragraphe qui tient lieu de biographie sur le Bandcamp du groupe est sans conteste la description la plus honnête d’un trio qui beugle, qui blaste, qui riffe et qui ectoplasme sans arrière-pensée autre que de détruire toute forme d’intelligence. Il convient donc de se laisser aller à ses travers les plus bestiaux pour apprécier le machin, qui n’est pas dénué de finesse pour autant. Incroyablement précis, méchamment agressif, teigneux comme un député pris la main dans la culotte de sa secrétaire, BECERUS est une sorte de néo-CANNIBAL CORPSE, se souvenant de ses racines et de son influence sur la scène américaine.
Troglodyte est certes primitif, mais avec des notions poussées de communication et de langage. Ce qui n’est pas évident à constater en s’écroulant sur « Pathetic Bovine Humour », qui s’ingénie à retranscrire le processus de digestion d’un pauvre bœuf qui n’a rien demandé. Des borborygmes donc, des onomatopées surement, du yaourt pourquoi pas, en hommage à OBITUARY, mais surtout, une guitare bavarde et omniprésente, dont les arguments solides renforcent l’impact de morceaux qui sont tout sauf des blagues de débutant. Secouant son médiator comme son chibre, élaborant des soli avec écart de vibrato et mélodie prononcée, Giorgio Trombino se pose en guitar-hero de l’extrême, la gâchette facile, et les libertés tactiles.
Si l’ensemble n’est pas aussi jusque boutiste qu’il prétend l’être, Troglodyte n’en est pas moins aussi bourrin qu’une algarade entre deux primaires qui se battent pour un bout de terrain. Rongeant son os comme un affamé oublié par sa tribu dans les plus si verts pâturages, BECERUS avance le bide en avant, et les tripes à l’avenant. On prend clairement son pied en dégustant ces beignes bien salées, et le title-track mérite à lui seul l’écoute de ce barouf. Avec ses changements de rythme incessants, ses parties hystériques et sa lourdeur de circonstance, « Troglodyte » est l’apogée d’une méthode de destruction massive, par martèlement des tympans.
« Progressive Mental Retardation » est une autre illustration de la démence de ces individus, qui nous pondent un hymne fast and furious à faire dégobiller un boucher de métier. Le phrasé impossible de Mario Musumeci singe les rappeurs les plus frappeurs, et ses bruits de gorge permettent d’arranger l’instrumental sur le coin d’une table.
Exubérant et sans complexe, ce deuxième album est totalement imperfectible dans son style. Aussi fou qu’il n’est logique, Troglodyte sait où tu habites et où tu trempes ta plume, et n’hésite pas à se soulager sur ton paillasson en pierre taillée.
Mais comme le disent ces italiens, « Grunt ’em All ».
Leur devise est simple : brûlez vos diplômes et rejoignez les Troglodytes. Pour Patrick et moi, l’affaire est pliée. Cent euros misés sur Bananier Blindé, et une villégiature entre la roche et les cloches.
Titres de l’album:
01. Intro – Rise of the Energumens
02. Obfuscated by Imbecility
03. Aggressive Illiterate
04. Primordial Instinct
05. Bestius
06. Cacato
07. Pathetic Bovine Humour
08. Troglodyte
09. Brosura
10. Progressive Mental Retardation
11. Serpicus Ebbeth Macagno
12. Fat Laughters in Absolute Degradation
13. Grunt ’em All
Je veux bien que la société polonaise soit différente, mais ses provocations à deux balles passent pour du Manson 20 ans trop tard, c'est tellement commun..
10/04/2025, 16:41
Juste une remarque, je suis pas au courant des lois françaises, si j'ai outrepassé mes droits vous pouvez virer ce commentaire pas de soucis.
10/04/2025, 15:17
Cher Emptyrior, je suis juste homophobe, voilà tout. Il y a des gens comme ça que veux-tu. Mes excuses si tu es blessé par mes propos, j'espère que tu sauras t'en remettre.
10/04/2025, 15:04
@ DPD : Certaines personnes ne comprennent en effet pas ce qu'implique une guerre, et se permettent de faire tranquillement des commentaires dans leur canapé en mettant pays agresseur et pays agressé dos à dos. L'ignorance et la bêtise n'ont aucune limite(...)
09/04/2025, 23:31
Emptyrior, va donc écouter Taylor Swift si tu veux un safe space
09/04/2025, 05:02
"Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire" ha ha !Ce groove nihiliste encore. Le pied.
08/04/2025, 22:52
Perso j'ai de quoi faire pour me régaler avec cette affiche : Dark Angel, Enforcer, Benediction, Hexecutor (miam), Belenos, Houle, Suffo (what else ?), etc, sans parler de la scène stoner assez bien représentée cette année... Alors oui déj&agra(...)
08/04/2025, 22:45
@DPD Oui, je suis d'accord, j'ai du mal avec le flicage de tout un chacun pour ses goûts artistiques. Le Metal se nourrit du soufre et de la provocation, il ne doit pas devenir bourgeois compatible. En revanche les remarques homophobes, du genre ''particulièrement(...)
08/04/2025, 20:01
Excellente chronique que je me suis empressé de partager. Je te conseille tout de même de te plonger dans les albums sortis depuis 2015 (en débutant donc par Hammer of The Witches). Tu remarqueras certainement que le groupe est véritablement sur une tr&egrav(...)
07/04/2025, 22:35
Juste regardé la dernière, il s'agit de la fameuse grotte aux cristaux géants (qui ne peut hélas être visitée..).
07/04/2025, 13:00
1 - Géorgie (le pays, pas l'état US)2 - Lozère3 - Kentucky4 - Belize5 - Belize6 - Mexique (état de Chihuahua)Voila voila. Une chasse au trésor ?
07/04/2025, 09:53
Et évidemment que les élections sont suspendues en temps de guerre, ça me semble logique.Genre il va organiser des élections avec une partie du territoire sous occupations lol, il y a plus urgent.
06/04/2025, 23:07
Mouais défendre l'impérialisme russe, aucun pays qui en était occupé ne regrette ce temps.et les arguments types les accords des minsk LOL, genre la Russie en a quelque chose à foutre de ces traités.Je sais pas ça fait vraiment r&ec(...)
06/04/2025, 23:02