Nous sommes actuellement en vacances d’été (oui, la publication des chroniques à méchamment de l’avance…), mais si je vous proposais un gros trip canadien en camping-car en compagnie de quatre dudes qui connaissent aussi bien leur région que le Hard-Rock des seventies ? Le truc vous tente ? Je peux comprendre, la liberté devient chère de nos jours, et ces quatre-là s’y entendent comme personne pour vous proposer un périple pas cher en bonne compagnie, avec un autoradio qui diffuse la meilleure musique qui soit. Les FREEWAYS sont donc originaires de Brampton, dans l’Ontario, sont signés sur une maison de disques nationale (Temple Of Mystery), et n’ont cure des modes en vogue de nos jours, exceptées celles qui font référence à un passé plus ou moins lointain. Alerté par un premier EP/démo en 2017, l’underground a commencé à s’agiter (l’objet en question fut vite sold-out, même après plusieurs rééditions), et trépide aujourd’hui de la parution d’un premier longue-durée aussi enthousiasmant que nostalgique. Certes, j’en conviens, la pochette de True Bearings pourrait aiguiller sur la piste d’un Stoner nordique et hivernal. Mais c’est pourtant du côté de la NWOBHM qu’il faut chercher l’inspiration des canadiens qui sont d’ailleurs aussi Rock qu’ils ne sont Heavy Metal qu’ils ne sont Hard-Rock. Rien de nouveau sous les pneus neige donc, mais pas mal de passion et de savoir-faire, et une sympathie énorme qui émerge de ces chansons simples aux mélodies prononcées, qui puisent leur inspiration dans le répertoire des gloires d’antan. NWOBHM donc, puisque le son rond l’indique, mais pas seulement, et les clins d’œil à BLUE OYSTER CULT, THIN LIZZY et UFO sont nombreux, tout comme les analogies à CAULDRON ou HAUNT.
Du classique renouvelé donc, pour une petite demi-heure de détente assurée. Les FREEWAYS n’ont pas l’intention ni les ambitions pour révolutionner un Hard-Rock simple mais joué avec sincérité et des tripes bien solides, et ce premier LP de son charme légèrement suranné nous convainc de ses chansons plutôt longues, mais bien amenées. Les riffs sont directs, le chant un peu fluet, les arrangements très discrets, et le tout donne le sentiment d’avoir été capté live en studio. Des méthodes à l’ancienne donc, pour un résultat contemporain de sa nostalgie, et une bordée de faux classiques qu’on écouterait bien sur la route menant à une vieille station de ski existant depuis les années 60. Basse ronde et volubile, guitares à la tierce dans la grande tradition du LIZZY, mélodies qui accrochent immédiatement l’oreille, et sensation parfois d’une improvisation naturelle qui est la marque des musiciens les plus attachés aux valeurs traditionnelles. Un genre de soleil qui se lève sur la blancheur canadienne et qui donne la force d’affronter une nouvelle journée avec le sourire, sensation qui saute aux oreilles dès les premières notes de l’excellent « Dead Air ». Alors, OK, on connaît (très bien) la recette, on la subit à longueur de chroniques, mais la spontanéité des canadiens à quelque chose d’hypnotique, comme une soirée passée au coin d’une cheminée, avec les potes qui sortent les guitares pour reprendre des classiques du Rock.
Le son, parfait et souple, assure la caution passéiste, mais n’en fait pas trop et n’empeste pas les amplis Orange sortis de leur placard. La frappe de caisse claire à cette souplesse des enregistrements de l’orée des années 80, et si les FREEWAYS piochent plus facilement chez les MAMA’S BOYS que chez IRON MAIDEN, leur agressivité cool n’est pas à remettre en cause, et l’écoute de True Bearings n’en est que plus souple et tranquille. Mais ne vous y trompez pas, ces mecs-là ne sont pas des babos reconvertis à la cause Hard-Rock par hasard, ils connaissent leur sujet, et lorsque la distorsion s’accentue, le volume en fait de même et atteint les sommets autrefois foulés par Phil L et sa bande. Duels en solo, batteur qui module quand il le faut, chant un peu adolescent, dégaines de montagnards en piste, mais chansons qui vendent la peau de l’ours après l’avoir tué, et qui parfois jouent la syncope en toute tranquillité (« Battered & Bruised »). C’est excellent dans le fond et irréprochable dans la forme, ça ne dévie pas de la route suivie par les combos enracinés dans leur influences passées, mais ça trace sans se poser de question inutile, et ça joue carré mais rond, complet mais ouvert, tranquille mais ferme.
Le quatuor (Jacob Montgomery - chant, guitare, Domenic Innocente - guitare, Amar Amrith - basse et Sebastian Alcamo - batterie) a même la politesse de ne pas nous prendre pour des bleus, en proposant des morceaux variés qui font plus ou moins monter la pression sans se départir de cette bonne humeur mélodique générale. On comprend assez vite le principe dès les premières mesures de « Eternal Light, Eternal Night » qui de son chant posé et un peu nonchalant nous accueille avec un riff catchy en diable et un mid tempo qui cogne. On se dit alors que le chemin est bien foulé dans la poudreuse, mais « Sorrow (Love In Vain) » offre un chaloupé bienvenu qui s’adapte aux caprices d’une route pas trop régulière, alors que « True Bearings » calme un peu le jeu, mélodise à outrance, et se pose un peu histoire de manger un bout. Et de fil en aiguille et de pneu neige en réchaud à gaz, on se laisse prendre à cette atmosphère paisible mais Rock, comme si nous connaissions ces mecs depuis longtemps alors qu’ils nous ont pris en stop il y a quelques heures. Sortez donc les anoraks et les peaux tannées, fumez une clope, buvez un coup, et partez en virée avec les canadiens, qui de temps en temps, vous raconteront des histoires bluesy un peu plus longues que la moyenne (« Time Is No Excuse ») , et qui vous emmèneront au bout du voyage et au bout d’une nuit qui finira par s’éclairer d’un jour aveuglant mais apaisant. Belle réussite que ce premier road-trip en RV qui donne envie de faire son sac, et de n’y mettre que le minimum. Les FREEWAYS fournissent l’indispensable et la chaleur humaine, pas de soucis à vous faire.
Titres de l’album:
01. Eternal Light, Eternal Night
02. Sorrow (Love In Vain)
03. True Bearings
04. Dead Air
05. Battered & Bruised
06. Time Is No Excuse
07. Just Survival
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11