Bon, je ne veux pas jouer les cèpes, mais j’ai quand même du mal avec ce concept. Pourtant j’en ai encaissé depuis les années 80. Tout avait plus ou moins commencé avec les STRYPER dans les eighties (bien qu’ANGEL soit passé par là dans les seventies…), et d’autres qui leur avaient emboité le pas dans un style similaire, mais je ne voyais pas en quoi une foi chrétienne serait incompatible avec la pratique d’un Hard-Rock somme toute assez formel. Puis les thrasheurs sont arrivés, les LIVING SACRIFICE, DELIVRANCE, BELIEVER, et les choses ont commencé à devenir très sérieuses. Oui, il existait donc une scène chrétienne qui s’adonnait aux joies d’une musique fortement amplifiée, ce qui quelque part, était révélateur d’une ouverture d’esprit certaine, de la part des musiciens et du public. Et je m’en réjouissais.
Là où le bât blesse, c’est lorsqu’on aborde le cas plutôt étrange du Christian Black Metal. Comme je le disais, je n’ai rien contre la tolérance, mais les fondements même de ce style se basant autant sur l’imagerie, l’iconographie, la philosophie et les convictions humanistes/religieuses, je trouve assez bizarre et incongru de les détourner pour louer le Seigneur, surtout lorsqu’il porte barbe et toge blanche, et qu’il n’est ni cornu, ni lubrique…Vous me répondrez, peut-être à juste titre, que seule la musique compte, mais dans le cas du Black Metal, rien n’est plus inexact. Nous parlons là d’une globalité, et d’une conception artistique fondée sur des convictions misanthropiques, nihilistes, ou satanistes (sans aller jusqu’à évoquer des accointances encore moins recommandables du côté du NSBM), qui s’accordent selon moi assez mal avec des convictions religieuses pratiquantes et…chrétiennes ?
Dès lors, que faire…Occulter (sic) cette réalisation sous prétexte que son orientation spirituelle va à l’encontre des préceptes basiques ? Je trouve ça dommage, et finalement, je n’aborderai pas le contenu religieux de cette sortie, me bornant à parler de la musique en tant que telle, sans contrainte de genre…
ORATIONEM (prononcez Oh-Ray-Shun-Em) est donc un projet né en 2015, et qui depuis n’a pas chômé en termes de production. Le groupe est mené de front et d’instruments par Thomas Eversole, impliqué en parallèle dans d’autres projets comme GRIM, AKRYAL, HGUOLS ou ANKOU AWAITS (joli nom ma foi). D’abord, embrumé d’un anonymat que les aficionados du BM affectionnent tout particulièrement, ce one-man-band a fini par laisser tomber l’écran de fumée pour révéler l’identité de son principal meneur, et nous proposer de fait une jolie collection d’albums, qui avec l’apport de ce Trve Holy Black Metal, se portent au nombre de cinq. Evident clin d’œil au True Unholy Black Metal des DARKTHRONE et consorts, ce cinquième LP d’ORATIONEM se place dans une tradition de BM issu des années 90, dont il emprunte beaucoup de codes, à commencer par cette production un peu chaotique, symptomatique des efforts de l’époque. On y retrouve la crudité des motifs, la violence des interventions vocales, la sècheresse de ton, mais aussi cette alternance entre tempi supersoniques et écrasements rythmiques qui constituaient la base de cette musique revêche et extrême. Pas de grosse surprise à attendre d’un tel album, puisque tout est dit ou presque dès son titre, et en laissant de côté l’absurde d’un leitmotiv comme « True Holy Black Metal », on se prend à apprécier la violence qui en émane comme si elle provenait des enfers et non d’un quelconque paradis imaginaire…
Et avec six titres pour quarante minutes de musique, l’auteur/compositeur/interprète ne nous a pas lésés sur la quantité. La qualité ? Plutôt bonne, pour une approche très intense, qui dès l’épique « MY Lord IS Still Here » prend ses marques sans traîner. Son compact, tassé, avec un amalgame de fréquences qui fait parfois vriller les tympans, mais qui s’accorde très bien de la recherche d’ambiance souhaitée. Le musicien est capable, et tisse des atmosphères bien sombres, non dénuées de mélodies très marquées, qui rapprochent parfois le projet d’un EMPEROR en version plus brouillonne et moins grandiloquente. Si l’on croit noter quelques fluctuations dans la production, cette constatation ne fait qu’ajouter à l’aura mystique du développement, qui prend quand même le temps de proposer des choses différentes, et surtout, des morceaux diablement (pardon…) accrocheurs, à l’image de « Christ Fill My Heart », qui use de syncopes tout à fait délicieuses et tombant à point nommé pour garder l’intérêt de l’auditeur éveillé. Difficile de ne pas se prendre au jeu, et de se dire qu’avec de telles prières, certaines églises se verraient fréquentées avec beaucoup plus de ferveur par la jeunesse perdue. Car évidemment, les lyrics sont tous adressés directement au divin, sous forme de prières, d’emprunts au livre sacré et autres dévotions spontanées, ce qui ne gâche en rien l’efficacité d’une musique qui peut s’apprécier sans que le décorum ne représente une gêne.
Ce cinquième témoignage ne déroge visiblement pas aux règles établies par les précédents, qui gardent tous cette ligne conductrice très raw, sans pour autant viser le minimalisme le plus soporifique. Ici, c’est la puissance qui domine, même si le son abrasif nous permet de rattacher le projet aux origines. Alors, les blasts succédant aux parties plus posées, les riffs s’avérant parfois difficilement discernables, et la folie ambiante aidant, on se retrouve pris dans un tourbillon de violence blanche, parfaitement symbolisée par « Trve Holy Black Metal », qui tourbillonne comme une manifestation de colère divine venant sanctionner les pécheurs. On pense aussi à intervalles réguliers à une mouture plus épaisse d’un IMMORTAL des débuts, même si le spectre de MARDUK assombrit aussi des lignes de chant vraiment convaincantes. En prenant parti pour une longueur d’idées non balisée, l’auteur a pris le risque de se répéter, et de tourner en rond, mais il s’arrange toujours pour trouver une nouvelle idée porteuse, qui catapulte la véhémence de sa musique dans une nouvelle dimension, aussi prenante que la précédente. Ainsi, « The Forgiver » ménage des instants d’écrasement pur, avec des arrangements massifs qui nous prennent au dépourvu, avant qu’un souffle rauque à la Battles In The North ne vienne nous ébouriffer les oreilles déjà salement encrassées…
Thomas ne cherche ni l’économie ni l’épate, et se contente d’arrangements minimums pour instaurer un climat prenant, en témoigne la très courte intro du final « I Reject Evil », qui débouche sur un déferlement de haine musicale assez intense…
Finalement, la prise de position en cette manifestation de foi sincère ne gêne aucunement l’écoute d’un album foncièrement classique, qui se nourrit d’influences éprouvées pour tailler sa route vers la lumière. Dès lors, les puristes rejetteront avec mépris, tandis que les plus tolérants pourront apprécier une solide démonstration de brutalité qui sans bousculer les codes, les détourne avec une certaine intelligence.
Titres de l'album:
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11