Il y a deux choses qui me gonflent plus que tout. Le politiquement correct et la hype. Le premier, parce qu’il n’est qu’un vernis qu’on applique sur des opinions borderline pour en cacher le propos contestable. Mais même en supprimant des entrées du lexique, et aussi consensuel puisse-t-il devenir, un propos limite sera toujours limite, et les racistes, misogynes, complotistes et autres réactionnaires le seront toujours. Alors, si c’est pour cacher la poussière sous le tapis, je ne vois pas l’intérêt de la démarche. La hype est un autre problème, mais tout aussi gênant.
La hype, c’est cette excitation qui traverse les médias lorsqu’un phénomène ou épiphénomène émerge de nulle part. Au début était la méconnaissance, qui se transforme vite en sur-connaissance, le dit phénomène squattant les unes et les manchettes comme un candidat en campagne. Mais cette foutue hype fausse tout. On attend, on attend, on se jette dessus au bon moment, et elle est déjà partie. Elle ne se justifie pas toujours, et ressemble même parfois à une habile campagne de marketing, nouée par un label ou des studios en manque de gossip.
Et en termes de ragots, de commentaires et autres louanges, SPIRITBOX a eu son compte.
Je concède qu’Eternal Blue a fait son petit effet. Bien que méchamment réfractaire au Metalcore, j’ai cru y deviner un autre avenir pour le genre qu’une impasse sombre que plus personne n’emprunte. Une façon de traiter l’information moins facilement, des ambitions laissant présager d’une mutation, mais une réelle envie de repousser les limites sans vraiment dénaturer le genre. Le line-up avait de quoi attirer, il est vrai. Avec deux IWRESTLEDABEARONCE au casting, l’écume rongeait les lèvres de son sel, Courtney LaPlante et Michael Stringer jouant le rôle d’appâts pour journalistes en manque de scoop. Sans vraiment porter aux nues une formule efficace mais encore un peu brouillonne, je m’étais intéressé à ce cas d’école, sans vraiment en attendre une quelconque épiphanie. Mais lorsque les rumeurs de sortie d’un deuxième album ont commencé à affluer et refluer comme la marée, je me suis senti coincé dans une situation qui me mettait mal à l’aise.
Je me suis senti obligé non seulement de chroniquer l’album en question, mais aussi d’en dire du bien pour respecter l’avis du plus grand dénominateur commun. Avant même d’en avoir entendu la moindre note, Tsunami Sea devait être l’album du mois, voire de l’année, parce que la plèbe en avait décidé ainsi. De révélation, le groupe se transformait en évènement mondial, et je déteste être mis face au fait accompli. Pourtant, je suis là aujourd’hui, le clavier surchauffé, et le propos objectif. Comme quoi, une obligation contractuelle peut se transformer en réel désir.
Jouons l’honnêteté. Ce deuxième album est très bon, et permet à Courtney LaPlante d’expliquer poétiquement pourquoi elle se bat contre la dépression, un sujet qui me concerne au plus haut point. Point de focalisation inévitable du groupe, la chanteuse livre là une performance hallucinante de vérité et d’impudeur, confiant ses traumas les plus profonds à la symbolique maritime, entre vagues de désespoir et marée nostalgique. Utilisant toute la palette émotionnelle de sa voix, Courtney transcende un instrumental pour le moins classique, porté sur les performances individuelles, la précision brutale et les syncopes caractéristiques du Metalcore depuis son émergence. Cet instrumental justement est bricolé de façon très professionnelle par un trio qui s’y entend comme personne pour faire cohabiter la violence et l’apaisement.
Les titres, ficelés comme des rôtis sont allusifs à tous les sous-courants d’un genre générique au possible, et traversent l’imaginaire comme autant de vignettes ou de planches d’une BD sombre et poisseuse. Alors mettons les choses au point dès maintenant. SPIRITBOX n’est certainement pas le messie Metal que beaucoup ont cru reconnaître, mais juste un groupe très talentueux qui connaît tous les codes de sa profession et les détourne avec une inventivité appréciable.
Entre BRING ME THE HORIZON, Devin TOWNSEND, KORN et SLEEP TOKEN, Tsunami Sea joue sur les émotions contraires, et se montre d’une franchise exemplaire. Pas de tic de langage crispant, pas de linéarité trop prononcée ni d’ouverture exagérée. Juste un discours honnête, des sentiments sincères, et une capacité à aller au-delà des vagues pour voir si l’océan brûle toujours. On signalera pour l’occasion la portée incroyable de « A Haven With Two Faces », sur lequel Courtney se crame la gorge en mode screaming queen, et « Fata Morgana » pour son côté « je te happe sans attendre ». Le reste regorge aussi de petits détails importants, et même les morceaux les plus évidents ont quelque chose à dire.
Sous la surface rude et grave, se cachent des fêlures, des blessures, formidablement mises en relief par le jeu millimétré de Zev Rosenberg. Le batteur en donne plus qu’il n’en faut pour mériter un fauteuil confortable, laissant à l’électronique de Michael Stringer la place dont elle a besoin. Ce dernier est d’ailleurs omniprésent, sur chaque plan, sur chaque césure, sur chaque cassure, dominant les débats avec une classe internationale.
Pour autant, la hype doit-elle être confirmée sans retenue ?
Non.
Car aussi inventif et culotté soit ce deuxième disque, il n’en reste pas moins prisonnier d’habitudes développées ces dix dernières années. Cette obligation de muter, de mélanger les nuances à la façon d’une POPPY ou d’un SCARLET, d’atteindre un niveau de qualité égal aux supergroupes de la trempe de KILLER BE KILLED, au point de tenir plus de l’Electro-quelque chose que du Metal à proprement parler.
Agréable, oui. Plaisant aussi. Mais loin d’être aussi révolutionnaire que la hype voudrait-nous le faire croire. D’où cette problématique qui me ronge. La hype, le buzz, la mode. Autant de termes qui me donnent des boutons que SPIRITBOX ne fait pas tous disparaitre. Entre acné mental et acmé Metal.
Titres de l’album:
01. Fata Morgana
02. Black Rainbow
03. Perfect Soul
04. Keep Sweet
05. Soft Spine
06. Tsunami Sea
07. A Haven With Two Faces
08. No Loss, No Love
09. Crystal Roses
10. Ride The Wave
11. Deep End
La différence de style n'est pas surprenante, ils n'ont jamais refait le même album. Mais ça rend mou, fatigué, sans inspiration... et décevant après une si longue attente. Espérons que le reste soit meilleur.
13/04/2025, 12:10
@DPD je suis d'accord avec toi et c'est vrai que dans le genre, Vektor est l'un des rares groupes à avoir proposé quelque chose de neuf. Pour ma part, je rajoute également Power Trip qui, même s'il ne propose rien de foncièrement neuf, a un gr(...)
13/04/2025, 07:58
Arioch91, c'est juste que le thrash basique on a largement fait le tour, depuis une trentaine d'années en fait. Vektor avait remis un coup de boost dans la scène avec ses tendances progressives et autres, mais il semblerait que le mec était pas sympa dans sa vie pri(...)
13/04/2025, 02:02
Grosse déception pour ma part.C'est sûr que faire poireauter les fans après 34 ans, l'attente est forte et surtout, on attend LE truc qui va tout niquer.Mouais.Je passe sous silence la cover qui pue l'IA à plein nez.Qu'est(...)
12/04/2025, 18:53
Ouh que c'est bon ça !!! !!! !!!Un truc qui puise à mort dans les 90s !NECROMANTIA et BARATHRUM en tête... ... ...
11/04/2025, 09:36
Je veux bien que la société polonaise soit différente, mais ses provocations à deux balles passent pour du Manson 20 ans trop tard, c'est tellement commun..
10/04/2025, 16:41
Juste une remarque, je suis pas au courant des lois françaises, si j'ai outrepassé mes droits vous pouvez virer ce commentaire pas de soucis.
10/04/2025, 15:17
Cher Emptyrior, je suis juste homophobe, voilà tout. Il y a des gens comme ça que veux-tu. Mes excuses si tu es blessé par mes propos, j'espère que tu sauras t'en remettre.
10/04/2025, 15:04
@ DPD : Certaines personnes ne comprennent en effet pas ce qu'implique une guerre, et se permettent de faire tranquillement des commentaires dans leur canapé en mettant pays agresseur et pays agressé dos à dos. L'ignorance et la bêtise n'ont aucune limite(...)
09/04/2025, 23:31
Emptyrior, va donc écouter Taylor Swift si tu veux un safe space
09/04/2025, 05:02
"Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire" ha ha !Ce groove nihiliste encore. Le pied.
08/04/2025, 22:52
Perso j'ai de quoi faire pour me régaler avec cette affiche : Dark Angel, Enforcer, Benediction, Hexecutor (miam), Belenos, Houle, Suffo (what else ?), etc, sans parler de la scène stoner assez bien représentée cette année... Alors oui déj&agra(...)
08/04/2025, 22:45
@DPD Oui, je suis d'accord, j'ai du mal avec le flicage de tout un chacun pour ses goûts artistiques. Le Metal se nourrit du soufre et de la provocation, il ne doit pas devenir bourgeois compatible. En revanche les remarques homophobes, du genre ''particulièrement(...)
08/04/2025, 20:01