La Suède, du Metal épique et démonstratif, une vigie sur le flanc d’une montagne tenant d’une main une lanterne et de l’autre une hallebarde, tout ça sent l’Heroïc-Fantasy à plein nez, les dragons, les combats sanglants, et tous les clichés véhiculés par le True Metal allemand ou italien. Bingo, puisque l’histoire de ce concept album des TUNGSTEN parle en effet de tout ça et plus, et nous narre les aventures d’un voyageur du temps et de l’espace, qui se promène dans les couloirs des dimensions parallèles, l’épée à la main, et le refrain gouailleur en tête. TUNGSTEN nous avait déjà fait le coup l’année dernière avec son introductif We Will Rise qui annonçait en effet son évènement sur la planète terre, et sans remettre en cause les certitudes des fans d’un Power Metal souriant, avait fait son petit effet. Pour ceux n’aimant pas leur Metal souillé de mélodies pour grands enfants, je ne saurais que trop leur conseiller de ne pas débuter l’écoute de ce second chapitre aléatoirement par « Time », qui rappelle le HELLOWEEN un peu trop drivé par Michael Kiske, et qui de son refrain puéril fait légèrement peur à nos cartouchières. Heureusement pour nous, le quatuor suédois toujours composé de Mike Andersson (chant), Niklas Johansson (guitare), Kalle Johansson (basse, claviers) et Anders Johansson (batterie), sait aussi se montre plus dur et à l’aise dans son époque, malmenant une rythmique de façon synthétique, pour proposer une traduction du martial allemand en fluidité scandinave Folk (« Divided Generations »). Tundra sauve donc les meubles de sa variété, et nous offre un peu plus qu’un livre à écouter avec carillon en fin de face.
Le bassiste Kalle Johansson dévoile le concept de cette suite en ces termes :
« La diversité est toujours là, comme sur le premier album, mais cette fois-ci, et pour citer mon père qui aimait le déclarer dans les années 80 : le plus est le mieux ! Les textes de Tundra sont surtout focalisés sur le temps. On traite toujours de sujets plus terre à terre qui concerneront un peu tout le monde. Mais les paroles se basent aussi sur des fictions et les histoires mystérieuses de Volfram, l’homme sur la pochette, gardien du temps et de l’équilibre des choses, mais aussi un voyageur du temps, de l’espace et des différentes dimensions. Sur Tundra, il revient d’un monde passé, composé de châteaux, de fées et de chevaliers, vers un monde futuriste, une cité après sa chute, finissant au milieu de la Toundra gelée où personne ne peut survivre au climat. »
Mike Andersson, le chanteur, est quant à lui plus prosaïque :
« Nous avons hâte de sortir Tundra, un véritable album de Heavy mélodique! Nous sommes vraiment excités! Comme nous n’avons pas pu tourner pour promouvoir We Will Rise, nous sommes plus que prêts à prendre la route en 2021, d’ailleurs, nous avons été confirmés à l’affiche du Sabaton Open Air en août 2021 »
Nonobstant ces débordements euphoriques, autant admettre les choses : TUNGSTEN n’est pour le moment qu’un solide second rôle, pas encore tout à fait prêt à prendre les scènes d’assaut en tête d’affiche. Non que leur répertoire n’ait pas la qualité suffisante, ou que les musiciens n’aient pas les épaules, mais cette alternance entre niaiserie mélodique et cette rugosité rythmique et électronique est encore un peu trop hésitante pour vraiment convaincre. On sent que le groupe hésite encore à se jeter de plein pied dans un univers ou dans l’autre, en résulte un cruel déséquilibre dans sa musique qui oppose tradition lénifiante et mièvre et puissance de feu moderne. Certes, cette dualité colle de près à l’histoire de Volfram, qui trimballe son expérience de passé en présent et de présent en futur, mais musicalement, la dualité produit un décalage trop important, reléguant certaines compositions dans les coffres du patrimoine True Metal le moins précieux. Et si certains morceaux parviennent à rester entre les deux mondes (« King Of Shadows », malgré une mélodie vraiment trop cliché sur le refrain), si d’autres nous éblouissent de leur force de frappe (« Tundra » sombre et menaçant à souhait), d’autres au contraire restent bloqués dans une époque passée et révolue, jouant sur le côté jumpy de la rythmique pour imposer des thèmes battus et rebattus (« This Is War »).
Néanmoins, et nonobstant ces quelques remarques lucides mais déplaisantes pour les fans, Tundra sait aussi se montrer convaincant et persuasif. Entre Power Metal de tradition et Heavy Metal moderne, le groupe sait mettre en avant ses qualités, et spécialement ces riffs précis mis en relief par des arrangements vocaux en strates et par une batterie plus boogie que d’ordinaire (« Paranormal »). Les tubes sont donc là, l’énergie aussi, l’envie crève les oreilles, et « Lock And Load » d’entamer les débats sous les meilleurs auspices, avec toujours en exergue ce synthétisme qui est vraiment la trademark du groupe. Dommage que les mélodies ne suivent pas toujours et piochent dans les songbook des créateurs les plus formels, puisque le quatuor a vraiment les moyens de faire la différence.
Ceci dit, ce second LP s’écoute sans déplaisir, réserve de très bonne surprises comme ce Tanz Metal « Volfram's Song », ou ce final dantesque sur « Here Comes The Fall ». Un peu SAVATAGE meets SABATON chez les RAMMSTEIN, TUNGSTEN éclaire sa propre voie, mais devra la définir avec plus d’acuité à l’avenir. Puisque jusqu’à présent, on sent plus un groupe hésitant qu’un combo vraiment sûr de son fait. Espérons que les voyages dans le temps et l’espace ne leur grillent pas trop les neurones et que les suédois fassent le tri pour leur troisième chapitre, le plus crucial de tous.
Titres de l’album:
01. Lock And Load
02. Volfram's Song
03. Time
04. Divided Generations
05. King Of Shadows
06. Tundra
07. Paranormal
08. Life And The Ocean
09. I See Fury
10. This Is War
11. Here Comes The Fall
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04/03/2025, 12:25
Possible qu'ils tournent, étant donné que Bobby est devenu un meme depuis quelques jours....
04/03/2025, 10:50
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03/03/2025, 13:09
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03/03/2025, 10:45
Yep, c'était le war volume III de chez SOM. De mémoire les deux autres étaient ceux de Bloodthorn/And Oceans et Bethzaida/Anata. Un peu comme à la même époque le Thorns/Emperor mais c'était chez Moonfog :)
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Autant ils nous ont habitué à quelques pochettes bien merdiques, autant es deux dernières dont celle-ci sont magnifiques !
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Merci beaucoup pour ce compte-rendu sur le vif. Je reviendrai avec plaisir à Rochefort !
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24/02/2025, 13:31
Il y a un clin d'oeil à David Martin dans la chronique, on peut même aller jusqu'à "Enjoy The Violence" :-) les " vétérans" comprendront....
24/02/2025, 13:04