Un crabe géant qui sort de l’eau pour bouffer les villes, voilà qui n’est pas banal. Loin des sempiternels squelettes ou zombies de circonstance, la pochette de Turn of the Tide joue la carte de l’originalité, dans un joli noir et blanc bordélique. Voilà qui est très plaisant, et ce premier album cache d’autres surprises toutes aussi agréables les unes que les autres. Car lorsqu’on s’attaque à un énième longue-durée porté sur la nostalgie, on va généralement de déception en désillusion. Recyclage excessif, influences trop évidentes, et respect aveugle du cahier des charges floridien ou du manuel d’instruction suédois.
La France a toujours eu son mot à dire en termes de violence. Nous avons eu LOUDBLAST, MASSACRA, AGRESSOR, et plus récemment GOJIRA, ce qui a fait de notre beau pays l’un des représentants les plus respectés du circuit. Aujourd’hui, ce même circuit s’appuie sur la découverte d’un quintet breton, aux mines patibulaires et aux riffs carton. INFERN, sans « o » joue donc le petit nouveau de la classe, doué, humble, mais ferme sur ses positions.
Actif depuis 2019, mais ayant poussé ses premiers cris en 2021, INFERN est l’archétype du groupe qui sait faire parler la souffrance sans aller chercher à la dénaturer par des arrangements fumeux ou des idées osées. Son classicisme l’honore, et cette odeur de mort, présente sous les sillons de chaque effort fourni revêt ici un caractère moins évident, comme si la bande souhaitait s’affranchir des obligations old-school en vogue depuis quinze ans. Et même si certains tuteurs peuvent être identifiés sans vraiment beaucoup réfléchir, l’ensemble de l’œuvre se réclame d’une individualité notable, quelque part entre la scène française et son modèle US.
Dolorem Records s’est donc chargé du dossier, et le label français doit certainement se frotter les mains d’une telle décision. Car le point fort de cette formation est sa capacité à fournir des riffs qui en sont vraiment, de trouver un groove collant pour mieux nous engluer au sol, et de varier les atmosphères pour ne pas se cantonner à une visite guidée d’une vieille morgue ou d’un cimetière oublié.
« Undertow » est justement la mise au point la plus honnête et franche qui soit. Production claire et détaillée, composition aérée et détalée, intro simple mais bien troussée, ce premier réflexe indique que la bande (Sylvain Collas - basse/chœurs, Simon Beux - batterie, Pierre-Loup Corvez - guitare/chœurs, Julien Tanguy - chant et Jean-Marie Grövel - guitare) ne compte pas se réfugier derrière un mausolée pour tirer à blanc sur des fantômes l’étant déjà.
Non, leur attitude évoque plutôt un mélange de Metal extrême traditionnel, parfois empreint de Thrash, qui permet aux guitares de s’exprimer sans grogner ou maugréer, et de créer des motifs méchamment accrocheurs. La diction est donc parfaite, les balbutiements laissés au vestiaire, et le bestiaire est impressionnant de concision. Musicalement parlant, nous sommes loin des copies malhabiles qui inondent le marché, et si l’intensité n’est pas aussi dense que sur les premiers méfaits de nos héros Death, elle n’en est pas moins soutenue, et peut-être plus vicieuse. « Burning Fields », bien que maintenu de force sous la barre des trois minutes insiste de ses motifs francs et massifs, et de ses chœurs incisifs. Ayant choisi le camp des musiciens appliqués et bien décidés à être compris dans tous les idiomes, INFERN détaille des enfers personnels, où la chaleur constante brûle les chairs, sans que ça ne sente trop le cramé. Evidemment, les accélérations sont rares, les impulsions calculées, mais même lorsque le tempo descend dans les tours, le piège fonctionne toujours, à l’image de ce lent et très MORBID ANGEL « Archetype of Brutal Aggressor ».
Il y a le Death des sprinters, le Death des magouilleurs, le Death des renifleurs, des vicieux, des malheureux, des résignés, mais il y a aussi le Death des salles de sport, lorsque la musculation devient un exutoire valable à cette haine intérieure. INFERN donne ainsi le sentiment d’un démiurge musclé à outrance, piétinant son univers avec une assurance crasse. « Gaining Ground » sent donc les stéroïdes, la sueur des machines, et les muscles saillants. Impressionnant pour le moins, ce morceau est l’un des plus proportionnés du lot, avec encore une fois une machinerie alimentée au charbon thrashy pour mieux débiter du méchant au mètre.
Les bretons abordent donc la vilénie Death par la lorgnette Hardcore. Lâchant des riffs symptomatiques du Hardcore moderne, pour mieux les détourner Metal à la première échauffourée, Turn of the Tide joue l’écrasement, et pas l’explosion facile. « State Puppet Theater » en est le parangon, avec ses changements d’humeur constants, et « March of the Grotesque » son contrepoint le plus radical avec son envie de retrouver l’amitié d’OBITUARY, quelque part dans les avis de décès d’une gazette quelconque.
Incroyablement catchy, INFERN renvoie une image flatteuse. Ce premier album, mixé et masterisé par Charles Elliott au Tastemakeraudio de Los Angeles est une bête de compétition, qui n’abuse pas de l’autobronzant, et qui décroche le premier prix par son travail. Il est très agréable de constater que les groupes old-school ne sont pas tous obsédés par la même chose, et que certains se creusent un peu la tête pour offrir plus qu’un copié/collé peu malin.
Turn of the Tide nous envoie donc les crabes géants pour nous serrer la pince. Comme vous n’avez surement pas de fait-tout assez grand pour les faire cuire, je vous conseille de sympathiser avec eux. Ils sont cocasses, mais surtout, très dangereux et galvanisés par cette musique de furieux.
Titres de l’album:
01. Undertow
02. Phineas Case
03. Tormented Paranoid
04. Burning Fields
05. Archetype of Brutal Aggressor
06. Gaining Ground
07. State Puppet Theater
08. March of the Grotesque
09. To the Extreme
10. Buried Alive
Très bon album vite du live .
Bien d'accord, un album très sympa à écouter. Bolt Thrower n'est jamais bien loin mais ça groove comme il faut et, comme le dit Mortne2001, les riffs sont bien plus marquants que la plupart des groupes au style "copier-coller"
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