Oui, je suis bien conscient que vous avez à peine digéré le repas des festivités de la natalité, et que vous profitez d’un creux temporel pour vous préparer à l’exhaustivité des ripailles suivantes, destinées à célébrer à grand renfort de bonne chère la nouvelle année. J’aurais pu, dans un désir d’empathie vous proposer un trou normand un peu léger, histoire de ménager votre estomac et caresser subtilement votre inconscient, mais comme je suis un malotru sans éducation, je m’en viens provoquer votre résistance à la douleur sans tenir compte du trop-plein qui fait gonfler votre abdomen de bonheur. La période est propice aux lumières, à la complaisance, à l’appréciation du cocon familial et autres joyeusetés collectives, mais en bon misanthrope rural, je préfère ma solitude à cet amalgame, et mon pessimisme à votre euphorie de surface. C’est dans cet esprit que je viens vous entretenir du premier LP d’un obscur groupe de BM bosniaque, qui depuis quelques années nous titille la corde sensible à grands coups de démos enregistrées avec un appareil sismique endommagé, et faisant partie d’un collectif pas vraiment porté sur les banquets et autres réjouissances de bacchanales gastronomiques programmées. Mais les connaisseurs, à la lecture de son nom sauront immédiatement de quoi je parle, et se remettront à table, certainement pas encore rassasiés par la moisson de décibels pourtant élevée de cette année 2017 agonisant de ses dernières flammées. Alors, préparez vos idées les plus noires, histoire d’affronter un terme qui se veut aussi tonitruant et cacophonique que son entame, et qui laisse présager de mois à venir beaucoup moins euphoriques que prévu…
Le projet bosniaque OBSKURITATEM, soupçonné de n’être qu’un one-man-band habilement dissimulé derrière un nom plus global, anime l’underground de l’underground depuis 2012 au minimum, datation aussi vague que les bios non-existant qui ne traînent pas sur la toile. Difficile d’en savoir un peu plus sur un concept aussi opaque que sa musique n’est abrasive et nihiliste, mais cette aura de mystère convient parfaitement à l’affiliation du groupe au fameux mouvement Black Plague Circle, dont font aussi partie des entités comme NIGRUM IGNIS CIRCULI, DEATHCIRCLE, NITERIS, ou VOID PRAYER. Depuis sept ans, OBSKURITATEM nous assomme et nous assourdit de démos, depuis l’initiale Heic Noenum Pax de 2012, et jusqu’à Vampirska Kakofonija parue en 2016 mais éditée cette année en CD, démos entrecoupées de faces partagées avec les PHANTOM FEEL, BROKEN SPIRIT ou VVLAD, histoire de boucher les trous de l’emploi du temps. Et les esthètes lusophones de Black Gangrene Productions nous offrent donc la primeur de ce premier longue-durée, disponible en tape et CD, qui risque fort de secouer les rangs pourtant resserrés du BM à lourde tendance Raw, ne crachant pas sur un brin de fantaisie Ambient. La fantaisie, c’est justement ce qui fait défaut à cette première œuvre « officielle », puisque le ou les auteurs de la chose ont pris grand soin de ne se focaliser sur les aspects les plus craspecs du BM de tradition, sans pour autant sombrer dans le brouet indigeste difficile à ingurgiter et régurgiter. C’est ainsi que U Kraljevstvu Mrtvih se veut presque transposition d’un Raw Black impitoyable dans une dimension beaucoup plus professionnelle et peaufinée, sans pour autant perdre de vue la sauvagerie des origines. Doté d’une production aussi rêche qu’elle n’est épaisse, ce premier jet suit la voie tracée par les démos précédentes, tout en prolongeant le travail accompli sur Vampirska Kakofonija, sans pour autant en suivre les pas avec mimétisme.
On retrouve donc ce festival de débauche en riffs agonisants, soutenus par quelques harmonies de guitares à la limite de l’agonie, qu’un chant noir et ignoble vient relever de ses interventions toutes plus amples les unes que les autres. Et c’est véritablement le point d’accroche de ce BM beaucoup moins traditionnel qu’il n’en a l’air, même si certaines compositions jouent le jeu du classicisme de par leur rythmique en up qui confère à l’ensemble un aspect véritablement envoutant (« Gdje Tišina Vječno Vlada »). Rester nihiliste sans s’aliéner les fans les plus progressistes du mouvement est la force d’OBSKURITATEM, qui ne sacrifie jamais la mélodie à l’extrémisme, et qui parvient de fait à trouver un équilibre entre les deux, tout en se vautrant dans le stupre bestial d’un Black foncièrement indomptable. En privilégiant les fréquences les plus irritantes, le groupe/projet s’autorise une caution « evil » assez intéressante, mais c’est aussi son aspect évolutif qui le maintient en éveil et nous aussi. Les compositions se veulent longues et développées, mais pas menottées à un thème unique digressé jusqu’à le faire fondre comme neige au soleil d’Abbath. Ainsi, le long pamphlet « U Kraljevstvu Mrtvih... », à l’intro aussi irritante que mystique semble émerger d’un cauchemar horrifique éveillé, avec horde de zombies aux portes d’un château qu’un croyait abandonné, lors d’une nuit sans lune. Hurlements, dégueulis vocal, expirations charriant leur lot de glaires d’outre-tombe, avant l’envolée tant attendue, qui ne verse jamais dans le délire de blasts stériles, pour un retour aux sources du Black le plus vampirique, refusant les atours les plus facilement reconnaissables du genre. Un tour de force que semblent confirmer toutes les pistes, qui flattent nos plus bas instincts sans privilégier la facilité Noise qu’on est en droit de craindre d’une telle aventure. Epique autant qu’il n’est épidermique, ce Metal noir nous plonge dans les abysses de l’inhumanité, et se permet même de nous tenir en haleine jusqu’à un final sadiquement Ambient, bande sonore rêvée pour soirée à se faire sucer la carotide par un empaleur en manque de globules.
C’est certes assez difficile d’aspect, parfois confus dans un élan qui se nourrit d’un Heavy Metal classique joué à l’emporte-pièce d’un combo BM pas vraiment sûr de sa production (« Povratak Vampira »), mais c’est si frondeur et accrocheur dans l’extrême qu’une fascination s’exerce en premier plan, nous hypnotisant de ses aspérités sonores pour mieux nous séduire de ses instincts de mort. Dès lors, la validité d’un tel album devient évidente, et on se laisse pénétrer par ces arcanes insondables d’enfers personnels, à l’image d’une splendide créature aux formes généreuses sortant de sa sépulture sans prendre la peine de se revêtir. Un genre d’ode à la haine et à l’amour vomi d’une voix de démon honni, ou de psaume inversé invoquant des créatures du passé se sentant terriblement bien dans un présent de chaos fumant. La beauté dans la laideur, ou comment terminer l’année par un ultime regard dans le miroir, qui vous confirme avec ironie que les temps à venir ne seront pas plus roses que les regrets passés.
Titres de l'album:
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