Il est parfois très difficile de différencier le génie de la fumisterie. A l’écoute de certains albums, on se demande parfois si l’on est trop stupide pour appréhender la portée artistique d’une œuvre, ou si celle-ci nous prend pour des imbéciles en tentant de faire passer des idées erratiques et aléatoires pour des accomplissements avant-gardistes. Mais de temps à autre, on reste tellement dubitatif qu’on en devient incapable de formuler un avis final, laissant notre cerveau errer dans les limbes du doute, sans entrevoir une porte de sortie viable…C’est un peu le sentiment qui m’étreint ce matin après l’écoute du second album du one-man-project CAVERNLORD, qui s’il mérite bien son nom, ne se livre pas pour autant au petit jeu de l’aveu explicite. Et pour cause, puisque l’homme responsable de ce projet terre son inspiration dans la proverbiale et allégorique caverne, faisant preuve d’une misanthropie ultime, et protégeant son secret avec conviction, comme s’il était révélateur d’une vérité ultime que peu sont à même de comprendre. Dans les faits, CAVERNLORD n’est rien de plus ou de moins qu’un des concepts tordus de Nathaniel "Namtaräum" Leveck, activiste au sein du principal NATANAS, et qui régulièrement se permet quelques infidélités lorsqu’il s’estime trop fécond.
Ce qui est assurément le cas depuis quelques années, puisqu’on retrouve l’homme et son pseudo derrière des formations comme HYDROGEN SULFIDE, KHYÆGHÜRR, SANDWICH FULL OF FUCK, TELERUMINATION et quelques autres aussi anecdotiques. Nathaniel est donc un musicien pas vraiment autodiscipliné, qui se répand en exactions toutes aussi brutales qu’étranges, dont CAVERNLORD incarne un genre d’acmé de bizarrerie et d’incongruité, en prônant le principe déviant de Heavy Psychedelic Sludge, s’apparentant parfois plus à une engeance très déformée de Doom psychédélique typé années 70, ou comme un genre d’Indie lo-fi biscornu, qu’un Nick Cave en cure dans un sanatorium aurait pu produire au plus haut de ses hallucinations nocturnes (« Lotion’s In The Bucket », qui ressemble à s’y méprendre à une alliance entre les tarés de FLIPPER ou de HALF GENTLEMEN en goguette avec des VIRGIN PRUNES encore plus azimutés que d’ordinaire…).
Difficile de voir en cet essai une tentative de musique construite et agencée. Il faut plutôt y déceler le « génie » maléfique d’un instrumentiste/compositeur laissant divaguer son inspiration où bon lui semble, rassemblant à postériori les morceaux pour tenter d’y apporter une cohésion. C’est indéniablement étrange, parfois glauque, souvent nonsensique, et les « what the fuck ??? » risquent de fleurir à votre bouche une fois que vos oreilles auront trempé dans ce marigot poisseux. Trop lent pour être Black, trop rapide pour être Doom, trop libre pour se targuer d’une quelconque puissance Sludge, cet Ubiquitous Falsehood faisant suite à un premier effort éponyme à peu près du même tonneau surprend, dérange, irrite, agace, mais se veut unique en son genre, un peu dans une relation amour/haine avec le psychédélisme des 70’s qui se prendrait la tête avec une forme très larvée de Doom évanoui des années 80. On sent un léger parfum sudiste dans l’affaire, des accointances macabres (« Pink Slip », troublant sur sa fin de ses vocaux malsains), une palanquée de riffs à l’état larvaire qui parfois jouent la fausseté pour encore plus nous les briser (« Sorrow », si la tristesse est une rime dans le vide, alors la détresse vient de trouver son incarnation ultime), pour un résultat global aussi amateur qu’hypnotique. La question reste alors en suspens, à savoir si tous les musiciens du monde doivent à un moment donné brider leur inspiration pour se recentrer sur des thèmes un peu plus abordables, ou s’ils doivent s’expurger d’un trop plein d’idées pour passer à autre chose. Et les réponses ne se bousculent pas au portillon, spécialement lorsque l’absurde s’invite au banquet, offrant à certains titres des conclusions complètement à côté de la plaque, et aux antipodes de leur introduction. On a même parfois le sentiment assez désagréable d’avoir manqué un épisode, passant d’une litanie discordante à la BECK bourré (celui de ses albums autoproduits qui ne se sont jamais encombrés d’une quelconque logique), à un feulement agonisant d’un ABRUPTUM plus souffreteux que réellement menaçant…
Et les litanies se répandent dans un air vicié, sans que l’on puisse vraiment savoir si la suffocation est due au manque d’air, ou au sadisme d’un tortionnaire qui ne nous épargne rien du début à la fin. Entre des complaintes vocales à faire passer un fantôme de Westminster pour un gentil diablotin de foire, et des arrangements spartiates qui confondent expérimentation avec jeu de hasard (« Lungs Of Swamp »), la valse avec beaucoup d’hésitation nous enivre comme un mauvais vin, même si la sincérité du bonhomme n’est pas à mettre en doute. Parfois, l’autodidacte se reprend un peu, et tente des choses un peu plus évolutives et ambiancées, comme ce bizarre « Man was the Lord of the Fire », presque incantatoire, qui découle sur un genre de cérémonie funèbre en apparat de messe noire, via « Caffeine and Boredom » qui sans le vouloir (ou peut-être que si…) symbolise à merveille les réactions suscitées par cette musique qui n’en est pas vraiment une… Ubiquitous Falsehood finalement se termine comme il avait commencé, par un « Bury The Dead » au Doom atmosphérique plus pénétrant que le reste des gestes, et qui pourrait laisser présager d’un avenir sombre propice à séduire les plus branques des amateurs de lenteur et d’oppression. Mais après avoir subi tant de douleur et de tergiversations, il est difficile de se raccrocher à cette ultime promesse, qui ne résume pas vraiment tout ce qui l’a précédé…Et par conclusion, j’en reviens donc à mon débat d’introduction, à savoir cette difficulté à dissocier le foutage de gueule du génie abstrait…Je me garderai bien d’opposer un jugement définitif à cette interrogation, et je vous laisserai maîtres de votre propre destin et opinion. Toujours est-il qu’entre trois défauts, Nathaniel "Namtaräum" Leveck laisse apparaître fugacement la moitié d’une qualité, et qu’il restera pour moi une énigme impénétrable, tout comme sa musique échappe à tout classement trop ferme dans le verbe.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20