Il y a tout juste cent-six ans était signée l’armistice qui mettait fin à cette guerre que nos aïeuls ont eu la malchance de connaître. Cette guerre qui a opposé la Triple Entente (France, Royaume-Uni, Russie) à la Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie), et qui laissé des millions de morts derrière elle. Les tranchées, les obus, le gaz, la faim, le froid, les balles qui sifflent, les canons qui résonnent, les sirènes qui préviennent et les maisons qui s’écroulent, un quotidien que ma génération a pu éviter…jusqu’à la prochaine fois. Je sais gré au destin de m’avoir fait naître bien trop tard pour expérimenter ce climat de peur permanente, mais les multiples documentaires nous ont permis depuis très longtemps de vivre par procuration ce cauchemar. Et pour faire le lien avec cette chronique qui ne parle pas du tout du même sujet, il convient d’imaginer le bruit s’échappant de scènes d’horreur avec des cadavres plein la pelle, des cris, de la douleur, et une certaine idée de la fin d’un monde.
ÛLAIRI.
Le décor est planté, cette association internationale entre la Norvège, les Etats-Unis et l’Espagne nous en fournit la bande-son apocalyptique. Fraichement formé, ce quatuor partagé entre M.W (batterie, AMARGOR, BARBARIAN SWORDS, HERALD OV WIZBORG, HJEMSØKT, NOCTURNAL TYRANT, STANDING FAR, VAMPYRIC WINTER, ex-EXPEL THE GRACE, ex-MALFEASANCE, ECLIPSED MOON APPARITIONS, EMBODIED SPECTRE, SYBERIA, ex-COLLUSION, ex-MORTA), Peregrinus (guitare/basse, DARKEST BETHLEHEM, HERALDIC BLAZE, HJEMSØKT, ILLVILJE, KVAD, PRAEFURO, SOLUS GRIEF, UNHOLY CRAFT, VYRDA GREIP, ex-NIFROST), Förau (claviers, NIGHTGAUNT) et Sanguinous Moth (chant, ARNA, NIGHTGAUNT, NOCTURNAL TYRANT, NORTHERN SOLITUDE, STORM, VAMPYRIC WINTER, VERMINOUS KNIGHT, ex-CRANIUM INFESTATION, ex-STAINED BLOOD, PRIMAL NECROMANCY) s’est lancé dans la production intime de son premier mini-album, distribué par l’underground belge Rabauw.
Pour être franc, tout est parfait. La musique évidemment, mais aussi le format, une tape éditée à cinquante exemplaires, dont la pochette est flanquée d’une croix inversée stylisée et d’un logo évidemment illisible. On se croirait revenu non en 1918 mais bien dans les nineties, lorsque le Black Metal inondait le marché de démos plus ou moins bien enregistrées, captées sur bande pour l’amour de l’analogique un peu déroutant. Mais si le format respecte la tradition, la production quant à elle, accepte le modernisme. Le son est énorme, rêche, et l’écoute de ce MLP est éprouvante, non parce que le style choisi arrache les tympans ou délite la raison, mais bien parce que le spectre sonore est distordu à l’extrême, rendant chaque riff mortel et chaque blast immortel.
C’est un choix qui convient très bien au propos. Le trio de base s’en sort avec plus que les honneurs en tablant sur un classicisme évident, et réminiscent des années de domination de la Suède et de la Norvège. Une formule fort à propos est d’ailleurs utilisée sur le Bandcamp du projet, que je reproduis ici avec un plaisir non feint :
La haine envers tout ce qui est lumière est une vertu qui enveloppe l’essence de cette création.
Il est d’ailleurs question de cavernes, de périodes sombres, soit tout le décorum habituel d’un genre qui se veut toujours aussi peu porté sur les compromis, ce qui n’a pas empêché les musiciens de glisser une ravissante intro de cordes classiques sur l’impitoyable « Howls of Death and Blood ». L’influence de DARKTHRONE est alors évidente, avec cette aridité extrême, cette sècheresse de son et ce chant hurlé à pleins poumons rongés par la colère et la misanthropie. Efficace, cruel, pertinent, ce premier jet est déjà d’un très haut niveau de haine, qui renvoie même 1349 à ses chères études brutales.
Aussi intense qu’il n’est ascétique, Ûlairi est une entrée en matière qui respecte les dogmes à la lettre. La noirceur qui se dégage de ce mini-album est telle que l’œil refuse de laisser passer la lumière, préférant la solitude d’une pénombre globale. C’est palpable sur « Winged Devil, Ghost of Terror », éclipse permanente d’un chaos sans limites, et proche d’un War Metal joué avec la malice d’un Raw Black.
D’ailleurs, toutes les sous-dénominations peuvent correspondre à la laide réalité de ces faits. Les aspérités, les fréquences qui frisent, l’absence de concessions et la bestialité sourde sont autant d’indices sur les intentions de ces musiciens, qui ne visent qu’un seul résultat : vous soumettre, coûte que coûte, et vous laisser à genoux sur des tessons de bouteille.
Torture auditive, cauchemar sonore, ÛLAIRI est aussi moche qu’un cadavre éventré dans une tranchée puant la pisse, la merde, le sang et la peur. Une certaine idée de la guerre que nos aïeuls ont vécue en temps réel. Et on ne les envie pas, non.
On ne les envie pas.
Titres de l’album:
01. Winged Devil, Ghost of Terror
02. The Mist, The Night & The Fear
03. Colossus of Grief
04. White Empress of Night
05. Howls of Death and Blood
06. Hissing Scale Fortress
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11