Il est rassurant de savoir qu’on peut toujours compter sur certains labels pour nous rendre la vie plus amusante et bruyante. Ainsi, les sadiques de Sentient Ruin sont depuis longtemps les mètres-étalons de la violence la plus crue, fouillant sans cesse dans la fosse commune de l’underground pour y trouver les cadavres les moins ragoutants. Mais cette fois-ci, le label s’est surpassé pour nous briser les tympans, en dénichant un trio américain de multiples horizons, qui une fois regroupé en une seule créature, fait passer la concurrence pour des musiciens de bal reprenant les standards de la BANDE A BASILE en version adoucie. Evidemment, ces trois trublions ne comprendront rien à ma comparaison, mais je doute qu’ils lisent les critiques les concernant, étant trop occupés à produire le boucan le plus intense de la scène US. Ainsi, venant du Mississippi, de l’Alabama et de l’Oregon, l’atrocité EVAPORATES SORES colle de près à l’actualité, et il est d’ailleurs amusant de constater que sa première abomination sort quasiment en même temps que le nouvel album des fondus de PRIMITIVE MAN. Une influence majeure ? Une parmi tant d’autres, pour ces trois chevaliers Noisy ayant fait partie d’un nombre conséquent de formations toutes moins recommandables les unes que les autres (FILTHEATER, CALQUES, MALTHEIST, UZUMAKI, et encore tout plein comme ils disent), et qui parviennent à rendre le Doom/Death encore plus éprouvant que ses admirateurs les plus acharnés et morbides ne l’aurait cauchemardé.
Vous l’aurez compris, EVAPORATES SORES n’est pas là pour embellir votre quotidien ni vous chanter des berceuses pour vous aider à dormir. Recommandé par son label aux fans masochistes d’OKSENNUS, SUTEKH HEXEN, GNAW THEIR TONGUES, EHNAHRE, CRYPTAE, COFFINS, CIANIDE et évidemment PRIMITIVE MAN, ce trio aux initiales cryptiques (JM / MS / AG), s’obstine à rendre l’innommable encore plus ineffable, à transformer les traumatismes en névroses éternelles, et à rendre palpable l’ignominie la plus complaisante. Repoussant toujours plus loin la frontière séparant la méchanceté du chaos le plus total, la formation américaine s’est sorti les doigts de la prise pour nous concocter un premier LP qui fera date dans les annales du bordel intégral, et a même choisi d’enregistrer cette ode à l’horreur dans trois endroits différents pour bien marquer son originalité et obtenir le son voulu (et aussi pour que les membres n’aient pas à se taper des centaines de kilomètres). En résulte une atrocité totalement jouissive, qui en effet mixe les éructations les moins excusables de Mories au sein de GNAW THEIR TONGUES, la pesanteur résignée des PRIMITIVE MAN, mais aussi le sens de la fulgurance atroce de FULL OF HELL, et les répétitions obsédantes et industrielles de GODFLESH. On sent aussi que l’école du mal-être d’ENCOFFINATION a enseigné deux ou trois trucs à nos amis du jour, et si l’ensemble est aussi digeste qu’une bordée de tripes au saindoux après une choucroute au saucisses douteuses, il s’ingurgite avec un plaisir malsain, proposant une lancinance qui fait du mal à la petite tête, mais qui satisfait les pulsions les moins avouables.
Guitare en redondance ultime, chant régurgité de la pièce à côté, rythmique obsédante et pilonnée, la recette est d’usage, mais poussée ici à son paroxysme, à tel point qu’on a parfois le sentiment d’écouter un BM typiquement minimaliste et mécanique. Mais il s‘agit bien de Death à tendance Doom, ou de l’inverse, et les sept titres proposées ne font rien pour alléger le poids sur les épaules des auditeurs (qui l’ont bien mérité cela dit). En gros, tentez d’imaginer un TERRA TENEBROSA ralenti au maximum, un PITCHSHIFTER remixé par Mories accentuant tous les aspects les plus nauséeux de l’entreprise, ou une rentre fortuite entre des FULL OF HELL sous Xanax mais toujours aussi cruels et MERZBOW, l’ange du mal toujours en veine d’un ou deux arrangements Noisy. Il semblerait que chaque morceau essaie de faire pire que le précédent, et si certains jouent les blasts pour faire croire que l’ambiance va se réchauffer, ce n’est qu’un leurre, et les BPM retombent aussi vite que les replis du bide des mecs de MORTICIAN. C’est fondamentalement bruyant, abominable pour la majorité d’entre vous, mais c’est terriblement bien fait, absolument dément, insistant, hypnotique, et cohérent dans la vilénie, ce qui permet d’apprécier ces exactions comme on regarde un film amateur allemand avec donzelles défraîchies et effets spéciaux à la truelle.
Que dire de plus à propos d’une réalisation qui ne s’appréhende que sous son jour le plus glauque ? Qu’il convient de l’écouter lorsqu’on a le moral au beau fixe, sous peine de se trancher les veines dans les cinq minutes, mais les effets de feedback, les astuces Indus, les structures faussement évolutives, la gravité extrême de la guitare et du chant, aboutissent à un album réussi, qui semble émaner d’une crypte perdue dans un cimetière anonyme. Une gerbe de fleurs en plastique sur une tombe abandonnée, des moments de terreur pure (« Rote Resurrection »), et une nouvelle incarnation qui va sans doute se trouver un following fidèle dans la tranche la moins recommandable des psychopathes musicaux toujours avides des drogues bruitistes les plus dures.
Titres de l’album:
01. Claimed by Inertia
02. Eternal Inflation
03. Regurgitated Existence
04. Infinite Remission
05. Rote Resurrection
06. Eonic Parallel
07. Cosmic Indifference
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