Finalement, on postéise tout. Quid de ce néologisme approximatif ? Une simple constatation. On avait à la base des genres suffisamment vastes, mais c’était encore trop restrictif, trop contraignant en termes de figures imposées. Alors, on s’est mis à tout postéiser. Donc, on est tombé d’abord dans le Post Punk, plus froid, et puis en termes de Metal, on a donné naissance au Post-Hardcore (qui revêt parfois des costumes bien différents selon les points de vue), au Post-Metal, au Post Black, dont se repaissent des centaines de groupes que nul ne peut classer ailleurs, et puis, petit à petit, par extension, est né le Post Death. Qu’on appelle parfois, Death progressif, ou Death d’avant-garde.
En quoi cela consiste-il ? A repousser les limites du Death, une fois encore, pour le faire grandir et évoluer sous une bannière aussi sombre, mais plus ouverte aux digressions.
Et en lisant quelques articles et entrées consacrées au premier album des bataves d’ULSECT, j’ai souvent vu des allusions à ce fameux Néo genre qui finalement, ressemble beaucoup à du Post Black. Sauf qu’il semble encore moins abordable en termes de construction, et plus véhément en termes de puissance.
En gros, il se sert de la vilénie nihiliste du Death des origines pour le pousser hors des territoires du Post Black, tout en mettant l’emphase sur une sorte de Post Sludge (Post, encore…), pour rendre son impact encore plus éprouvant et douloureux.
Certes, c’est une vérité, que certains travestiront pour la faire rentrer dans un concept encore un peu plus flou. Mais laissons l’histoire d’une biographie être plus précise.
Dans les faits, ULSECT est un simple side-project, celui monté de toutes pièces par deux DODECAHEDRON (le guitariste Joris Bonis et le batteur Jasper Barendregt), et un ex-TEXTURES (Dennis Aarts). Les trois pivots sont pour l’occasion épaulés par le second guitariste Arno Frericks et le chanteur Dennis Maas, mais il est certain que Joris et Jasper tiennent fermement la barre du navire et l’emmènent sur les rivages de leur musique initiale, sans pour autant copier aveuglement la feuille de route habituelle de leur groupe d’origine. Mais les points communs ne sont pas pour autant épars dans les faits. Ils sont même assez tangibles pour ceux pour qui la musique de DODECAHEDRON est familière, puisqu’ils semblent en incarner une extension encore plus abrasive et déprimante, comme un négatif Death développé sur pellicule Black, sans pour autant appartenir à l’un ou l’autre des systèmes.
Alors, quels sont les vecteurs d’approche de ce projet qui finalement, reprend les choses là où d’autres groupes les ont laissées ? Aller plus loin justement, et oser flirter avec les limites d’un Post Death Metal très concentré et froid, dans une rigor mortis artistique qui nous présente un corps glacé, repêché dans une mer de sons concentriques et de rythmique massives et stables comme la mer morte.
Si l’influence interne de DODECAHEDRON n’est évidemment pas facile à occulter, on pense aussi, en toute logique, à la caste des DEATHSPELL OMEGA, en plus intenses, aux ULCERATE, mais aussi à certains artistes libres du catalogue précieux des Italiens de I, Voidhanger records, ceux-là même qui ont eux aussi réfuté les théories de genre pour associer le BM et le Death dans un étourdissant ballet de douleur instrumentale cathartique.
Et cathartique, dans un sens, Ulsect l’est. Même si sa finalité n’est pas de nous faire souffrir, mais de nous ouvrir à un nouvel univers, aux chemins de traverse plongés dans une obscurité risquant de nous faire tourner en rond pour nous faire perdre le nord.
Pour ce faire, les Hollandais ont utilisé des progressions assez envoutantes, mais révélatrices de dangers qui nous guettent, en alternant les morceaux extrêmement longs (mais raisonnables en unités de mesure Doom ou Sludge), et les interventions plus brèves et plus volontiers assommantes (« Unveil », morceau lancé en avant-garde, qui en quatre minutes fait le tour de la question Black/Death avec une morgue assez impressionnante, blasts obligent et riffs plus directs aussi).
Ils débutent d’ailleurs leur première œuvre par deux chapitres longuement développés qui semblent indiquer que les choses ne vont ni être faciles, ni formelles…
On note donc sur les deux morceaux d’ouverture des éléments clairs et évidents. Une production si énorme qu’on se demande encore si un groupe a un jour bénéficié d’un son aussi soufflant et grave (mis à part MESHUGGAH, dont les Hollandais se rapprochent parfois dans leur mimétisme rythmique au cordeau), qui sert la soupe à des riffs robotiques et calibrés, calqués sur une rythmique mouvante, qui ondule au gré des patterns choisis pour exprimer le point de vue.
Si bien sur l’influence logique de DODECAHEDRON pilote l’inconscient au point de la faire se souvenir d’albums restés fermement ancrés dans la mémoire (bien que ce groupe n’ait jamais été vraiment prolifique en termes de quantité), on comprend aussi que Joris et Jasper ont voulu pousser les choses encore plus loin.
C’est en tout cas ce qu’affirme clairement le long pamphlet «Our Trivial Toil », l’intervention la plus longue de l’ensemble qui passe par toutes les ambiances tout en gardant une opacité de surface insondable, et en traitant le Death à la manière d’un Industriel grandiloquent et strident.
Succession de plans qui se contredisent tout en prolongeant le propos, de blasts assassins et de downtempo malsains, cette tour de Babel brutale est solidement ancrée dans ses fondations, et pourtant ondule au gré d’une créativité noire.
« Maunder », le final nous fait d’ailleurs plus ou moins le même coup, tout en prenant soin d’endormir notre méfiance tout au long d’une longue intro pesante et Post Doom. Puis le rythme évolue, se cale sur un mid tempo presque accrocheur, avant que le groupe ne cède sous la pression d’un Death/Black qui ne ménage ni les guitares discordantes, ni les hurlements vocaux, nous faisant presque penser à une version maléfique de NEUROSIS en pleine descente mystique vers les abîmes.
Et sans trop détailler ce qui vous attend sur ce premier album aussi étrange que limpide dans son développement, il est quand même d’utilité publique de conseiller aux plus impatients de se jeter sur le bref « An Augury », qui leur fera entrevoir les possibilités et le mantra cachés dans ce premier jet, sans avoir à souffrir de longues minutes en cas de non adhésion au propos.
Il est clair que sans vraiment donner naissance à un nouveau genre aux forceps, les ULSECT vont beaucoup plus loin, beaucoup plus profondément, et beaucoup plus dissonant que leur mère nourricière DODECAHEDRON. Et comme tous les groupes du créneau semblent atteints de la même parcimonie de production, une entrée supplémentaire n’est pas à négliger.
Un disque à faire entendre à tous ceux qui pensent que le préfixe Post n’est que poudre aux yeux destiné à masquer un cruel manque d’inspiration. Car pour une fois, ils ne pourront pas nier que les choses vont au-delà de celles qui leur sont familières.
Titres de l'album:
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