Ultrapop

The Armed

16/04/2021

Sargent House

Nous allons immédiatement évacuer tout ce qui n’a plus aucune importance concernant les THE ARMED. On ne sait pas vraiment qui fait partie du groupe, on connaît certaines personnalités gravitant autour, mais finalement, si l’image a toujours plus ou moins prévalu sur la musique - concept promotionnel oblige - c’est bien elle qui s’exprime sur les albums et que nous devons juger. Alors, sous-CONVERGE ou pas, Kurt Ballou en producteur exécutif, who cares serais-je tenté de dire tant que les albums tiennent la route et qu’ils proposent autre chose que le simple Punk Rock from Detroit annoncé sur les pages officielles. Non, THE ARMED ne fait pas du simple Punk Rock from Detroit, comme le jouaient les STOOGES ou le MC5. Après tout, quoi de surprenant en considérant l’implication de Ballou dans le concept, et la présence derrière les futs, fut-un temps de Ben Koller pour l’album Only Love. D’ailleurs, Ballou affirma a son batteur en ce temps-là que les morceaux de cet album n’étaient que de simples démos de CONVERGE. Alors franchement, l’énigme, on s’en tape comme de l’abandon du maquillage de KISS sur Lick it Up, qui a produit l’une des pochettes les plus abominables de tous les temps. Celle d’ULTRAPOP n’est pas mal dans son genre, et si nous en étions restés à l’Antipop de PRIMUS, autant admettre que ce quatrième album de la vague de Detroit ne surprend pas plus que les précédents, en proposant un Hardcore certes chaotique, mais pas plus énigmatique que celui de ses concurrents directs.

Un visage, le nom de l’album encadré et en lettres majuscules, l’artwork est en place, peut éventuellement titiller la curiosité, comme ce titre qui ne veut pas dire grand-chose. A part provoquer, spécialement lorsqu’on joue une forme très abrupte de Hardcore métallisé, à deux doigts et même moins d’un Mathcore discipliné et académique. Très proche de ce que CONVERGE a toujours prôné, THE ARMED garde son bras armé à portée des ennemis, et frape encore une fois fort, très fort même, et gratuitement. Des noms sont venus se rajouter à la liste des peu déjà connus, comme celui de Mark Lanegan, le guitariste de QOTSA ou ceux de Troy Van Leeuwen et Chris Slorach de METZ. Le tout assemblé, le puzzle commence à prendre forme, mais le noyau du combo reste le même et la musique aussi. Peu de changements notables quant à la direction artistique, avec une ouverture plus ou moins prononcée sur d’autres styles, comme pour valider cet Ultrrapop qui finalement, ne veut pas dire grand-chose. Niveau chroniques, j’en étais resté à Untitled, qui m’avait agréablement surpris de sa colère, et les débats n’ont pas vraiment progressé depuis. Tout au plus note-t-on de nouvelles inflexions, mais peu au regard des attentes prononcées, et le groupe s’en tire une fois de plus par une musicalité resserrée et une envie de jouer son propre style à la perfection.

Quelques samples, des passages Ambient plus mélodiques, mais les attaques rythmiques, le chant traité, les atmosphères confinées et bizarres, tout est encore là, et en proportions égales. Alors, pas de quoi fouetter un vieux greffier, d’autant que l’ensemble tient debout sans avoir recours à des gimmicks faciles. Et sérieusement, qu’apporterait la révélation de l’identité des véritables membres du groupe, sinon satisfaire une curiosité morbide pour tout ce qui se veut anonyme et caché ? Rien, je vous l’accorde, puisqu’un album s’écoute, et ne se regarde pas.  

Encore une fois, les potards sont à fond, l’inspiration est traditionnelle, les variations nous donnent des fulgurances comme « Average Death », le genre de truc qu’on aurait pu trouver sur un album extrême de Patton et compagnie, ou des entames électroniques lourdes comme l’éponyme qui ouvre les débats dans une ambiance de fumigènes lâchés dans un nightclub de Detroit encore ouvert à une heure très tardive. Loin des errances des suédois et des délires des américains les plus ouverts sur la Fusion, Ultrapop se contente de proposer ce que ses aînés offraient déjà, de façon plus homogène peut-être, et plus variée, mais rien ne vient vraiment déstabiliser.

C’est pour ça qu’il faut débarrasser ce produit de son emballage, et rejeter le décorum qui entoure le groupe. Se concentrer uniquement sur cette musique fabuleuse, qui sans repousser les limites du Mathcore en joue avec les frontières, pour nous offrir une pièce musicale conséquente, malgré sa courte durée. D’autant que personne ne sera vraiment perturbé par les premières attaques de « All Futures » ou « Masunaga Vapors ». On note de ci de là quelques arrangements électroniques discrets, une tendance à assouplir les refrains pour se montrer sous un visage plus séduisant, mais l’énergie déployée, la rage concentrée et débridée restent tout à fait digestes et formelles.

Ultrapop reaches the same extremities of sonic expression as the furthest depths of metal, noise, and otherwise ‘heavy’ counterculture music subgenres but finds its foundation firmly in pop music and pop culture. As is always THE ARMED’s mission, it seeks only to create the most intense experience possible, a magnification of all culture, beauty, and things. 

 

Oui, c’est gentil tout ça, mais pas vraiment exact. Certes, « A Life So Wonderful » joue justement avec ces fameux extrêmes, mais ne fait pas plus de dégâts que les derniers albums en date de DILLINGER. Quant aux références à la Pop-culture, on repassera, tout du moins musicalement, puisse le cadre est toujours le même, assoupli parfois, dévié de temps à autres, plus empreint de Pop alternative des années 90 sans doute (« An Iteration »), mais rien de bien déstabilisant. Et pourtant, Ultrapop ne déçoit pas, loin de là, et pourrait même avec un peu d’imagination, incarner l’acmé d’une démarche entreprise à la fin des années 2000. Si THE ARMED n’a pas titillé la fusion de trop près, il s’est approché de la perfection dans son attitude, ce qu’on comprend lorsqu’on écoute le roublard « Faith In Medication ». Rythmique en houle, cris sous-mixés, riffs qui vrillent, tout est là, et finalement, le plus important.

« The Music Becomes A Skull » en fermeture, avec Mark Lanegan, gronde et joue la carte de l’Indus timide histoire de préparer la suite en tout confort. « Bad Selection » danse comme du Madchester un peu trop sage, mais on se laisse emporter par le torrent sans trop de résistance aux flots. Alors, THE ARMED, fumisterie de gamin capricieux ou plan méchamment bien élaboré ? Peut-être et sans doute les deux, mais un groupe qui provoque dans le bon sens et nous en donne pour notre argent que nous investissons dans ses albums gratuits. Quel paradoxe. 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Ultrapop

02. All Futures

03. Masunaga Vapors

04. A Life So Wonderful

05. An Iteration

06. Big Shell

07. Average Death

08. Faith In Medication

09. Where Man Knows Want

10. Real Folk Blues

11. Bad Selection

12. The Music Becomes A Skull


Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 16/05/2021 à 15:26
85 %    654
Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51

Jus de cadavre

Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"

01/05/2025, 22:41

RBD

Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)

01/05/2025, 21:22

DPD

Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)

01/05/2025, 19:06

totoro

Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)

01/05/2025, 17:54

Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27

DPD

Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)

29/04/2025, 02:24