Pas toujours facile de chroniquer des groupes russes, surtout lorsqu’ils ne disposent que d’un Vk intraduisible par Google. Mais on se débrouille et on finit toujours pas remettre à l’endroit les errances linguistiques virtuelles pour tenter d’établir un genre d’ébauche d’article, et un embryon de bio.
Le cas des DEAD POINT est presque un cas d’école en soi, avec quelques lignes passées de leur idiome natal dans un anglais approximatif, et la découverte d’une carrière qui remonte aux alentours de 2002.
Formés du côté de Sotchi (vous savez, les jeux olympiques d’hiver 2014…), ce quatuor a déjà publié un nombre assez conséquent d’œuvres de moyenne ou longue durée et ont un tableau de chasse comprenant Was It The Only Way ? en 2011, Humanity Is Cancer en 2014, le EP Fucking System Of Enslavement la même année ainsi que ce petit dernier, Ultraviolence Of Grotesque, paru ce mois-ci sur le label national Fono. Une histoire qui commence donc à durer, et que les musiciens prolongent par quelques à-côtés, dont le projet DR FAUST qui comprend une bonne partie de leur line-up.
Mais ne nous dispersons pas pour le moment, et restons focalisé sur ce troisième LP qui défouraille sévère.
Comme le dit fièrement leur label, « Le matériel de l'album peut être décrit comme Death Metal / Grindcore / Hardcore, mais le groupe a fait beaucoup d'autres éléments intéressants qui ne sont pas des représentants typiques de ces styles ».
C’est certes traduit un peu à la louche par tonton Google, mais ces propos sont d’une honnêteté rare. Car s’il est certain que les DEAD POINT sont quand même de gros bourrins, ils savent aussi moduler leur musique pour s’éloigner un peu des sempiternelles boucheries sonores inhérentes au Death et au Gore. On trouve donc dans leur musique des éléments de Metalcore, de Rap et de Modern Core, pour une jolie visite organisée de la violence instrumentale intelligente et ouverte d’esprit.
Je l’avoue, en m’attelant à la rédaction de cette chronique, je n’en attendais pas grand-chose. Je m’attendais au mieux à gober ma pilule habituelle de borborygmes et blasts, mais certainement pas à avoir les oreilles accrochées par des riffs futés, et l’esprit focalisé sur des thèmes surprenants et des bifurcations majeures. Il faut dire qu’avec vingt-et-un morceaux pour presque une heure de musique, l’affaire sentait le biais pris au dernier moment. Et en tombant sur un titre comme « So One Time You'll Get What You Really Deserve », j’ai rapidement pigé que les russes étaient largement plus qu’un pauvre combo de Death/Gore/Grind noyé dans la masse de viscères. Enchevêtrement de voix, claire et growls, guitares qui tapinent dans les graves avant de racoler dans le médium catchy, double grosse caisse triggée en mitrailleuse qui ralentit la cadence de tir pour imposer un binaire Groovy, arrangements ludiques et franchement malins, passages écrasants qui laissent couiner un goret en pleine extase, le mélange était méchamment séduisant, et la composition assez remarquable.
Certes, tout n’est pas du même tonneau et se perd parfois dans les dédales d’un classicisme un peu facile. Mais dans quatre-vingt-dix pour cent des cas, nos amis de l’est trouvent toujours un angle d’approche relativement novateur, et pour le moins entêtant. En alternant avec pertinence les morceaux fondamentaux et les tentatives plus aléatoires, ils ont troussé l’un des meilleurs albums du genre, qui pourra même séduire quelques réfractaires. On a même parfois le sentiment d’écouter en parallèle un vieux SENSER (période Kerstin Haigh toute seule au chant) et un CATTLE DECAPITATION tout frais sorti de l’abattoir (« Through Pain and Reborn Extending Vain Life »), aussi grotesque soit le parallèle.
Mais visiblement, le grotesque sied admirablement bien à cette troupe qui juxtapose avec flair les différentes inflexions vocales (chant Hardcore masculin, chant Metalcore féminin passé au cartoon, chant Grind Gore masculin suintant comme un porc), tout comme les ambiances instrumentales qui ne se bornent donc pas à taquiner l’ultraviolence paillarde avec une fourchette à barbecue.
La température est donc variable, avec de gros pics de chaleur (« Unreserved Supremacy », je vomis, tu cavales, tu vomis, je ravale), mais aussi une intensité brûlant les chairs sans les faire tomber (« In Abyss of Essence We Trapped for a While », joli exercice de style Death concentré qui ménage quand même quelques interventions féminines).
Mais un simple coup d’œil aux titres des morceaux suffit à comprendre que les DEAD POINT ne sont pas là pour vendre des rognons ou lécher des restes de tripes sur la nappe. Ils se sentent plutôt concernés par l’écologie et la sociologie d’un monde qui part à la dérive. Il est d’ailleurs tout à fait concevable de les comparer à NAPALM DEATH sur ce point, tout comme à un niveau musical d’ailleurs, tant certaines accroches rapprochent les deux combos (« I Know One Time I'll Face You Again, Never to Lose and Scream up to the Skies », oui, c’est long à lire mais au moins c’est en anglais…).
Et si les cinquante minutes peuvent vous paraître effrayantes en amont, dites-vous que l’album passe comme une escalope sous la porte grâce à ce sixième sens de composition qui permet au quatuor de presque toujours éviter la redondance et la redite (« All Pass and Perish in the Emptiness », qui trouve une fois de plus en fin de parcours un angle mort).
Mais pas d’inquiétude, si vous êtes venus pour vous faire tanner la couenne, quelques bonnes fessées vous attendent (« Where Pleasure Is the Pain and Life Is the Death... », du Grind/Death oui, mais le meilleur, et doté d’un joli son d’intérieur), tout comme des traitements un peu plus nuancés qui vous offrent même un Alka-Seltzer ® Crust/Metalcore (« Simulated Life in Fictioned Realm », genre LIMB BIZKIT rencontre les DECAPITATED après une brocante).
Donc, non je l’avoue, ça n’est pas toujours facile de chroniquer des groupes russes. Mais ça en vaut la peine, puisque tomber sur un album comme Ultraviolence Of Grotesque m’a presque réconcilié avec un genre que je fuis depuis des années.
Ne vous laissez donc pas berner par un intitulé un peu cliché qui vous mènera sur une fausse piste, et faites-moi confiance. Ces quatre-là savent mettre l’ambiance et servir le boudin avec des pommes flambées. Le gras, c’est toujours meilleur quand c’est un peu sucré.
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