On ne va pas revenir là-dessus, la nouvelle nous avait déjà assez attristés comme ça, Lemmy n’est plus. Perdu à jamais notre héros, celui qui faisait vrombir sa basse comme un bombardier au-dessus de nos têtes enchantées, celui qui avait inventé un style à mi-chemin entre Rock, Punk et Hard-Rock, mais qui n’a jamais revendiqué autre chose que le Rock N’Roll, joué dans un orgasme, et plaqué sur la table comme un as de pique complétant un full aux rois. Le massacre organisé ne vivra désormais plus que dans notre souvenir, sans remords, pour un autre jour qui ne sera plus jamais parfait…
C’est toujours étrange de se dire que nous n’aurons plus jamais l’occasion d’écouter un nouvel album de MOTORHEAD. Et pourtant, les maisons de disques vont se faire un plaisir désormais de nous refourguer bon an mal an des compilations « inédites », des live « oubliés », et des chutes de studio « incroyables ». Les charognards ne sont jamais très loin du cadavre qu’ils souhaitent décharner jusqu’au dernier lambeau de chair, et la mise en terre ne sera jamais définitive, un peu comme ces fossoyeurs sans pitié qui ont profité jusqu’à la dernière note de l’héritage de Jimi, que Lemmy vénérait tant.
Alors, on commence. Après un live sorti un peu à la sauvette (Clean Your Clock, l’année dernière), nous avons droit pour cette rentrée scolaire 2017 à la première pierre du mausolée construit non à la gloire d’un des rockeurs les plus authentiques de notre siècle, mais à celle de labels peu regardants sur l’éthique, qui raclent les fonds de tiroirs pour remplir celui de leur caisse. Mais finalement, le plaisir d’entendre une nouvelle fois la voix inimitable de Lemmy ne vaut-il pas de tolérer pour quelques minutes ce manque crasse de respect de sa dépouille encore fumante ?
Et quelle facilité d’aller piocher dans le réservoir de reprises que Lemmy et sa bande ont gravé pour la postérité, ou juste pour le fun, tout au long de cette carrière en chemin de croix…de fer ? C’est certainement ce qu’ont dû se dire les responsables de Silver Lining en nous proposant cette compilation des meilleures covers de la tête de moteur, qui n’était jamais la dernière à faire rugir la locomotive pour rendre hommage à des artistes qui faisaient vrombir ses roues…Disons-le tout de suite, ce sampler s’adressera plus volontiers aux néophytes qu’aux vrais fans, qui outre le dégoût suscité par cette entreprise hautement mercantile, comprendront vite au vu du tracklisting que peu d’inédits viendront titiller leur curiosité. La plupart des versions proposées ici sont connues depuis longtemps pour certaines, un peu moins pour d’autres, et seul le « Heroes » de Bowie, enregistré durant les séances du dernier LP du groupe, Bad Magic, présentera un réel intérêt. A l’époque, le trio avait préféré y inclure leur relecture du « Sympathy For The Devil » des STONES, que l’on retrouve bien évidemment parmi les douze morceaux étalés comme autant de témoignages du respect que Lemmy portait à ses pairs, lui qui avait forgé son style propre sans tenir compte des modes. Du Rock’n’Roll bien sûr, mais comment pouvait-il en être autrement ? Ian n’a toujours vécu que pour, et par ça, et avec deux covers des Pierres Roulantes, plus les éternels « God Save The Queen » des PISTOLS, « Roackaway Beach » des faux-frères RAMONES, la caution Punk est validée, comme elle l’était aux débuts du groupe, lorsque les journalistes avaient du mal à classer MOTORHEAD dans leurs colonnes.
Sans jouer les blasés, et en gardant ce qu’il faut de recul pour juger objectivement de cette entreprise assez discutable, Under Cover se pose en excellent résumé du recueil de citations du HEAD, qui n’a jamais été le dernier à taquiner les classiques de ses amis/influences/frères d’armes. On note que Lemmy n’a jamais été avare en termes d’ouverture d’esprit, puisqu’il se frotte au délicat RAINBOW (« Starstruck »), tout comme au viril et burné NUGENT (« Cat Scratch Fever »), en passant par les fardés TWISTED SISTER (« Shoot ‘Em Down »). On le retrouve même à speeder sur le terrassant « Whiplash » de nos METALLICA préférés, eux qui ont tant remercié Lemmy pour tout ce qu’il leur a apporté, et qui ont eux-mêmes gravé pour l’honneur une bordée de reprises de MOTORHEAD sur leurs propres EP.
Quelle est donc la conclusion à tirer de cette compilation dont chacun jugera de la pertinence et de l’intérêt ? Que MOTORHEAD s’est toujours approprié ce qu’il a joué, et qu’il a toujours transformé ce qu’il a touché en original presque dérobé. Il n’est pas difficile à l’écoute du classique « Breaking the Law » du PRIEST de comprendre que Lemmy n’a jamais joué autre chose que du Lemmy, sans pour autant manquer de respect aux hymnes qu’il a tripotés à sa guise. Si l’on retrouve sur cette première appropriation le son effilé des guitares de K.K. Downing et Glenn Tipton, le timbre rauque de la voix d’Ian nous ramène irrémédiablement dans le giron du HEAD, tout comme la frappe massive de Mikkey Dee.
Inutile de revenir sur certains cas précis, comme celui de « Hellraiser », entonné avec Ozzy, l’autre ami proche qui a tout subi mais qui est encore là pour en parler, ou sur celui de « God Save The Queen », que MOTORHEAD avait illustré d’un clip hilare et qui tombait à point nommé pour rappeler que les punks de 77 avaient suffisamment de culture et de flair pour savoir que Lemmy faisait partie des leurs, tout comme Sid ou Johnny. Punk, Rockeurs, Hard-Rockeurs, tous unis derrière la machine, pour un dernier tour de piste, qui malheureusement annonce une déferlante de coffrets, de vidéos, emballés à la hâte pour capitaliser sur une passion qui ne s’éteindra jamais. Mais en attendant ce raz de marée qui à n’en point douter fera rugir de colère les fans, prenons cette première compilation post-mortem pour ce qu’elle est, en faisant abstraction de son but mercantile. Le son est évidemment bon, tout autant que les originaux sur albums ou maxis pouvaient l’être, et l’enchainement est assez orgasmique, avec cette apothéose « Whiplash » qui nous remet en mémoire les finals de concerts d’époque, lorsque le quatuor/trio selon la configuration, finissait ses performances dans une orgie sonore de décibels et de BPM via l’immortel « Overkill » ou l’insurpassable « Ace of Spades ». Seul véritable inédit, « Heroes » de Bowie passe assez bien la rampe, dans une veine greasy qui pourra paraître incongrue, mais qui permet de découvrir le timbre si râpé de Lemmy dans ce registre plus intimiste qui lui allait comme un gant.
Tout ici est recommandable, mais ce constat est d’une lénifiante évidence…Nous le savions évidemment depuis longtemps, mais finalement Under Cover tombe à pic pour rappeler que Lemmy, avant d’être la star humble que nous connaissions, était d’abord un fin lettré Rock, qui aurait sans doute pu de son vivant nous offrir une encyclopédie de reprises plus nuancées, lui qui était fan de Berry, Richards, des BEATLES et de tant d’autres pionniers. Et comment refuser une autre rasade de MOTORHEAD, ce groupe qui pendant plus de quarante ans nous aura enivrés de vapeurs de gasoil en soupape de moteur, et de Rock survitaminé, transcendant les clivages et défiant les années, jusqu’à ce jour maudit ou Lemmy fut finalement rattrapé. Un jour de décembre, triste comme un Noel sans cadeaux.
Mais Lemmy n’aimait pas l’émotion facile, et il doit bien se marrer là-haut, nous regardant headbanguer au son de chansons qui ne lui appartenaient pas, mais qu’il s’était approprié. Un ultime pied de nez de la part d’un musicien qui ne nous aura que très rarement déçus, même en jouant des morceaux que tout le monde avait déjà entendus.
Live to win, born to lose ? Under Cover prouve au contraire que Lemmy a toujours gagné. C’est nous qui l’avons perdu.
Titres de l'album:
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