Under Sullen Skies

Tombs

20/11/2020

Season Of Mist

Second rendez-vous de l’année avec TOMBS, qui nous gratifie enfin d’un successeur longue-durée au révéré The Grand Annihilation, sorti il y a déjà trois ans. Nous aurions pu trouver le temps long, mais les originaires de Brooklyn s’arrangent toujours pour meubler les pauses par des EP’s, des live et des compilations, ce qui en dit long sur leur volonté d’occuper le terrain. D’ailleurs, depuis 2007, le groupe n’a jamais lâché la rampe, se construisant une discographie riche et solide, alternant les époques et les approches, mais ne renonçant jamais à sa philosophie de départ : refuser de se cloisonner dans un style, tout en restant allusif à des dizaines de genres. On les a taxés de tout je crois, Post Black, Post Hardcore, Black tout court, mais la musique des américains reste en 2020 ce qu’elle a toujours été : un melting-pot d’influences néfastes, un bouillon de culture létal, et aujourd’hui, quelques mois après la reprise de contact Monarchy of Shadows, chroniqué en ces colonnes, le groupe enfonce un peu plus le clou dans le cercueil de 2020 pour enterrer cette année de merde dans la fosse commune qu’elle mérite. Pourtant, pas de gros changement en quelque mois. Pas d’évolution du line-up toujours axé autour des quatre mêmes malfaisants (Mike Hill - chant/guitare, et leader incontesté, et son équipe reformée en 2018, Drew Murphy - basse/chœurs, Justin Spaeth - batterie, et Matt Medeiros - guitare), et un style qui a depuis longtemps trouvé sa forme définitive, à la croisée des chemins les plus sombres pour nous perdre dans la forêt de ténèbres d’une époque rongée par les conflits et les inquiétudes.

Ce qu’on note par contre, c’est que Mike Hill n’a plus peur du tout de choquer et de filer la nausée à ses fans. Là où The Grand Annihilation osait déjà les quasi cinquante minutes d’exploitation, Under Sullen Skies pousse le vice jusqu’à l’heure de souffrance, ce qui dans le cas de TOMBS représente un supplice non négligeable que les oreilles les plus sensibles risquent de ne pas supporter. Enregistré et mixé aux Fright Box studios de Clifton, New-Jersey, capté, produit et masterisé par Bobby Torres et flanqué d’un artwork signé Valnoir, Under Sullen Skies est en quelque sorte un état des lieux de nos temps troublés, et surtout, la synthèse de l’art du groupe, qui malgré son caractère outrancier, continue d’innover dans l’ignominie. Il est très difficile d’appréhender ce nouvel album comme le monolithe sonore qu’il est. Une seule écoute suffit déjà à plomber le peu d’espoir qui vous restait, et une écoute répétée vous condamne à regarder le premier tabouret et la première corde que vous voyez avec une résignation morne. D’ailleurs, le créateur qu’est Mike Hill est très conscient de cet état de fait, et décrit l’album en ces mots, très lucides :

« Under Sullen Skies delivers a blackened fury of extreme metal, intertwining a doom-laden melodic atmosphere with savage Brooklyn brewed brutality. While the lyrical content focuses on dark and foreboding tales of folklore and the occult, the overall mood captures the agonizing misery, furious vexation, and psychological turmoil that has ravaged humanity at present day. »

En gros, un mélange de Doom et de violence typiquement brooklynienne, et surtout, une obsession pour l’humanité qui arrive à son terme, et par propre faute. Pas de quoi se réjouir, mais personne n’a jamais été fleurir une tombe par plaisir, à part une veuve débarrassée de son riche mari, ou une fille enfin libre des abus de son père. Alors, entre mélancolie morbide, attaques soniques sans répit, ce nouveau chapitre de la saga des américains n’a pas de quoi réjouir les âmes blessées, mais reste honnête dans sa description d’un monde qui se précipite dans l’abysse sans ralentir son pas. On trouve de tout ici, de la brutalité sourde comme à l’époque des jeunes années, de la lancinance qui évoque la maturité, des allusions à Tom Warrior, mais aussi, une pléiade d’invités venus se joindre à la mise en terre. Jugez du peu du pedigree des guests qu’héberge ce mausolée de solitude : Dwid Hellion (INTEGRITY), Ray Suhy (SIX FEET UNDER), Paul Delaney (BLACK ANVIL), Todd Stern (PSYCROPTIC), Andy Thomas, ancien guitariste du groupe (BLACK CROWN INITIATE), ou encore Sera Timms (BLACK MATH HORSEMAN, IDES OF GEMINI). De quoi apporter une touche extérieure à des compositions solides, variées, qui se veulent autant d’allusions au patrimoine extrême américain de ces vingt dernières années.

Et comme d’habitude, lorsque TOMBS cite dans le texte, il ne se contente pas de formules toutes faites entre guillemets. Lorsqu’il se souvient de la Suisse de CELTIC FROST et des errances nocturnes de Tom Warrior, il le fait avec un respect digne de l’idolâtrie, comme en témoigne le long et processionnel « Secrets Of The Black Sun », qu’on aurait pu retrouver sur un tribute au FROST, joué par MY DYING BRIDE ou PRIMITIVE MAN. Il y a d’ailleurs une poignée de morceaux qui jouent la montre, sans jamais se montrer redondant ou bloqués sur une heure précise. La montre ne s’est pas brisée, mais comme toujours avec les américains, le temps passe différemment, plus rapidement la plupart du temps, mais parfois plus lentement. Et parfois, les deux en même temps, avec « Angel Of Darkness » et son intro étrange avec cette voix féminine qu’on imagine échappée d’un rêve mal contrôlé. TOMBS, même en expérimentant, n’a pas perdu cette force de frappe gigantesque qui a fait de lui le chef de file de la violence contemporaine américaine des années 2010. On s’en rend compte en affrontant les deux ou trois premiers morceaux de l’album qui refusent la continuité avec le BM des années 90, mais qui en empruntent les codes, comme d’habitude. Et l’intelligence du groupe et de son leader, une fois encore, est de ne jamais rester à la même place trop longtemps, et de jouer avec la falaise séparant le Doom et le BM, le Sludge et le Post Black, le Hardcore et le Punk, pour nous proposer la musique la moins accessible possible, mais aussi la plus viscérale. On s’en persuade en tentant de dénouer l’écheveau de « Void Constellation », rehaussé d’un solo purement Death Metal et d’un break ne l’étant pas moins, ou en encaissant la rudesse de « Lex Talionis » qui impose la loi du talion musical : blasts pour blasts, dissonance pour stridence, sadisme d’une basse coulée pour lignes de chant exhortées.

Beaucoup se diront que la somme d’informations se digère difficilement, et que la synthèse est impossible. C’est un fait, mais je ne saurais que trop vous conseiller d’affronter l’album en une seule fois, avant d’y revenir par petites touches pour en apprécier les trouvailles. L’ambiance anxiogène de « Sombre Ruin », le final logique mais presque ensoleillé de « Plague Years », l’interlude surprenant de « We Move Like Phantoms ». A la rigueur, on pourrait presque dire d’Under Sullen Skies qu’il est le Monotheist de 2020. Sans que le compliment ne soit galvaudé ou excessif.                                

              

                                                                                                                               

Titres de l’album:

01. Bone Furnace

02. Void Constellation

03. Barren

04. The Hunger

05. Secrets Of The Black Sun

06. Descensum

07. We Move Like Phantoms

08. Mordum

09. Lex Talionis

10. Angel Of Darkness

11. Sombre Ruin

12. Plague Years


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par mortne2001 le 08/02/2021 à 15:43
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