On pouvait légitimement s’attendre à un essoufflement du mouvement revival Thrash, mais visiblement, une quelconque atténuation de la passion n’est toujours pas à craindre. Si l’on en croit le volume de la production, et l’intensité des sorties proposées, le mouvement n’est toujours pas dans le creux de la vague, et surfe toujours à son sommet. Il se permet même quelques figures de style assez intéressantes, permettant de s’éloigner quelque peu des pirouettes en mimétisme absolu qui avaient tendance à plomber le genre. Et si l’on en croit l’envie, le mordant, l’allant et l’énergie développés par les américains de BLOODLETTER, le Thrash d’avant-hier a encore un bel avenir devant lui, aujourd’hui et après-demain, puisque leur premier album « presque » longue durée fait partie des productions les plus remarquables depuis longtemps. Précisons en préambule que les originaires de Chicago, Illinois, malgré leur discographie vierge de tout LP n’en sont pas pour autant des débutants, puisque leurs origines remontent à 2013, et qu’ils nous ont déjà proposé la bagatelle de deux démos (Demo 2012 et A Different Kind Of Hell en 2013) et trois EP (Malignancy en 2014, Bloodletter en 2016 et The Darkest Reaches en 2017), ce qui leur a donc permis de se forger une solide identité sur la scène, au point d’en incarner aujourd’hui une référence incontournable. D’ailleurs, nombreux étaient les fans à attendre ce premier LP au tournant, puisque l’approche du quatuor est indubitablement personnelle et variable. Chaque chapitre de leur histoire est marqué par un affinement du style, et cet Under the Dark Mark en représente une certaine apothéose, en osant la synthèse parfaite des trois EP déjà mis sur le marché.
Under the Dark Mark, Under the Sign of the Black Mark, le parallèle était trop tentant pour ne pas être établi, mais pour autant, inutile de chercher des accointances entre les BLOODLETTER et BATHORY, puisque les quatre instrumentistes (Pat Armamentos - guitare, Pete Carparelli - guitare/chant, Tanner Hudson - basse et Zach Sutton - batterie) se sentent volontiers plus affiliés à des références plus modérées et modulées. C’est ainsi qu’ils se réclament de SKELETONWITCH, TOXIC HOLOCAUST, ENTOMBED, SLAYER, REVOCATION, THE BLACK DAHLIA MURDER, EXODUS, IMMORTAL, KING DIAMOND, BLOODBATH ou MANOWAR, sans que toutes ces entrées ne soient d’importance dans leur parcours. Si les parallèles avec TOXIC HOLOCAUST et EXODUS restent assez pertinents, il conviendrait d’ajouter à cette liste les immanquables SOILWORK, AT THE GATES, mais aussi la fine fleur du Thrash mélodique de la fin des années 80, les TOXIK, les CORONER, moins la complexité technique, mais avec une fluidité toute aussi prononcée. Car malgré un timing très resserré (à peine vingt-sept minutes pour dix morceaux, pas vraiment généreux comme cadeau), cet Under the Dark Mark se montre plutôt prolixe en termes de plans dispensés et de galipettes rythmiques prononcées. C’est donc un nouveau visage que les américains nous présentent, une multifacette qui prend en compte les traits de caractère présentés à l’occasion des trois sorties précédentes, puisque selon Pete Carparelli lui-même, cet album « est aussi agressif que Malignancy, aussi technique que Bloodletter, et aussi mélodique que The Darkest Reaches ». Et l’homme a parfaitement raison, puisque les dix morceaux se montrent d’une homogénéité parfaite, et restent dans un cadre très balisé, qui n’empêche toutefois pas les musiciens de développer de beaux arguments. Il est dès lors assez difficile de mettre un morceau en avant plus qu’un autre, puisqu’ils sont tous d’importance, et qu’ils forment une fois assemblés une jolie symphonie à la gloire du Thrash intelligent et nuançant, très, très loin des copies carbone auxquelles l’underground nous a habitué depuis une dizaine d’années.
A partir de là, nous avons droit à un festival de riffs en tout genre, qui empruntent à DESTRUCTION, TANKARD, SOILWORK et pourquoi pas à CHILDREN OF BODOM de quoi alimenter leur bestiaire, tout en gardant le cap sur une orientation mélodique prononcée, pour ne pas sombrer dans l’agression pure et simple. On atteint alors des sommets de violence mâtinée de décence, comme le prouve un hit fatal de la trempe de « Coimetromania », qui nous offre en bonus un solo d’anthologie que Waldemar Sorychta aurait pu placer du temps de la splendeur de GRIP INC. Mais ce morceau n’est pas le seul point d’ancrage d’un album qui multiplie les actes de bravoure, à l’instar du démarrage en trombe de « March To The End », blasts en avant pour un salut de loin au BM le plus enclin à accepter ses forces et faiblesses, avant qu’une rythmique plus typique ne nous tombe dessus. Le travail accompli par le batteur Zach Sutton est d’ailleurs parfaitement remarquable, puisque le percussionniste enquille les plans comme un Dave Lombardo sous acides ou un Chris Kontos moins placide, et donne une impulsion infernale à des compositions qui ne demandaient déjà qu’à décoller. Chacun est parfaitement à son aise à son poste, et le frontman Pete Carparelli domine de ses intonations sarcastiques un instrumental diabolique, transformant chaque segment en tourbillon qui nous fait valser la tête dans un headbanging ininterrompu. Tout ça fait rêver, et suggère même un niveau comparable au meilleur WARBRINGER, quoique moins juvénile dans son approche. Ca saccade à mort, ça syncope fort, ça mutile les enceintes et caresse nos oreilles, et parvient même à défigurer un mid tempo écrasant pour lui faire épouser les contours d’un Techno-Thrash incroyablement efficient (« Beyond Belief »).
Inutile donc de cacher son plaisir et bouder son admiration, et autant reconnaître l’incroyable affiliation des BLOODLETTER aux plus grands groupes du style. En faisant preuve de respect des codes tout autant que d’un sens de l’aventure mélodico-thrashisant, les originaires de Chicago signent un manifeste de passion en tempête de furie, dévastant tout sur son passage. Et de « Beast In Black » estampillé 1988’ à « Possession » et son intro de guitares acoustiques vicieuses préfigurant une boucherie insidieuse, le résultat se travestit en tour de force, ouvrant un boulevard aux américains pour s’imposer sur le territoire européen. Un premier jet qui sent les années passées à peaufiner un répertoire, et qui confirme toute l’importance d’un quatuor qui sait manier la lame de rasoir.
Titres de l'album:
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