Si comme ça, à la volée, je vous balançais les noms de FULL OF HELL, GAZA, CURSED, NAILS, CONVERGE, PRIMITIVE MAN, INFEST, COLUMN OF HEAVEN, MAN IS THE BASTARD, IRON LUNG, HATRED SURGE, CORRUPTED, CULT LEADER, INSECT WARFARE, vous penseriez que je me livre au petit jeu de la liste presque exhaustive de tous les sauvages géniaux de notre siècle ? Vous auriez en partie raison, mais ce listing a pourtant un autre but, beaucoup plus précis, celui de recenser une partie des institutions auxquels les tarés de FRIENDSHIP ont été ou sont encore comparés à chaque fois qu’ils sortent un album. Etonnant de constater qu’un combo se baptisant « amitié » puisse être rapproché de psychopathes aussi endurcis, et pourtant, au petit jeu des comparaisons souvent excessif, celles-ci sont amplement justifiées. Justifiées dans la densité, la qualité et la diversité. Car ces japonais sont de la caste rare des allumés complets qui prennent un malin plaisir à mixer ce que la violence instrumentale a de plus abrupt pour produire le chaos le plus intense. Originaires de la Préfecture de Chiba, au Japon, les FRIENDSHIP n’en sont pas à leur premier coup d’enclume sur la cloche du désespoir, puisque Undercurrent succède au bien nommé Hatred, publié il y a un peu moins de deux ans, et qui révélait à un monde médusé un versant hautement agressif de la scène Blackened Hardcore japonaise. Enfin Blackened Hardcore, pas seulement, et beaucoup plus que ça, puisque dans les faits, ce combo noir comme une mine désaffectée en décembre se veut melting-pot des influences extrêmes les plus teigneuses qui soient, et mixe allègrement Hardcore, Crust, D-Beat, Grind, Death, le tout arrangé à la sauce Black légère, mais épaisse en même temps.
Autant dire que ces flingués ne craignent pas grand monde en termes de puissance et de chaos organisé. Se basant sur un principe d’alternance vélocité/lourdeur déjà largement éprouvé par les scènes US et allemande, FRIENDSHIP construit avec beaucoup de minutie des morceaux qui débordent de plans, tout en restant compacts et logiques. En se basant conjointement sur les enseignements rythmiques déconstruits de CONVERGE et DEP, et en y greffant la vitesse de croisière de la scène D-Beat suédoise et Crust anglaise, les japonais parviennent à insuffler à leur vilain Hardcore de sérieuses tendances au sadisme, en y plaquant des riffs tous plus ombrageux les uns que les autres, eux-mêmes aggravés par un chant rauque invectivant les masses avec véhémence. En résumé, une sorte de Math-Powerviolence, aussi cru que mûrement réfléchi, et qui combine le poisseux du Sludge, la rapidité du Grind et du Crust, la violence ouverte du Death Metal, le tout joué avec l’énergie d’un combo Hardcore n’ayant pas honte de ses accointances métalliques. Et avec une entame en forme de pied de nez Ambient toute en feedback, les japonais placent l’atmosphère sous le signe de la menace permanente, menace accentuée par une rythmique en chien de fusil capable de canarder les BPM à la vitesse des FULL OF HELL, mais aussi de plaquer les blanches avec la même classe pachydermique que SUMAC.
Le batteur nous donne d’ailleurs un rapide (très rapide) aperçu de ses capacités dès les premières mesures du terrifiant « Vertigo », qui a de quoi rendre bien des percussionnistes jaloux et vert de honte, avant que la course en avant ne se stabilise sur un tempo D-beat, lui-même régulièrement brisé de fills, de descentes affolées, et de coups de cymbale fermes. Ce morceau, le plus long du lot, est un aperçu probant de l’évolution du groupe, qui depuis Hatred a encore durci ses positions et sa musique, et qui s’affirme aujourd’hui comme un concurrent très sérieux de la branche extrême de l’extrême. En trois minutes et vingt-deux secondes, les FRIENDSHIP passent en revue toutes leurs influences et font étalage bruyant de leurs qualités, empilant sans vergogne les plans lourds et les attaques supersoniques, prévenant l’auditeur qu’il n’est pas là pour se faire cajoler, mais bien bousculer comme dans un pit surchauffé. « Punishment », en traquenard, les sanctionne d’ailleurs sans attendre, en reprenant les astuces précédentes pour les condenser et les densifier encore plus. On reste pantois face au talent d’un batteur capable de propulser la musique tout en se présentant sous son meilleur jour de dégénéré rythmique, et on se dit finalement, en moins de cinq minutes, qu’on a vraiment de la chance d’être tombé sur le fils illégitime de COMA CLUSTER VOID, FULL OF HELL et NAILS sans avoir eu à trop chercher.
Et ainsi tangue la barque sur des eaux tourmentées, ne ménageant jamais son coup de rame dans la tempête, pour nous mener au bon port de la violence. Les néophytes, sans doute pas vraiment au fait de la scène Blackened Hardcore reprocheront aux japonais un phrasé un peu trop systématique d’un morceau à l’autre, mais les initiés reconnaîtront évidemment la touche nippone qui transcende toujours ses références pour les adapter à sa culture. Certes, quelques morceaux se ressemblent, mais en prenant en compte la brutalité excessive avec laquelle le groupe appréhende ses constructions, il n’est guère étonnant de retrouver quelques gimmicks un peu répétés. Mais dans un style qui ne tolère que très peu les fantaisies et variations, les FRIENDSHIP font figure de défricheurs et d’innovateurs, et se permettent des figures de styles plus qu’intéressantes (le tourneboulé DEP/NAPALM DEATH de « Abandon », qui intronise ce batteur fou parmi les cogneurs les plus virulents). Ils parviennent même parfois à se réguler et à stabiliser leurs pamphlets, à leur manière évidemment, et « Hatred » en final de se poser en exégèse du Blackened Crust moderne, incarnant la quête d’ultra-brutalité absolue à laquelle tous les musiciens du cru prétendent un jour ou l’autre. Et si on connaît tous le principe traditionnel de la torture de la goutte d’eau chinoise, on connaît maintenant celui du parpaing perpétuel japonais. Guère plus humain, mais plus rapide et efficace.
Titres de l’album :
1. Demise
2. Vertigo
3. Punishment
4. Lack
5. Abandon
6. Fiend
7. Plague
8. Garbage
9. Wrecker
10. Hatred
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