Une fois de temps en temps, pas très souvent, un album parvient à synthétiser vingt ans de musique tout en ouvrant des perspectives. On pourrait en citer quelques-uns pour s’amuser, du Sgt Pepper des BEATLES jusqu’à The Fat of the Land de PRODIGY, en passant par SUICIDE, The Downward Spiral de NINE INCH NAILS, mais les exemples sont moins nombreux qu’il n’y parait. Tout simplement parce qu’il n’est pas si simple de regarder en arrière tout en ouvrant le champ des possibles, qu’il n’est pas donné à tout le monde de respecter les codes d’un genre tout en les cassant partiellement pour ouvrir une troisième voie diplomatique. Et en termes de Hardcore moderne, je n’aurais pas parié un chicot d’Harley Flanagan sur les chemises de CODE ORANGE à l’époque de leur éclosion. Il faut dire que les alors encore CODE ORANGE KIDS s’épanouissaient dans un Punk totalement générique, assumé de références toutes plus classiques les unes que les autres (BLACK FLAG, CONVERGE, INTEGRITY), que leurs albums, certes sympathiques ne provoquaient pas de sentiment particulier chez moi (même si je reconnais le début de professionnalisme de I Am King), et que l’aura qui commençait à se dessiner autour de leur destin avait tout d’un deal marketing à la Faust, sans la jeunesse éternelle. Comme tout le monde, j’ai assisté à la montée en puissance commerciale du groupe, j’ai pris acte de leurs accointances avec la WWE, de leurs liens avec les trendy SLIPKNOT, et de la façon dont le deal avec Roardunner les a fait accéder au statut supérieur. Mais aussi spécial et ouvert grand public fut Forever, j’étais encore loin de bombarder les CODE ORANGE employés du mois, leurs tentatives de séduction me rappelant trop de roublardise commerciale du passé pour vraiment voir en eux des musiciens capables de changer les choses.
Surtout que changer les choses en termes Hardcore, c’est soit, soit. Soit, pas grand-chose, mais Underneath a soudainement retenti dans mes oreilles, les laissant en chou-fleur pour le reste de la journée, sans abuser de breakdowns, de gimmicks et autres refrains pour hooligans sevrés de bière bon marché.
On ne va pas se la jouer, CODE ORANGE savait après Forever qu’il ne fallait pas manquer son coup et ne surtout pas parader avec un album moyen ou trop formaté dans les couloirs. Il leur fallait frapper le grand coup, celui qui à l’époque a fait basculer les PRODIGY, SLIPKNOT, LIMB BIZKIT, KORN du bon côté de la barrière de la gloire, et il est assez amusant de constater que les originaires de Pittsburgh ont choisi une intro comme « (deeperthanbefore) » pour entamer cet album. Vous me direz qu’une intro n’est qu’une intro, mais celle-ci louche tellement du côté de celles du KNOT qu’on en vient à se demander si les deux groupes ne sont pas encore plus liés qu’on ne le pensait. Cette voix de petite fille prononçant ce « let’s take a good look at you » sur fond de marasme d’arrangements sombres nous laisse à penser que les dernières productions horrifiques à la mode ne sont pas tombées dans les yeux et oreilles de sourds et aveugles, et on s’attend presque à voir débouler un « (SIC) », tellement l’analogie est frappante. Pourtant ce sont des sons à la SENSER/ATR qui nous bousculent, avec encore une fois, cette formule de Hardcore moderne à la limite du Beatdown qui nous écrase de ses stomps rythmiques et de sa dualité de chant hurlé. Un classique pour commencer, un truc qui ne prend pas trop de risques, parce qu’il faut convaincre le public Metal avant de lancer les œillades aux généralistes mainstream. Mais cumuler les deux, CODE ORANGE sait faire, depuis Forever qui n’hésitait pas à assumer son envie d’être aimé par le plus grand nombre de personnes. Mais si Forever était un brouillon fameux, de ceux que Roadrunner savait encore nous servir dans les années 90, avant de passer à des choses beaucoup plus sérieuses pour la crédibilité (TYPE O, SEPULTURA, FEAR FACTORY), Underneath est un monstre hybride, de ces albums que j’ai mentionnés plus haut, une œuvre violente, viscérale et ambitieuse, qui sans vraiment bousculer l’ordre établi, s’ouvre une quatrième dimension ou l’électronique, les riffs à la COAL CHAMBER, les attaques nivelées et les inserts mélodiques du futur cohabitent, se percutant sans cesse dans un espace-temps différent pour l’inspiration.
Et après avoir encaissé en pleine face « In Fear », on comprend bien que le but des américains n’était pas d’enregistrer un quatrième album. Mais bien d’enregistrer L’album, avec un L. Bien vu.
Les puristes du Hardcore se demanderont si j’ai perdu la raison, peut-être à juste titre, mais les puristes du Hardcore n’ont rien à faire ici et pour cause : ils ne sont pas concernés. CODE ORANGE avait beau citer les BLACK FLAG à l’orée de leur carrière, ils n’ont plus aucun lien aujourd’hui avec la scène, ressemblant plutôt à un groupe de Néo-Metal jeté dans les affres du Breakcore. J’exagère un peu l’image et veuillez m’en excuser, mais je peine à trouver des labels à coller sur leur dos. Avec des tueries comme « You and You Alone », on se joue des étiquettes, profitant d’un son énorme concocté par Jami Morgan épaulé par Nick Raskulinecz et Will Yip, Underneath sonne comme le monstre qu’il est vraiment. Alors bien évidemment, on peut légitimement se montrer agacer par la surdose d’effets électroniques et de breaks qui sifflent comme des balles dans un FPS. On peut se demander si les américains n’ont pas complètement cédé aux sirènes du succès quand on tend les oreilles sur « Who I Am », radouci de la voix de Reba Meyers. On peut aussi se dire qu’on a déjà entendu un truc comme « The Easy Way » chez LINKIN PARK, CROSSBREED, SPINESHANK ou SENSER. On peut aussi affirmer que les riffs utilisés sonnent tous génériques et Metalcore, sauvés de leur linéarité par des structures mouvantes et des arrangements finauds. Mais il est aussi possible de se dire que « Erasure Scan » redéfinit le Hardcore de papa et tonton en passant les MADBALL au prisme du vingt-et-unième siècle. Ou plutôt, en réconciliant les AGNOSTIC avec la génération SLIPKNOT, dont ceux-là font clairement partie. Mais ne négligeons pas le sens de l’équilibre et la surdose de testostérone de « Cold.Metal.Place », sur lequel Eric Balderose hurle jusqu’à se cramer le larynx. Et n’oublions pas aussi qu’un album qui désire explorer le futur tout en avalant le passé par la bouche du présent passe par des cases plus prévisibles et doit rependre des risques inconsidérés pour se distinguer de la masse. Quitte à se vendre. Quitte à vendre.
Pour autant, les CODE ORANGE sont-ils des vendus quand ils accommodent la sauce Post-Grunge au Hardcore plus posé via « Autumn and Carbine » ? Pour autant, la violence très « Get This » de « Back Inside the Glass » ne réconcilie-t-elle pas les maggots avec ATARI TEENAGE RIOT ? Mais faisons plus court finalement, le consensus n’ayant aucune chance de se dégager, spécialement dans une communauté aussi divisée que celle du Metal. Underneath est un album à part, une sorte de Music for the Jilted Generation abreuvé de Sense8, de Devs, de genres flous, et de cyberespace. Ce quatrième long de CODE ORANGE est une sorte de Cloud mondial, qui accumule les données, et les redistribue à sa façon. A vous de voir si votre connexion interne vous autorise un tel débit.
Titres de l’album :
01. (deeperthanbefore)
02. Swallowing the Rabbit Whole
03. In Fear
04. You and You Alone
05. Who I Am
06. Cold.Metal.Place
07. Sulfur Surrounding
08. The Easy Way
09. Erasure Scan
10. Last Ones Left
11. Autumn and Carbine
12. Back Inside the Glass
13. A Sliver
14. Underneath
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