Unexpected Presence

Lucifer Priest

12/04/2024

Autoproduction

Si vous avez déjà vu Deathgasm, excellent petit film de Jason Howden, vous vous souvenez sans doute de ce vinyle maudit que les deux héros exhument d’un passé qu’il aurait mieux fallu oublier. La pochette du premier album des brésiliens de LUCIFER PRIEST en est très proche, et donne quelques indications quant au contenu qu’elle cache. Qui est tout sauf du Black Metal maléfique, mais bien du gros Head n’Heavy à la mode eighties, un créneau qui devient plus occupé qu’un mètre carré parisien.

LUCIFER PRIEST vient de Fortaleza au Brésil, mais joue à l’européenne ou à l’américaine. Personne ne les blâmera pour ça, puisque leur premier album est un petit jukebox rempli de hits, de killers, sans fillers, et débordant d’une énergie qui n’oblige même pas à le brancher. Bizarre autant qu’étrange ? Non, simplement, une joie de jouer qui fait plaisir à entendre.

Ceci étant posé, le quatuor (Paulo Sales - basse/chœurs, Diego Mesquita & Anderson Wildfire - guitares/chœurs et John Naza - chant/batterie) ne s’est pas foulé pour sa présentation dans le grand monde. Même pas une demi-heure de musique, alors même que l’enthousiasme développé aurait pu porter l’effort à ébullition de trois-quarts d’heure d’euphorie. Les brésiliens ont donc joué la prudence, et c’est fort dommage. Car leur musique aurait très bien supporté quelques prolongations. Et en découvrant « Dancing Underfire », on déplore d’autant plus ce timing serré qui frustre terriblement.

Immédiatement, le quatuor se montre jumpy, bouncy, heureux de jouer un Hard-Rock simple tirant sur un Heavy Metal énergique et sympathique. On imagine clairement les musiciens jouer avec le sourire, tant leurs chansons sont euphoriques et traitées à l’hélium. En autoproduction, LUCIFER PRIEST s’en sort admirablement bien  au niveau du son, rond, chaud, précis et légèrement patiné d’encaustique. L’inspiration est inévitablement eighties, avec la NWOBHM en ligne de mire, mais aussi le Hard US le plus sautillant et démonstratif.

Car les gus ont un bagage technique certain, qu’ils mettent à disposition de compositions intelligentes, entre le boogie infernal et les tierces fatales. « Satan’s Command » en reste la plus belle illustration, avec son long passage instrumental rieur, réveillant Satan lui-même pour le convier à une fête donnée en l’honneur du mal qui fait du bien. Mais loin des galéjades faciles et autres calembours désastreux, Unexpected Presence se veut nuit étoilée et attroupement sélectionné, pour célébrer cinquante années de musique amplifiée.

Si les influences apparaissent assez vite, on s’autorise à les occulter, d’autant que LUCIFER PRIEST les a bien mixées dans le shaker. Le cocktail obtenu nous enivre légèrement, suffisamment pour s’oublier dans les premiers rangs, mais sans altérer notre perception des faits. L’alcool musical est donc bien présent, mais sans exagération pour éviter la gueule de bois vintage. On pense parfois à du vieux RATT repris par de sales gosses aux manières rudes et naïves (« Night of the Beast »), mais aussi à la vague anglaise de l’orée des eighties, lorsque les groupes sortaient de terre comme des champignons qui hallucinent Eugène.

Toujours est-il que malgré sa stature d’EP, Unexpected Presence fonctionne à pleins tubes. Les titres sont étudiés, peaufinés, mais suffisamment sauvages pour ne pas sentir le réchauffé ou le stocké dans un Tupperware. Avec un gros travail accompli sur les chœurs, et un brio incontestable au moment de jouer avec le tempo, les quatre brésiliens nous réservent de très bons moments chauffés à blanc, lorsque celui qui tient le micro se sent pousser des ailes dans le dos pour aller à la poursuite virtuelle de MAIDEN, du PRIEST et de DIAMOND HEAD (« Heavy Like Hell »).

Et si le final de l’album en appelle à l’héritage des sixties avec sa référence à l’acide, le ton reste dur, agressif, et ne vient jamais flatter la sensibilité hippie de soixante-huitards toujours pas remis de Monterey. On soulignera les quelques hésitations de gamme d’un chanteur pas toujours branché sur le bon opérateur, la solidité rythmique d’un axe basse/batterie homogène, et les interventions incessantes d’une paire de guitaristes qui n’ont pas les soli dans leurs poches.

Et l’un dans l’autre, ce premier album tonitruant et souriant n’est pas sans évoquer les débuts de la scène française Metal des années 1983/1984. Un repère comme un autre pour un trip immersif dans un passé que personne ne souhaite enterrer.

Mais si jamais les enfants de nos petits-enfants tombent sur ce disque dans une vieille maison abandonnée, qu’ils fassent attention avant de le jouer. On ne sait jamais quel démon il sera susceptible de réveiller.               

  


Titres de l’album:

01. Unexpected Presence

02. Dancing Underfire

03. Death Is Coming Soon

04. Satan’s Command

05. Night of the Beast

06. Heavy Like Hell

07. Acid Trip


Facebook officiel


par mortne2001 le 04/06/2024 à 18:16
78 %    225

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09