Si vous avez déjà vu Deathgasm, excellent petit film de Jason Howden, vous vous souvenez sans doute de ce vinyle maudit que les deux héros exhument d’un passé qu’il aurait mieux fallu oublier. La pochette du premier album des brésiliens de LUCIFER PRIEST en est très proche, et donne quelques indications quant au contenu qu’elle cache. Qui est tout sauf du Black Metal maléfique, mais bien du gros Head n’Heavy à la mode eighties, un créneau qui devient plus occupé qu’un mètre carré parisien.
LUCIFER PRIEST vient de Fortaleza au Brésil, mais joue à l’européenne ou à l’américaine. Personne ne les blâmera pour ça, puisque leur premier album est un petit jukebox rempli de hits, de killers, sans fillers, et débordant d’une énergie qui n’oblige même pas à le brancher. Bizarre autant qu’étrange ? Non, simplement, une joie de jouer qui fait plaisir à entendre.
Ceci étant posé, le quatuor (Paulo Sales - basse/chœurs, Diego Mesquita & Anderson Wildfire - guitares/chœurs et John Naza - chant/batterie) ne s’est pas foulé pour sa présentation dans le grand monde. Même pas une demi-heure de musique, alors même que l’enthousiasme développé aurait pu porter l’effort à ébullition de trois-quarts d’heure d’euphorie. Les brésiliens ont donc joué la prudence, et c’est fort dommage. Car leur musique aurait très bien supporté quelques prolongations. Et en découvrant « Dancing Underfire », on déplore d’autant plus ce timing serré qui frustre terriblement.
Immédiatement, le quatuor se montre jumpy, bouncy, heureux de jouer un Hard-Rock simple tirant sur un Heavy Metal énergique et sympathique. On imagine clairement les musiciens jouer avec le sourire, tant leurs chansons sont euphoriques et traitées à l’hélium. En autoproduction, LUCIFER PRIEST s’en sort admirablement bien au niveau du son, rond, chaud, précis et légèrement patiné d’encaustique. L’inspiration est inévitablement eighties, avec la NWOBHM en ligne de mire, mais aussi le Hard US le plus sautillant et démonstratif.
Car les gus ont un bagage technique certain, qu’ils mettent à disposition de compositions intelligentes, entre le boogie infernal et les tierces fatales. « Satan’s Command » en reste la plus belle illustration, avec son long passage instrumental rieur, réveillant Satan lui-même pour le convier à une fête donnée en l’honneur du mal qui fait du bien. Mais loin des galéjades faciles et autres calembours désastreux, Unexpected Presence se veut nuit étoilée et attroupement sélectionné, pour célébrer cinquante années de musique amplifiée.
Si les influences apparaissent assez vite, on s’autorise à les occulter, d’autant que LUCIFER PRIEST les a bien mixées dans le shaker. Le cocktail obtenu nous enivre légèrement, suffisamment pour s’oublier dans les premiers rangs, mais sans altérer notre perception des faits. L’alcool musical est donc bien présent, mais sans exagération pour éviter la gueule de bois vintage. On pense parfois à du vieux RATT repris par de sales gosses aux manières rudes et naïves (« Night of the Beast »), mais aussi à la vague anglaise de l’orée des eighties, lorsque les groupes sortaient de terre comme des champignons qui hallucinent Eugène.
Toujours est-il que malgré sa stature d’EP, Unexpected Presence fonctionne à pleins tubes. Les titres sont étudiés, peaufinés, mais suffisamment sauvages pour ne pas sentir le réchauffé ou le stocké dans un Tupperware. Avec un gros travail accompli sur les chœurs, et un brio incontestable au moment de jouer avec le tempo, les quatre brésiliens nous réservent de très bons moments chauffés à blanc, lorsque celui qui tient le micro se sent pousser des ailes dans le dos pour aller à la poursuite virtuelle de MAIDEN, du PRIEST et de DIAMOND HEAD (« Heavy Like Hell »).
Et si le final de l’album en appelle à l’héritage des sixties avec sa référence à l’acide, le ton reste dur, agressif, et ne vient jamais flatter la sensibilité hippie de soixante-huitards toujours pas remis de Monterey. On soulignera les quelques hésitations de gamme d’un chanteur pas toujours branché sur le bon opérateur, la solidité rythmique d’un axe basse/batterie homogène, et les interventions incessantes d’une paire de guitaristes qui n’ont pas les soli dans leurs poches.
Et l’un dans l’autre, ce premier album tonitruant et souriant n’est pas sans évoquer les débuts de la scène française Metal des années 1983/1984. Un repère comme un autre pour un trip immersif dans un passé que personne ne souhaite enterrer.
Mais si jamais les enfants de nos petits-enfants tombent sur ce disque dans une vieille maison abandonnée, qu’ils fassent attention avant de le jouer. On ne sait jamais quel démon il sera susceptible de réveiller.
Titres de l’album:
01. Unexpected Presence
02. Dancing Underfire
03. Death Is Coming Soon
04. Satan’s Command
05. Night of the Beast
06. Heavy Like Hell
07. Acid Trip
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