Allez, on revient à la charge une fois de plus, histoire d’achever de vous convaincre que « c’était mieux avant ». Visiblement, des milliers de groupes semblent le croire au vu de la densité de productions vintage qui nous engloutissent depuis ces dix-quinze dernières années.
Mais certains semblent y trouver leur compte, groupes comme public, alors pourquoi s’en plaindre ?
Et puis d’un certain côté, il faut avouer que lorsqu’on a dépassé un certain âge, oui, « c’était mieux avant ».
Mais avant quand au juste, parce que la fourchette temporelle est vaste quand même? Dans ce cas précis, c’était mieux dans les années 80, lorsque le Speed, le Thrash, le Black et tout ce qui était evil restait encore cantonné dans l’underground, et que tout restait à faire.
Depuis évidemment, la donne a bien changé, et l’extrême est devenu un cirque impitoyable ou chacun cherche à faire plus immonde que son voisin. Mais il y a trente ans et des poussières, même les combos les plus diaboliques gardaient encore un lien avec l’expression musicale intelligible, et certains semblent s’en souvenir, éprouvant même de grosses bouffées de nostalgie à l’évocation de leur scène nationale.
C’est certainement le cas des NIGHTPRÖWLER qui n’ont pas oublié les exactions de leurs voisins brésiliens et de leurs homologues européens et américains, de POSSESSED à MUTILATION, en passant par SEPULTURA, mais aussi MOTORHEAD, VULCANO, et toute cette scène bestiale qui savait faire capitaliser une technique approximative en poussant les boutons à fond.
NIGHTPRÖWLER est donc un groupe de Quito, Equateur, enfin, façon de parler. En effet, le « groupe » se résume à une individualité notable, celle de Dave Vicer (David Estrella pour l’état civil), qui depuis 2011 malmène ses cordes de guitares, ses cordes vocales, ses cordes de basse et ses peaux de tom pour nous convaincre du bienfondé de sa démarche en solitaire.
L’homme/musicien est prolifique et discipliné malgré son penchant pour la débauche, et a déjà produit trois EP en trois ans (Midnight Sacrifice, 2013, 666 Booze Nights Till Apocalypse en 2014 et Drunk Whores and Destruction en 2015), plus une participation à un 4-band-split en compagnie de RESTOS DE TRAGEDIA, GELO et OVER BLOOD en 2013.
Les années ont donc affûté et affiné sa vision qui finalement est toujours aussi grave et grasse, mais cathartique dans son refus permanent d’évolution musicale. Pour l’entrevoir et l’appréhender sans poser vos oreilles sur l’objet qu’est son premier LP Unholy Rawness, il suffit d’imaginer un mélange explosif du DARKTHRONE le plus N’Roll, du VENOM le plus paillard, du MOTORHEAD le plus Fast n’Roll et d’un brin de SODOM qui aurait su ralentir la cadence avant de sortir de la route du bon goût. Ajoutez à ça un brin de sauvagerie d’Amérique du Sud période 85/86, et une attitude frondeuse et déviante, et vous obtenez huit morceaux qui déboulent dans votre salon sans prévenir et qui dézinguent tout le mobilier.
On retrouve d’ailleurs sur ce premier longue durée des morceaux qu’on retrouvait déjà sur les précédents EP, mais pas d’inquiétude si vous les connaissez, puisque ces titres ont été retravaillés et réenregistrés. C’est donc un travail presque totalement inédit que nous propose Dave, qui couronne six années de présence dans l’underground, et qui confirme que l’homme n’a rien perdu de sa spontanéité.
La formule est efficace et sommaire. Du Speed revu et corrigé BM des origines (VENOM), avec une pointe de Thrash glauque à la FROST quand le tempo décélère, des tonalités graves qui se répercutent en écho pendant une demi-heure, et surtout, le minimum de variations pour ne pas diluer le bordel ambiant. Non que la musique de NIGHTPRÖWLER soit particulièrement brutale, mais son statisme et son refus de toute modulation la rendent monolithique et éminemment sauvage, et adressée aux fans les plus exigeants de Heavy/Speed blackisé primaire et primesautier.
Tout ça n’engendre pas la tristesse, même si la linéarité de l’entreprise n’échappera à personne. Hormis quelques changements de tempo de ci de là, Unholy Rawness n’a pas été baptisé au hasard et fonce droit devant, ne ralentissant que pour éviter de se vautrer trop vite dans les bas-côtés.
Mais une simple lecture des titres vous en dira plus que n’importe quel discours, et vous comprendrez vite que la modernisation et l’adaptation à l’époque ne sont pas des thèmes qui intéressent Dave. Lui aime parler de femmes de petite vertu, de diablotins velus, de boissons fortes et autres déesses de l’enfer charnues, à qui il dédie une musique crue qui vous ramènera dare-dard dans les mid 80’s.
Chacun ses goûts après tout.
Son premier LP a donc les défauts de ses qualités, et l’inverse, mais reste admirable de conviction et de franchise. Il dispose en outre d’un bon son, équilibré mais abrasif, distordu mais intelligible, qui laisse pas mal d’écho et de réverb’ planer sur le chant tout en préservant la pureté des guitares qui sonnent comme de jolies scies sauteuses en mode 1000 tours minute.
Alors certes, les plans de batterie ne sont pas toujours hyper calés sur le clic (un petit clin d’œil à Witchhunter de SODOM peut-être ?), certes les riffs sont interchangeables, certes le chant est monolithique, mais après-tout, le contrat est clair et ne comporte aucune clause écrite en minuscules histoire de vous la mettre bien profond. Et puis, quand le maître imite à la perfection une rencontre improbable entre MOTORHEAD et POSSESSED (« Drunk Whores and Destruction », limite VONDUR dans la justesse des guitares quand même), on se laisse amadouer et on s’envoie une bonne rasade de musclé.
Sinon, ben, du Speed évidemment, presque tout le temps, quelques plans médians méchamment Rock, et un truc bien bestial qui flirte avec un Crust modéré dans les moments les plus sauvages (« Midnight Sacrifice », irrésistible dans son pastiche de DISCHARGE revu et corrigé DARKTHRONE), des longueurs inévitables (« My Boot over the Face of Christ »), mais beaucoup de plaisir, simple et direct.
En fait, et pour donner dans la description honnête, Unholy Rawness est une grosse fête organisée en l’honneur du malin, un machin qui commence à minuit et qui finit à minuit et demi, mais qui laisse la vieille maison abandonnée encore plus délabrée et jonchée de bouteilles et autres déchets.
Pas la célébration la plus fine qui soit, mais un truc qui vous fera prendre votre pied ou les jambes à votre coup. Alors, « c’était mieux avant » ?
Faut voir.
Ça dépend.
Titres de l'album:
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27/03/2025, 20:18
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26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
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26/03/2025, 11:24
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26/03/2025, 08:33
Boycott de ces deux festivals. La bêtise ambiante fait de l'alpinisme, toujours en quête de nouveaux sommets.
26/03/2025, 07:52
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25/03/2025, 09:21
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24/03/2025, 19:45