La photo officielle dégage une drôle impression. Ces trois mecs au centre, le perfecto luisant, le cheveu pendant et le jean délicatement plissé, entourés par ces deux bûcherons qui semblent échappés du centre local des victimes passives de la NOLA, le sentiment est étrange, comme si la Californie des années 80 s’était faite arrêter par la Nouvelle-Orléans de la décennie suivante, pour tenter un crossover entre gras glauque et saccades hautes. Mais heureusement, il n’en est rien, puisque même avec ce line-up à l’allure disparate, WORLD DECAY s’épanouit dans un Thrash classique, bien fait, énergique, et saccadé comme le débit de parole du petit neveu Kevin, avide aux acides et autres dérives hallucinogènes.
WORLD DECAY vient de Diepenbeek en Belgique, mais pratique un Metal à moitié allemand, et à moitié américain. Ce premier album qui vient sanctionner x années de pratique est donc très important pour ce quintet qui a crânement joué sa carte sans se demander si leur main allait remporter le tapis.
Dries Schouteren, Vince Bradley, Bram Nijssen, Bryan Heremans & Ben Vervoort, un casting, une passion, une action. Celle de s’accrocher aux wagons de la locomotive vintage pour arriver en gare de la nostalgie sans retard. Une mission comme une autre, qui est menée de front par des centaines de groupes de par le monde, qui s’acquittent plus ou moins bien de leur tâche. Entre tâcherons et taches sur le napperon, la mouvance old-school ne peut malheureusement pas s’appuyer sur tous ses défenseurs, et se retrouve souvent fort marrie de n’héberger que des parasites honnis.
Mais heureusement, de temps en temps, des olibrius relèvent le niveau. Ce qui est le cas de nos chers WORLD DECAY.
Nos cinq belges ont retenu la leçon la plus importante. Celle qui vous démontre qu’un excellent album de Thrash se doit d’être agencé, réfléchi, dosé, et construit comme un crescendo avec son lot de fulgurances et ses instants de patience. Inutile donc de vous attendre à une course contre la montre qui finit toujours par gagner, mais bien à un sprint fractionné, le plus musqué, mais aussi le plus cathartique. Et c’est pour cette raison que le groupe ne part pas à bride abattue dès le coup de feu entendu, préférant un départ puissant et musclé à une avancée affolée.
Ainsi, « Wendigo » chauffe le mid tempo, sur riffs costauds. Très solide et dans une veine de réconciliation entre ANNIHILATOR et OVERKILL, ce premier titre en dit plus long qu’il n’y parait sur les intentions et le talent des belges, qui ont visiblement tout compris au Thrash de premier prix, celui qui syncope et qui cavale comme un dératé, tout en sachant raison garder. Loin de chiens fous déambulant dans les rues d’une mégapole vide en cherchant des mollets à croquer, les WORLD DECAY sont des gens posés, qui ont écouté des kilomètres de Thrash avant de le pratiquer, et qui en offrent une version concentrée, soupesée, mais nerveuse comme un nouveau-né qui essaie de démonter son mobile.
Un mobile avec des cranes, des petits os d’animaux et la moustache du chat qui pend comme des poils sous des aisselles.
D’une cadence raisonnable mais suffisamment montée en mayonnaise pour flatter les voisins allemands, Unholy Sacrifice n’a rien de païen, et respecte au contraire les dogmes les plus enracinés dans la culture californienne, new-yorkaise et germaine. En résulte un entre-trois qui n’a jamais froid, et qui connaît le sens des mots souplesse et groove.
Un peu SLAYATOR, un peu KREAYER, subtilement ASSASSINATOR, et modérément TESTAKILL, WORLD DECAY montre un visage très professionnel, et une méthode essentielle : le mélange, le triage, l’amalgame et l’assimilation. On prend un peu de tous les côtés, et on y ajoute son sérieux vérifié. Ce qui nous donne de gros pétards comme « From Womb to Tomb », modèle de mosh n’pioche dans le tas pour te faire une main impeccable. Pas avares en idées classiques mais iodées, les cinq belges démontrent qu’ils ne sont pas allergiques aux mélodies (« Raiders of the Holy Land » majestueux mais bien furieux), qu’ils ne crachent pas sur un brin de solidité médium qu’ils explosent au tonneau de rhum (« Slow and Painful », plutôt rapide et euphorique, mais bon, dans le doute), et qu’ils sont parfaitement capables de se débrouiller seul tout en se bricolant un son enviable et profond.
Sec, agité, saccadé, Unholy Sacrifice a de faux airs de KREATOR perdu en villégiature à San Francisco entre 1987 et 1990. La rigidité au service de l’assouplissement, pour un achèvement définitif, et des hymnes à n’en plus pouvoir hurler. « Goat Rider », aplatissant, « Burning Sun », malin et ludique, mais rapide comme une tique, et « World Decay », title-track conséquent, les fautes de goût sont aux abonnées absentes, et le bilan est franchement positif.
De l’allant, des moyens techniques et une imagination certes classique, mais effective, des arguments qui permettent aux belges de WORLD DECAY de soigner leur entrée dans le petit monde du rétro-Thrash. On se prend déjà à rêver d’une discographie conséquente, et des concerts homériques et atomiques. Soyons patient, tout vient à point à qui sait attendre.
Comme les steaks.
Titres de l’album :
01. Wendigo
02. From Womb to Tomb
03. Raiders of the Holy Land
04. Trebuchet of Hell
05. Slow and Painful
06. Descending Into Madness
07. Goat Rider
08. Burning Sun
09. Unholy Sacrifice
10. World Decay
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