Voilà un retour qui fait bien plaisir, celui des franciliens de BEER BREATH. Il y a déjà quatre ans, je prenais acte de leur fougue en chroniquant leur premier EP Story of a Decayed Life, et j’attendais avec une impatience non feinte la confirmation de ces bonnes impressions. Il est donc tout à fait charmant de retomber sur ces musiciens au détour de 2022, une fois encore armés jusqu’aux dents, encore saines malgré le décapsulage en règle de nombreuses canettes de bière. BEER BREATH, de loin, donne encore le sentiment d’être une assemblée de pochtrons limant le zinc des bistrots en rabâchant des histoires entendues cent fois. Mais de près, et une fois l’haleine chargée encaissée, ils présentent un visage tout à fait différent, beaucoup plus sobre dans l’incarnation, et totalement sain dans la composition.
D’où ce nouveau petit bouquet de saynètes, sept au total, comme pour le premier album. Des saynètes au goût du jour, traitant de cas de société, de problèmes du quotidien, et toutes les saloperies cachées par les industriels, le gouvernement et autres consortiums et lobbies avides de dividendes. En singeant le trait de Géricault et son radeau de la méduse, les franciliens nous offrent donc le spectacle d’un naufrage déjà vécu, et qui aujourd’hui s’est transformé en galère à mener où le vent veut bien nous porter. Musicalement, la donne est la même, avec toujours en exergue ce mélange de Thrash, de Death, et tous les extrêmes qui tiennent sur l’embarcation de fortune, pour une colère qui éclate à la moindre note et à la moindre impulsion de grosse caisse.
Unholy Street Ceremony est donc un nouveau tableau extrême brossé avec beaucoup d’acuité par les quatre marsouins agités (Charogne - basse, Anciles - batterie, Captain - chant, Maxime "Pantin" L'Hoir - guitare). On y retrouve les ingrédients qui avaient fait monter la mayonnaise il y a quatre ans, mais aussi de sérieux progrès dans l’utilisation des condiments les plus épicés. Difficile dès lors de situer les BEER BREATH sur un échiquier quelconque, leur art tenant tout autant d’un Death moderne et précis que d’un Thrash vraiment méchant, furieux et venimeux. Et dès la première attaque éponyme, les cloches sonnent et l’anti-venin fait la guirlande dans le sac à dos : « Beer Breath », l’un des deux morceaux les plus longs de l’album est une entrée en matière dantesque, truffée d’effets sonores dignes d’un b-movie glauque et sale.
On prend note immédiatement d’un son monstrueux, qui amalgame chaque instrument dans un ragout géant, sorte de blob du terroir qui avale tout sur son passage. BEER BREATH, après quatre ans de silence gueule encore plus fort qu’avant, et ne compte pas jouer les seconds rôles. Il faut dire que cette affaire a été rondement menée, et avec un professionnalisme admirable. On tremble sous les coups d’une double grosse caisse sans baisse de régime, on chope un torticolis de fou en essayant de suivre les changements de thème et de tempo, et on s’écorche la gorge à imiter ce vilain Captain qui hurle comme un négrier sur une galère. Les quatre compères présentent un profil très uni, et ce deuxième album/EP fait montre d’une maîtrise et d’une précision rare dans la violence la plus extrême. Beaucoup plus brutal, beaucoup plus viscéral, Unholy Street Ceremony est une messe noire de rue célébrée la bière atomique à la main, avec une foi sans faille en ce Dieu porcelaine qui accueille bien des décharges après des nuits trop agitées.
D’aucuns argueront que le tout est classique, ce qui n’est pas faux mais pas totalement vrai non plus. Si la trame de fond est assez formelle, les arrangements et bruitages divers densifient encore un peu plus le propos, et accentuent ce sentiment de chaos qui se dégage de toutes les pistes. Nous faisons donc face à un vrai travail consciencieux, caché derrière un esprit potache sur le papier, mais socialement concerné. Bien sûr, les calembours sont sympathiques (« 8,666 », il fallait oser la bière bon marché et satanique qui bourre avant de bourrer…par derrière), les déformations assez finaudes (« Seven Healthy Sins », ou les sept péchés dans la capitale pour garder la santé), et les aveux sincères (« Freedom by Being Wasted », ou comment s’affranchir des carcans de la société en picolant plus que de raison).
Et l’un dans l’autre, entre ces astuces de guitare bien senties, ces quelques mélodies masochistes qui se laissent fouetter jusqu’au sang, ces syncopes qui donnent le tournis comme sur des montagnes russes en bois d’occasion (« Insane »), et un final glauque comme une partie de fléchettes entre David Vincent et George Corpsegrinder (« Last Kiss of a Coward »), BEER BREATH prouve une fois de plus qu’il n’est pas qu’une galéjade pour alcooliques en manque de degrés, mais bien un projet viable, monté par des musiciens qui n’aiment rien de plus que le tongue-in-cheek, mais qui abordent toujours l’aspect artistique avec sérieux.
Alors les gars, merci d’être revenus, et la prochaine tournée est pour moi. Enfin avec vous. Bref, vous m’avez compris.
Titres de l’album :
01. Beer Breath
02. 8,666
03. Seven Healthy Sins
04. Freedom by Being Wasted
05. Insane
06. Great a Tuborg
07. Last Kiss of a Coward
une belle découverte
Putain c'est vachement bien
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