Serafino Perugino est décidément un vieux filou. Non content de nous inonder des sorties aux couleurs chatoyantes de son label, le CEO s’amuse beaucoup à se constituer un harem de supergroupes, réunissant des musiciens du passé et du présent autour de projets fédérateurs, histoire de se faire un peu de pub et aussi, par la même occasion, de nous offrir des disques/cadeaux qu’on n’aurait jamais pensé trouver sous notre sapin de Noël. Si parfois l’alchimie ne dépasse pas les frontières (sic) du Pôle Nord et nous condamne à souffrir des errances et balbutiements d’instrumentistes en plein délire ego maniaque, de temps à autres, la recette est appliquée avec passion et magie, et transforme le Metal en or, nous enrichissant de mélodies hargneuses et racées comme le dos d’un renne enneigé. Mais il faut reconnaître qu’un des coups de maître du gourou italien reste cette combinaison improbable entre un athée convaincu et un chrétien confondu, qui une fois enfermés dans la même pièce, ne débattent pas (forcément) des implications respectives de leurs (non) croyances, mais font parler leur manche et leur gosier d’une façon tout à fait constructive.
Franchement, auriez-vous parié un jour sur la rencontre improbable entre Michael Sweet de STRYPER et George Lynch de DOKKEN ? Pas vraiment, et pourtant, leur premier effort en commun à surpris tout le monde de son incroyable qualité, prouvant une fois n’est pas coutume que l’addition de deux talents individuels débouche parfois que des qualités globales encore plus grandes. Alors, premiers pas plein d’assurance, mais les deux lascars ont-ils gardé leur avance ? A l’écoute de cet Unified au titre fort bien choisi, la réponse est oui. Mais pas le petit oui en minuscules, le grand OUI avec les majuscules que méritent ces deux musiciens aussi indispensables qu’imprévisibles.
Entourés d’une section rythmique atomique à l’abattage fin mais corsé, juxtaposant la basse de James LoMenzo (MEGADETH, WHITE LION, BLACK LABEL SOCIETY) et la batterie de Brian Tichy (THE DEAD DAISIES, WHITESNAKE), Mr Scary and Mr Holy s’en donnent à cœur joie dans l’affrontement du missel et de l’agnosie en six-cordes, et se livrent à une joute musicale de très haut niveau, qui non seulement égale leur performance passée, mais se permet même de la dépasser en termes de variété et d’intensité. En onze morceaux diversifiés, les deux américains parcourent une étendue de genres assez conséquente, naviguant à vue d’un Heavy très cru (qui rappelle d’ailleurs beaucoup les derniers STRYPER, chœurs compris) à un Pop-Rock plutôt cossu, agrémenté d’arrangements de luxe et d’une production qui l’est tout autant… Enregistré au Spirithouse Recording Studio de Northampton, Massachusetts et produit par Michael Sweet himself, cette nouvelle épitre des SWEET & LYNCH est une véritable déclaration d’amour adressée à un Hard-Rock racé, et surtout, la preuve ultime que la collaboration entre ces deux artistes est viable sur la durée, malgré leurs divergences de point de vue. Me direz-vous, à juste titre, leurs convictions n’engagent qu’eux, et seule la musique importe, et de ce côté-là, nous sommes envisagés comme des enfants à gâter. Entre éboulements Heavy en furie (« Promised Land », STRYPER multiplié par DOKKEN, multiplié par une jeunesse retrouvée égal une explosion d’énergie à convertir n’importe qui), et demies ballades satinées et policées (« Tried & True », du feeling Soul à revendre pour un faux gospel à reprendre. En chœur évidemment…), le parcours est un sans-faute flagrant qui satisfera petits et grands, jeunes et vieux, fans et néophytes, et tous les autres aussi…
Evacuons d’emblée la question des talents individuels, qui ne sont plus à souligner depuis longtemps, mais soulignons quand même pour la forme que Michael chante toujours aussi magnifiquement, se montrant toujours aussi convaincant dans ses modulations subtiles et ses envolées lyriques. Il faudra quand même un jour réhabiliter sa réputation pour le faire enfin entrer dans le Hall of Fame des plus grands vocalistes de l’histoire, même si ses fans l’y ont intronisé depuis longtemps…Quant à Lynch, il fait du Lynch, en moins expérimental et moderne que ses productions multiples récentes, lui qui maintenant au sein de son LYNCH MOB s’amuse beaucoup à détourner les codes qu’il a lui-même inventés.
Rayon surprises, pas de gros étonnement kinder, même si certains morceaux fleurent bon le patrimoine classic Rock US (« Unified », étrange morceau éponyme qui frise les bouclettes d’une Pop-Rock subtilement psychédélique au solo d’anthologie, et qui réconcilie les KING’S X et DEL AMITRI), alors que d’autres se perdent avec bonheur dans les méandres d’un Hard décomplexé et sombre dans ses allées (« Afterlife », si c’est ce qui nous attend une fois trépassé, je veux bien aller swinguer aux Enfers ou aux Paradis anonymes unifiés). Le tout ne sonne pas plus STRYPER que DOKKEN, même si Michael aime à voir en ce projet les lumières retrouvées des néons des charts autrefois approchés. Ici, rien ne sonne trop délibérément années 80, même si le fond est profondément ancré dans la conscience collective des musiciens impliqués. Si certains morceaux n’auraient pas dépareillé dans la carrière solo du chanteur/guitariste à taille et couleur de guêpe (« Bridge Of Broken Lies »), d’autres à contrario sonnent un peu décalés, comme ce final percutant « Live To Die » que Joey Tempest et John Norum auraient pu composer. Les lyrics du messager divin sont toujours aussi pétris d’empathie et d’une foi indéfectible et infinie (« Find Your Way », pas difficile au milieu de ce déluge de Hard groovy et EXTREMEment funky), mais qu’importe le flacon d’eau bénite pourvu qu’on ait l’ivresse du Rock qui crépite, ce que « Better Man » prouve de son refrain d’airain.
« Bien qu’on ne se reconnaisse pas dans les croyances de l’autre, nous nous respectons assez pour ne pas que ça interfère entre nous ».
Cette déclaration très lucide et honnête de Michael ne l’empêche pas de placer quand même quelques arrangements vocaux angéliques dignes de la doublette To Hell With The Devil/In God We Trust de son groupe originel (mais ça n’est pas un péché pour autant…), sur le superbe « Walk », aux paroles une fois encore dégoulinantes de bienveillance envers les doctrines qui régissent sa vie. Mais après tout, ces mêmes croyances ne lui ont jamais interdit de faire du Rock, et c’est tant mieux pour nous. Et si Lynch se montre globalement plus discret qu’à son heure de gloire au sein de DOKKEN, son jeu a gagné en concision et maturité, et se pare d’atours bluesy tout à fait enchanteurs. Mais certains débordements de virilité ont dû lui rappeler le pourquoi du comment de son fameux surnom (« Make Your Mark », qu’on aurait pu trouver sur un des meilleurs albums de BLACK COUNTRY COMMUNION, c'est-à-dire n’importe lequel…), en le laissant tailler dans le gras céleste de quoi rassasier la soif de sang du malin. Alors, cette association de bienfaiteurs athée et chrétien, est-elle susceptible de donner naissance à un nouveau culte plus serein ? Absolument, et Serafino doit s’en frotter les mains. Ses poulains se sont encore montré à la hauteur de leur destin, en nous livrant l’un des albums les plus variés et puissants de son écurie. Une voix angélique, une guitare diabolique, l’osmose était contre nature mais se révèle encore une fois sure. Et si jamais vous voyez ces deux-là sur le perron de votre maison, soyez rassuré. Ils ne viennent pas vous refiler des bibles ou prêcher, mais seulement jouer. Et c’est finalement ce qu’ils savent faire de mieux…
Titres de l'album:
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