Célébrons le retour d’un autre brutos de la fin des années 80, un an après le comeback surprise d’EXHORDER pour nous offrir un Mourn the Southern Skies impeccable. Certes, EVILDEAD n’a jamais joué dans la même catégorie que les enragés de Louisiane, et si leurs deux albums proposaient à l’époque un Thrash impeccable et presque old-fashion pour son époque, ils n’en restaient pas moins des héros de seconde division au CV déjà chargé. Formé en 1986, EVILDEAD était alors plus connu pour les implications passées de ses membres fondateurs, et les séjours de Juan Garcia au sein d’AGENT STEEL et ABATTOIR, ces derniers ayant aussi vu passer en leur sein le chanteur Phil Flores et le batteur Rob Alaniz, alors que Karlos Medina avait lui aussi taquiné sa basse dans AGENT STEEL. Et presque trente ans après leur dernier témoignage discographique, les mêmes reviennent, remontés comme des pendules à l’heure de la Bay Area pour signer le troisième chapitre d’une saga qui avait trouvé son épilogue en 1995, après la sortie de Live....from the Depths of the Underworld et d’une ultime démo en 1994 (Terror). Mais ne nous leurrons pas, aussi réussi fut The Underworld, c’est bien Annihilation of Civilization qui marqua les esprits des thrasheurs en 1989, alors justement que le Thrash de papa cédait violemment la place au Death de fiston, la Floride remplaçant la Californie dans le cœur des fans d’extrême. Mais aujourd’hui, nous sommes en 2020 (comment l’oublier…), et le Thrash a retrouvé ses lettres de noblesse depuis longtemps, la jeune génération admirative de l’ancienne donnant envie aux anciens héros de repartir sur le champ de bataille pour tirer quelques cartouches avant la retraite définitive.
Remis en selle par un deal avec SPV/Steamhammer, EVILDEAD revient donc nous prouver qu’il n’a rien perdu de sa superbe, et rien que le line-up historique à des allures de vieille photo de classe. On retrouve donc dans le groupe trois de ses membres fondateurs, Rob Alaniz (batterie, parti en 1990), Juan Garcia (guitare, le seul membre permanent de la formation), et Phil Flores (chant), et deux autres qui ont aussi largement contribué à la légende, Albert Gonzales (guitare) et Karlos Medina (basse), mais aussi d’autres acteurs de la scène d’époque aussi importants que le groupe. La pochette a ainsi été soignée par le mythique Ed Repka, dont on reconnaît immédiatement le trait, et la production par Bill Metoyer (D.R.I, FLOTSAM & JETSAM, SACRED REICH, ATROPHY, TOURNIQUET, SAVAGE GRACE, SLAYER), soit la fine fleur des représentants Thrash d’une époque qui n’a de cesse de revenir à la mémoire. C’est donc un véritable pèlerinage en terre sacrée que nous propose United $tate$ of Anarchy et ses dollars judicieusement et malicieusement placés, et un pur album de Thrash californien, tels qu’on pouvait les savourer il y a trente ans. Pour ce faire, le groupe n’a pas eu à changer ses habitudes, à tel point qu’on a parfois l’impression d’entendre des classiques de l’époque, avec ce très syncopé et entêtant « Without A Cause » qui ressemble à s’y méprendre à une autocitation de « Annihilation of Civilization ». Car oui, même après trois décennies d’absence discographique (le groupe s’était brièvement reformé entre 2008 et 2012, sans ne rien produire d’autre qu’un single, « Blasphemy Divine », que l’on retrouve ici), Juan et ses complices n’ont pas perdu la main, et n’ont pas l’intention de jouer autre chose que ce qu’ils ont toujours joué.
Il est donc tout à fait raisonnable d’envisager United $tate$ of Anarchy comme la suite logique de The Underworld, voire l’album qui aurait pu être proposé à sa place pour reprendre le flambeau d’Annihilation of Civilization. Rien de neuf sous le soleil de Los Angeles, mais une envie qu’on sent dès les premières mesures, et une jeunesse retrouvée, certainement amplifiée par le désir de montrer aux petits jeunes que les anciens sont encore capables d’en découdre. Les fans de la formation ne seront donc aucunement déstabilisés par les neuf morceaux originaux, qui dès l’entame « The Descending » reprennent à la lettre la formule employée à la fin des années 80. Inutile donc de vous attendre à autre chose qu’un Thrash simple, franc et massif, de celui qu’on savoure réchauffé trois ou quatre fois par semaine, mais préparé cette fois-ci par de grands chefs de la seconde division et de la troisième vague Thrash ricaine. La voix de Phil Flores est toujours aussi mordante, et les chœurs à la MADBALL toujours aussi efficaces, EVILDEAD continuant d’accommoder son Metal à la sauce légèrement crossover. Et si le groupe incarnait plus ou moins la frange extrême du Thrash de la fin des années 80, il se place aujourd’hui dans une moyenne de brutalité et de fluidité, proposant des chansons qu’on peut anticiper sans peine, et ne prenant ainsi aucun risque. Et à la différence d’EXHORDER qui a été capable de se transcender pour sortir l’album de sa vie, signant ainsi son retour en lettres de sang, EVILDEAD se satisfait très bien d’un simple panaché de ses deux seuls témoignages, les résumant en moins de quarante minutes pour ne pas trop s’incruster.
On ne risque donc pas la lassitude, mais on ne peut pas non plus saluer la performance, malgré la qualité constante de l’écriture, dans un créneau plus que classique. Les riffs sont efficaces et formels, le phrasé ferme, la rythmique constante et pulsée, et si le tout sent quand même un peu le réchauffé, la joie de retrouver un groupe que l’on a vraiment aimé prend le dessus. L’utilisation un peu systématique d’un up-tempo joyeux pourra rebuter les fans de violence ouverte, mais le très DEATH ANGEL « Napoleon Complex », ou l’ambitieux « Seed Of Doubt » sauront satisfaire les fans d’un Thrash non édulcoré, et joué trempé dans son jus. Le son concocté par Bill, clair et joyeux est évidemment impeccable, quoique parfois un peu trop clean, mais les accélérations fulgurantes (« Blasphemy Divine », replacé avec flair) et les associations heureuses (« A.O.P. / War Dance ») permettent à United $tate$ of Anarchy de largement passer la barre, et de s’inscrire dans les réussites old-school de son temps. En plus, en cadeau incongru, la bande nous emballe une reprise rigolote de la scie radiophonique « Planet Claire » des B-52's, qui trouve ici un éclairage moins robotique tout en respectant la cadence et le style de l’original. Alors, des chansons prévisibles mais efficaces, une production nickel, une pochette qui replace la mascotte entre les mains de son créateur, et une reprise bien sentie, voilà un bilan honnête pour EVILDEAD, à défaut d’une adhésion massive et d’un culot manifeste. Une reprise de contact qui fait plaisir à défaut de faire couler les larmes aux yeux.
Titres de l’album:
01. The Descending
02. Word Of God
03. Napoleon Complex
04. Green House
05. Without A Cause
06. No Difference
07. Blasphemy Divine
08. A.O.P. / War Dance
09. Seed Of Doubt
10. Planet Claire 2020 (B-52's cover)
Je serai bien plus jouasse que toi sur ce coup là mortne2001 :
Tu trouves qu'EXHORDER a sorti l'album de sa carrière l'an passé... Bah je pense qu'il en est de même pour EVILDEAD aujourd'hui.
Pis de toute façon, moi, dès que cela sonne comme SLAYER j'achète de suite donc... ... ...
"Pis de toute façon, moi, dès que cela sonne comme SLAYER j'achète de suite donc... ... ..."
Je ne peux pas me battre contre ce genre d'argument, puisque j'utilise les mêmes
Retour qui fait rudement plaisir en effet. On a l'impression de revenir en 1989 au gré de The Descending ou de quelques parties Forbiddenesques parsemées entre moshparts typiques. Et puis Flores n'a pas trop muté, y'a bon.
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"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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