Le nom du groupe, la pochette, le fait qu’il soit mené par une chanteuse, la biographie, tout aurait dû m’éloigner d’EDGE OF PARADISE dès les premières secondes. Je commençais en effet à renifler les mauvais effluves d’un Metal Sympho de pacotille, ou d’un pseudo Metal gothique d’Halloween, et pourtant, sans savoir pourquoi, je me suis décidé à braver mes principes pour y jeter une oreille. Peut-être était-ce dû à leur signature sur Frontiers, parlez d’un sixième sens qui fonctionne plutôt bien, mais Universe a finalement eu raison de la mienne, et j’avoue que je m’en montre plutôt satisfait. Non que les californiens aient bouleversé ma vision de la musique, mais la leur a au moins la décence d’être catchy, moderne, bien jouée, et légèrement stimulante en cette époque d’hégémonie suédoise et de règne vintage. Mais avec des références aussi disparates que KORN, RAMMSTEIN, BLACK SABBATH, Ronnie James DIO ou IRON MAIDEN, il y avait matière à confiance dans la méfiance, et autant dire que finalement, le groupe joue franc jeu. Formé par la chanteuse et pianiste Margarita Monet et le guitariste Dave Bates en 2011, EDGE OF PARADISE n’est donc pas une association de débutants, mais bien un groupe au potentiel confirmé, qui a pas mal roulé sa bosse sur les scènes mondiales, et qui a publié quelques œuvres à compte d’auteur avant d’intéresser l’Italie de Frontiers et ce bon vieux Serafino, qui a cru y voir anguille sous roche. L’homme n’étant pas réputé pour se laisser facilement amadouer, quelles ont pu être les raisons de son coup de foudre ? Un packaging global, composé d’une image savamment travaillée, d’un look très approprié, d’une musique bien dans son temps qui ne refuse pas les regards en arrière, et de musiciens qui connaissent leur job. Après quelques preuves en indépendant qui prouvaient qu’ils valaient la peine d’être suivis, les californiens se sont donc décidé à frapper un grand coup avec ce qu’on pourrait appeler l’album de l’adoubement, cet Universe dans lequel Margarita Monet place toute sa confiance et au sujet duquel elle déclare :
« Avec cet album, nous avons décidé de créer quelque chose qui vous transporterait dans un autre monde, une musique qui transcende le temps et l'espace et vous emmène dans un périple épique à travers notre Univers »
Si les propos semblent légèrement exagérés au jugé du contenu somme toute assez classique du LP en question, la jolie brune/violette/rousse n’a pas vraiment tort d’affirmer ses positions et de penser que ce nouveau chapitre a de quoi propulser son groupe dans une autre dimension. On y retrouve le goût de l’électronique des THE MURDER OF MY SWEET, l’ambiance légèrement gothique des BIRTHDAY MASSACRE, mais aussi la régularité rythmique de RAMMSTEIN, et l’énergie populaire des AMARANTHE. Pas étonnant dès lors de constater qu’on retrouve au tandem production/mixage deux figures comme Mike Plotnikoff (HALESTORM, THREE DAYS GRACE) et Jacob Hansen (AMARANTHE, VOLBEAT, PRETTY MAIDS), qui s’en sont certainement donné à cœur joie. D’ailleurs, ils n’ont pas hésité à donner à Universe le son énorme dont il avait besoin pour imposer sa vision, et c’est donc une pluie de hits qui nous tombe sur les oreilles, des hits de Metal légèrement Indus, très travaillé, aux motifs brillants et éclatants, mis en valeur par une chanteuse qui ne pousse pas sa voix, mais sait s’en servir pour se montrer menaçante, sensuelle, agressive et plurielle. Est-il pour autant honnête de décoller toute étiquette symphonique du dos de nos amis américains ? Oui, et c’est tant mieux, Margarita n’ayant ni les capacités ni l’envie de sonner comme une dramaturge d’opéra en plein crise existentielle. Pour autant, ceux qui aiment leur Metal de tradition et non édulcoré auront beaucoup de mal à accrocher à cette approche moderne et décomplexée, la plupart du temps, les riffs ne servant que de support à la rythmique et aux mélodies. Mais en restant objectif, il est difficile de résister à cette tornade d’exubérance professionnelle, qui en appelle au ressenti le plus dansant, et qui vous oblige à taper du pied et dodeliner du chef sans que ne vous en rendiez compte.
Efficacité, up tempo, approche catchy, le produit en question est calibré, mais n’en dégage pas moins une certaine émotion. Celle-ci se formalise dans les instants les plus feutrés, mais pas forcément les plus calmes, comme en témoigne la bourrasque sensible « World ». Dominante de clavier, vocaliste qui susurre et soudain explose comme une tempête de fin du monde, délicatesse instrumentale qui dégénère en massacre rythmique, le tout est si bien emballé qu’on se prend au jeu. Vocaliste atypique, dont le timbre rappelle un peu la famille Birkin/Gainsbourg lorsqu’elle modère ses ardeurs, Margarita Monet est assurément le point fort du groupe, et nous délivre une prestation très intéressante, semblant habiter son personnage au lieu de se borner à hululer, ce qui confère aux morceaux les plus formels une patine assez intrigante, à l’image de ce « Fire », qu’on aime à croire transposition Metal d’un cauchemar de Katy Jane Garside. Les américains ont même le bon goût de nous éviter le sempiternel affrontement voix féminine éthérée/growls masculins musclés, ce qui évite le nauséabond parfum d’un Metalcore gothique. Mais inutile de le nier, on sent que chaque titre a été pensé pour le live et pour viser une efficacité maximale, même si la nuance est toujours présente. Et aussi classique soit la construction, le tout est agencé de façon très intelligente, même si le propos est toujours de préparer le terrain sur les couplets pour déboucher sur un refrain exposé (« Electrify »). Le côté électronique, martial et industriel est lui aussi bien dosé, n’intervenant qu’en arrière-plan ou plus fermement de façon éparse, sur des tubes de dancefloor de la trempe de « Universe », qui sonne comme un très brillant croisement entre KILLING JOKE et REPUBLICA. Et en à peine trente-six minutes, EDGE OF PARADISE a opté pour le bon format, alternant les ambiances, pour parfois flirter avec la Pop Metal la plus pure (« Perfect Disaster »), ou au contraire se rapprocher d’un Metal plus franc (« Face Of Fear »).
Dix morceaux donc, pas tous forcément dissemblables, mais avec suffisamment d’idées pour exister. Le groupe (Margarita Monet - chant, Dave Bates - guitare, David Ruiz - guitare, Vanya Kapetanovic - basse, Jimmy Lee - batterie) se lâche même à l’occasion d’un final instrumental, « Burn The Sun », qui permet aux guitaristes d’envoyer la sauce sur fond d’up tempo épileptique, soit une conclusion aussi incongrue qu’appréciable pour un album qui refuse la norme. Et si Universe a l’humilité des travaux destinés à procurer du plaisir, il en a aussi les ambitions d’un groupe qui a les moyens de proposer autre chose qu’une simple récréation auditive.
Titres de l’album :
01. Fire
02. Electrify
03. Universe
04. Alone
05. Hollow
06. World
07. Perfect Disaster
08. Face Of Fear
09. Stars
10. Burn The Sun
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