Dix ans pour sortir un premier album, ça laisse du temps. Le temps de roder un répertoire, de forger une identité musicale, de proposer quelque chose de personnel à défaut d’original…Beaucoup de musiciens et de fans vous diront que le premier album est toujours le plus important dans la carrière d’un groupe, ce qui est sujet à caution. Mais il est inutile de nier que ce premier jet est celui qui jette les bases, et qui met un nom sur des lèvres ardentes. Alors, avec le recul, est-ce une bonne chose de laisser filer une décade pour offrir à un public potentiel un aperçu de ses capacités et de son répertoire ? Oui, si vous ne perdez pas l’énergie que vos débuts vous ont de fait conféré, cette rage de vaincre, cette envie de convaincre et de persuader le monde que vous êtes les sauveurs du Rock. Dans le cas des A NEW TOMORROW, on peut affirmer que cette rage est bien présente, omniprésente même, mais teintée d'un professionnalisme que le temps passé dans les locaux de répétition et sur les routes a modelé sans la moduler. Fondé en 2009 du côté de Londres par le guitariste/chanteur Alessio Garavello (POWERQUEST, ARTHEMIS) et le bassiste Andrea Lonardi, A NEW TOMORROW est donc une sorte d’archétype de Hard Rock moderne, utilisant la puissance du Heavy Metal pour renforcer des mélodies typiquement Rock et Pop. Pas étonnant dès lors de les retrouver sur le label italien Frontiers, très friand de ce genre de gourmandise mixée, et aujourd’hui quatuor (avec Michael Kew à la guitare et Tim Hall à la batterie), le groupe nous propose donc de nouveaux lendemains, qui semblent vouloir explorer un univers aux limites assez floues. Universe est donc le moyen choisi par ces instrumentistes pour lever le mystère sur leur existence et ce premier LP est de ceux qui marquent agréablement les mémoires, sans se poser en révélation ultime. Mais qui a dit qu’il fallait être révolutionnaire et culotté pour avoir le droit d’exister ?
Premier longue-durée certes, mais pas première sortie. Les anglais ont déjà publié deux EP et quelques vidéos, ce qui leur a permis d’occuper le terrain d’une façon discrète, mais tangible. Ils ont en outre tourné en Europe, en support de FATES WARNING pour les plus connus, mais aujourd’hui, c’est cette musique et ces morceaux qui nous intéressent, et avouons-le, elle est enthousiasmante et ils sont convaincants. Œuvrant dans un créneau de Hard Rock moderne que leurs influences balisent plus ou moins (METALLICA, GREEN DAY, RAGE AGAINST THE MACHINE, FOO FIGHTERS…), les londoniens se rapprochent aussi d’autres groupes plus pertinents, comme ALICE IN CHAINS ou ALTER BRIDGE, ce qui permet de couvrir un spectre large sans perdre en cohérence. La méthode A NEW TOMORROW est plutôt simple en soi, mais délicatement ouvragée et terriblement efficace. Un mélange de courants en vogue depuis les années 90, une tendance à passer de l’Alternatif au Heavy Metal le plus contemporain, et une envie de se détacher des carcans trop restrictifs de l’affiliation à un style précis. On sent cette soif de liberté dès le morceau d’entame « I Wanna Live » qui en quatre minutes en dit bien plus que de longues confessions. Groove patent, guitares affamées, mélodies travaillées, mais naturel désarmant, pour une adaptation des canons du nouveau siècle à un schéma traditionnel. On sent toute la modernité d’un groupe qui connaît très bien ses classiques, mais aussi le désir de trouver un équilibre stable entre puissance et harmonie, entre énormes riffs et arrangements plus discrets et sous-jacents. Chacun des musiciens impliqués connaît sa partie sur le bout des doigts, et nous sommes immédiatement convaincus par le potentiel d’un guitariste/chanteur/frontman qui sait chanter et mener ses troupes le plus loin possible. Quelques traces de Néo-Metal sans le côté vulgarisateur, une section rythmique polyvalente et inspirée, et un soliste qui puise dans les racines bluesy de qui nous faire décoller, le mélange est explosif et persuasif.
Loin des figures imposées qui régissent les trois quarts de la production actuelle, Universe est le type même d’album qu’on réécoute une fois la première écoute terminée. D’une parce que les chansons sont excellentes, mais aussi parce que l’ensemble dégage une joie de jouer qui fait plaisir à entendre. Et comme le quatuor est suffisamment à l’aise pour composer des tubes immédiats mais plus profonds qu’ils n’en ont l’air (« A Million Stars », choisi comme single, imparable), mais aussi pour expérimenter sur le terrain d’un Progressif humble, mais aux ambitions bien concrètes (« Golden Sands » et ses six minutes évolutives fascinantes), la variété est de mise et la lassitude aux abonnés absents. Difficile de dire pourquoi, mais ce premier album est un exemple frappant de naïveté de jeunesse et d’expérience de vieux briscards, les deux combinés dans une énergie ne se démentant jamais. On aime particulièrement ces syncopes qui donnent envie de trépigner (« Ignition »), mais qui ne cachent aucunement une culture Rock et Hard Rock fouillée, avec ces réminiscences de THE ALMIGHTY, d’ALTER BRIDGE et de toute la scène anglaise contemporaine pas trop obsédée par son passé. Se montrant aussi énervés que précis, les londoniens offrent donc des compositions riches, fonctionnant sur le moment mais aussi dans le temps, et ce, que le tempo et les harmonies adoptent des postures du METALLICA des mid 90’s (« Mother Earth Is Calling »), ou que l’ambiance générale se rapproche des ALICE IN CHAINS ou de la gravité NOLA de la Nouvelle Orléans (« Mountains »). On pourrait les craindre trop versatiles, un peu hésitants encore sur la marche à suivre, mais les A NEW TOMORROW ont su capitaliser sur leur dix années de bonheur et de galères pour prendre la bonne direction, celle d’un lendemain ensoleillé. Ce qui n’empêche nullement la mélancolie mélodique sur arabesques de basse (« Step Into The Wild… » qui rappelle les nuances douces/amères des KORDZ), et les enchaînements ludiques qui proposent des diptyques hypnotiques et fascinants (« …Home » et son parfum oriental à la LED ZEP/Desert Rock).
Premier album certes, mais d’une maturité flagrante, qui ose les onze hits alignés comme à la parade. Entre rage adolescente et phrasé haché (« Multitude Of Nothing »), et beauté épurée puis emphatique, symptomatique des années 70 (« Universe », une petite merveille de pureté), Universe n’a pas de limites marquées, et navigue dans son propre système solaire aux étoiles brillantes et planètes accueillantes. Beau pari relevé par les A NEW TOMORROW qui signent là une présentation adulte aux réflexes de jeunesse évidents, et qui parviennent donc à conjuguer raison et passion.
Titres de l’album :
01. I Wanna Live
02. A Million Stars
03. Golden Sands
04. Ignition
05. Mother Earth Is Calling
06. Mountains
07. Step Into The Wild…
08 …Home
09. Multitude Of Nothing
10. Universe
11. Abrasive
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01/05/2025, 23:51
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01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
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Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27