On était là avant !!!!

Ok les gars, mais ne vous affolez pas, n’oubliez pas que durant votre période d’activité, vous n’avez pondu qu’une vulgaire démo éponyme, et que vous appartenez donc à l’underground canadien le plus obscur. Certes, j’en conviens, Tod Anthony Larkin, votre chanteur, tragiquement disparu par noyade a méchamment stoppé votre éventuelle ascension, mais une première partie de BLUE OYSTER CULT au Pacific Colesium à Vancouver ne suffit pas à faire de vous des héros de la cause, d’autant que vous avez fait des choix totalement discutables. Refuser une offre d’Enigma ??? Seriously ??? Le plus gros indépendant Metal des années 80 ? Il faut en avoir dans le froc ou peu dans la caboche pour laisser passer une chance pareille, mais après tout, ce sont les petites histoires qui font la grande, et sincèrement, même si je ne vous ai jamais connus, je suis content de vous retrouver aujourd’hui avec un premier album sous le bras.

Pour toi lecteur, voici une histoire succincte de KRADLE avec un K, et qui n’est pas of Filth, je vous l’assure.

Fondé en 1982, KRADLE a fait partie de cette première vague de Heavy canadien, aux côtés d’EXCITER et VOÏVOD, dans un genre évidemment très différent. De nombreux gigs, une unité interne enviable, pour une fin en queue de poisson, avant la renaissance, assez…cocasse et incroyable.

Alors que le combo était mort et enterré depuis des années, trois musiciens méchamment fans de la bête ont contacté Steve Courchaine pour reformer le groupe. Alléché par la passion affichée, la proposition fit exploser les connexions synaptiques du bassiste, jusqu’à l’indifférence affichée des deux autres membres d’origine Harry Degen et Claude Erfone, guitariste et batteur. Le projet semblait promis à une impasse bien bétonnée, mais c’était sans compter sur la foi et l’envie des trois larrons admirateurs (le chanteur Jason Rodgers, le guitariste Guy Mander et el batteur Kevin Lovering), qui parvinrent à embarquer Courchaine dans une nouvelle aventure. Au programme, des concerts évidemment, mais aussi un album en entre-deux, constitué d’ancien et de nouveau matériel.

Unleashed propose donc de redécouvrir six anciens morceaux du répertoire des canadiens, mais aussi trois inédits composés en 2003, soit le meilleur des deux époques. Et autant dire que le résultat à de la gueule, et sonne comme le plus bel hommage à la scène canadienne Heavy de l’orée des années 80. Et pour pousser le compliment encore plus loin, j’affirmerai en assumant totalement mes propos que KRADLE est sans doute le meilleur tribute-band indirect à la magie d’ARMORED SAINT en version post-2000.

Il faut dire que la voix de Jay Rodgers ressemble à s’y méprendre à celle du Dieu John Bush, alors que l’instrumental nous ramène au talent du groupe dans les années 80. D’où cette sensation d’écouter un best-of du SAINT entre 1985 et 2022, sensation très agréable puisqu’elle tient plus de l’hommage que de la repompe pure et simple.

KRADLE a donc réussi à plier la courbure du temps pour faire se rejoindre ses jeunes années et sa maturité actuelle. Trois anciens membres plus un nouveau chanteur, voilà qui donne des ailes, et surtout, des contrats pour jouer un peu partout. Musicalement parlant, Unleashed est un petit bréviaire à l’usage des amoureux Hard n’Heavy d’un autre siècle, lorsque le genre se peaufinait pour affronter les charts et proposer des tubes calibrés pour la radio (« Loving You Bad »). KRADLE tient donc fermement la barre et peut remercier ses fans purs et durs de l’avoir remis en selle, puisque cette nouvelle aventure permet aux amateurs de savourer une grosse pépite de Metal au chocolat comme « Life Goes On », qu’on aurait pu retrouver telle quelle sur le Win Hands Down du SAINT (même si Guy Mander et Kevin Lovering ont été remerciés assez inélégamment pour qu’Harry Degen et Claude Erfone reviennent dans le groupe).

Court mais impeccable, ce premier véritable album qui aurait du sortir il y a des décennies sur Enigma surprend de sa qualité. Interprétation impeccable, riffs francs, nostalgie assumée par la crédibilité d’époque, Unleashed est une merveille qui mérite d’être isolée de la production old-school actuelle, tant son déroulé est convaincant, et ses mélodies cacher séduisantes.

On mettra en avant les morceaux les plus ambitieux, dont cet irrésistible « Heavenly Hell », rappelant le meilleur du Heavy US de la seconde moitié des eighties, et le trépidant « Soul Stripper », agressif comme du SKIDROW reprenant JUDAS PRIEST. De quoi passer un excellent moment, et ne pas regretter cette reformation que personne n’attendait. Même pas ses acteurs principaux.

Les fans permettent parfois de réécrire l’histoire, et c’est exactement celle des KRADLE. Espérons que cette fois-ci, les musiciens fassent les bons choix, et que le destin ne contrecarre pas leurs projets par une vilaine pirouette morbide.        

Titres de l’album :

01. Ready Or Not

02. Life Goes On

03. Hot to Rock

04. Watching Over Me

05. Heavenly Hell

06. Loving You Bad

07. Visions of You

08. Fortune Seeker

09. Soul Stripper

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