Voici une suite qui s’est méchamment fait attendre. On sait que les séquelles intervenant des années après le volume original sont souvent des tentatives pour capitaliser sur une franchise juteuse, mais cette règle qui s’applique au cinéma n’est pas toujours juste lorsqu’il s’agit de musique. Et puis, d’un certain côté, huit ans passent vite, sauf lorsque vous êtes fan et que vous attendez désespérément des nouvelles de votre groupe fétiche.
Ainsi, DEATHCODE SOCIETY sort enfin du bois, pour nous présenter son nouveau tome, toujours lettré, toujours ambitieux, et évidemment, très chaotique. Chaotique, mais précis. Ne dérogeant pas à leur règle de savoir-faire et de minutie, les originaires d’Annecy nous offrent donc avec Unlightenment plus qu’une simple suite ou une vulgaire resucée maladroite. Ce second long les place directement sur le podium des artistes créatifs de leur époque, évoluant pourtant dans un genre qui ne tolère ni les approximations, ni les effets cheap.
Black symphonique, Black tout court, Black progressif ou toute autre chose ? Les trois à la fois, et bien plus encore. Plus simplement, de l’extrême qui ne fait pas semblant d’en être, et qui cite à parts égales les racines nordiques et la patte française si enviée par l’étranger. Et sans chauvinisme aucun, je peux affirmer que la scène internationale risque de loucher sur notre beau pays une fois ce nouvel album encaissé.
Recommandé aux fans d’ABIGOR, EMPEROR, ANOREXIA NERVOSA, CARACH ANGREN, FLESHGOD APOCALYPSE, CRADLE OF FILTH, SEPTIC FLESH, ou DIMMU BORGIR, DEATHCODE SOCIETY se passe très bien de comparaisons, tant sa personnalité s’est affirmée ces dernières années. Le processus de composition a abouti à l’accouchement de sept pistes aussi grandiloquentes que violentes, avec au passage, des transpositions de poèmes d’Andrew Joron et René Daumal. Une certaine forme d’élitisme donc, pour une faune triée sur le volet, et à même de saisir les références sans avoir à utiliser son smartphone.
Unlightenment est évidemment réservé à ceux qui apprécient les côtés les plus clinquants du Black Metal, mais aussi ses aspects les plus rudes. C’est justement l’équilibre entre les deux mondes qui fait le charme de ces sept chansons, denses, inextricables, complexes et théâtrales.
Arnhwald (chant/guitare/composition), David & Michael (guitares), Niklaas (basse) et Grégoire (batterie) ont donc peaufiné tous les détails pour faire d’Unlightenment l’évènement qu’il est sans conteste. Entre crudité outrancière et préciosité d’ornementation, cet album nous hypnotise de son charme provocant, n’hésitant pas à faire se succéder des parties contraires, à base de chœurs fantomatiques sur mid-tempo ou de bousculade en blasts à décorner le grand Satan lui-même. Ne refusant aucun code, ne tournant le dos à aucune possibilité, DEATHCODE SOCIETY déploie un éventail de possibilités impressionnant, et utilise à plein rendement sa configuration en quintet, pour se reposer sur le travail incroyable accompli par une paire de guitaristes qui explorent l’intégralité d’un vocable ancien, remis au goût du jour, et finalement, beaucoup plus évolutif que symphonique.
A la manière d’un DIMMU BORGIR devisant avec un MAYHEM passablement énervé, ou à la mode les Acteurs de l’Ombre en pleine chasse à l’homme, Unlightenment s’amuse beaucoup à défier le grand EMPEROR sur ses propres terres, pour lui piquer une partie du gibier. Développées jusqu’à la corde, les sept compositions prennent leur temps pour diffuser leur poison, parfois à effet immédiat parfois plus vicieux et infusé. Si tout le monde s’accordera autour de la qualité d’un chant qui passe par toutes les humeurs, il serait de bon ton de ne pas oublier de mentionner le rendement impressionnant d’une section rythmique abrupte, mais assez souple pour tenter des arabesques de basse sur fond de frappe massive.
Presque technique dans son déroulé, Unlightenment est une lumière de puissance arrogante pointée sur les ténèbres d’un Black Metal sombre et poisseux, mais qui a su garder l’élégance des approches les plus intelligentes. Ainsi, le nombre de plans qui s’enchaînent, impressionnant, permet d’instaurer une ambiance mystique et brumeuse qui inquiète autant qu’elle n’attire. Et on imagine parfaitement un soleil faiblard se lever sur un coin de campagne, dans les allées boueuses d’un village isolé, dont les secrets remontent à la surface.
Il est donc difficile de vous recommander une piste plutôt qu’une autre. Si bien sûr, « A la Néante » attire les convoitises de ses dix minutes passionnantes, le reste du tracklisting est au diapason, et cumule les postures héroïques comme les crises de colère norvégiennes. En sinuant entre les dissonances, les mélodies et les accélérations écrasantes, DEATHCODE SOCIETY propose un scénario tout sauf prévisible, et un métrage qui ne rechigne pas sur les effets spéciaux.
Mais loin d’un amas de gimmicks fondus à la hâte, Unlightenment est une histoire pensée de A à Z, avec ses pauses, ses silences, ses explosions chaotiques, et ses dérives nocturnes. Un peu roublard sur les bords, ce second long n’hésite pas à verser dans la grandiloquence la plus crue, au risque de paraître grotesque, mais réussit la gageure de danser sur la frontière séparant le ridicule de l’effrayant, avec une facilité confondante.
Et ce défi relevé tient du petit miracle tant les français évitent tous les pièges. Si l’on rendra à César ses riffs tournoyants et à Thor ses rythmiques pulsées, on gardera pour la bonne bouche la sophistication d’un disque à la production massive, qui écrase les doutes comme il stimule les sentiments contraires.
Une séquelle en bonne et due forme, qui surpasse assez régulièrement son modèle. Chose assez rare pour être soulignée et consignée.
Titres de l’album:
01. Scolopendra
02. Shards
03. La Nuée
04. Scales
05. Mazed Interior
06. A la Néante
07. Narcosis
Le Black Metal comme je l'adore !!! Effectivement, ça m'évoque Anorexia Nervosa et Emperor ! L'hystérie du premier et la grandeur du second ! Sur la chanson en écoute, tout me plaît, du chant aux riffs en passant par les orchestrations. En même temps, "Ultime Eclat" de Glaciation, un disque que j'adore, est composé par plus ou moins les même gars, c'était sûr que Deathcode Society me botterait ! Entre Ba'a, Glaciation et Deathcode Society, Osmose, bien que discret, continue de prouver qu'il est un label de qualité ! Et voilà, un disque de plus à acheter en cette fin d'année !
Je plussoie pour Osmose prod ! Putain de label depuis toujours.
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09