Je me souviens de mon adolescence, j’en ai des images très précises. Dès 1986, et jusqu’en 1990, il suffisait de venir de Californie, de jouer un Hard Rock légèrement Sleaze et très mélodique, d’avoir une jolie permanente et des minois avenants pour décrocher un contrat et affoler le public. La vague Hair Metal de la fin des années 80 a enthousiasmé des millions de fans de par le monde, et était en quelque sorte devenue une norme, un label de pseudo qualité qu’il fallait à tout prix respecter, ce que les maisons de disques avaient très bien compris. Et la mode étant cyclique et se déplaçant selon l’air du temps, nous assistons peu ou prou au même phénomène dans les années 2010, via la horde de musiciens nordiques débarquant sur le marché avec des produits estampillés AOR, Hard-Fm, old-school ou Synth Hard. Il y a trente ans, la bataille faisait rage entre les WINGER, DANGER DANGER, BRITNY FOX, SLAUGHTER, et tous les acteurs de la scène locale, aujourd’hui, les noms ont changé, mais l’apparence et le principe sont les mêmes, et il devient aussi difficile de faire la différence entre les bons groupes et les simples suiveurs, qui profitent d’un effet de manche pour se propulser sur le devant de la scène. Certes, loin des majors, ces groupes se contentent souvent d’une distribution nationale, grâce au flair des acteurs indépendants, mais bénéficient aussi d’un coup de pouce nippon, nos amis japonais semblant avoir transféré leur affection pour les groupes US vers les groupes suédois, norvégiens et finlandais. Et un nouvel exemple de cette constatation nous a été donné au mois de mars dernier avec la sortie du second LP des finlandais de TEMPLE BALLS, qui avec un peu d’imagination (un tout petit peu suffit), incarne une nouvelle étape de la conquête du monde par l’Europe du Nord.
TEMPLE BALLS est quelque part une sorte de cliché vivant de tout ce que le Hard Rock du nord incarne depuis dix ans, et pourtant, reste éloigné des standards de production exigés par la réussite nationale. Ils se posent en directs héritiers de la vague californienne de 88/90, de leur look à leur musique, et nous font donc revivre une tranche de passé que nous n’avons jamais pu oublier. Jolis garçons, le cuir tanné mais brillant, l’attitude un brin méprisante, la moue boudeuse et les guitares en avant, ces cinq jeunes musiciens (Arde Teronen - chant, Jiri Paavonaho & Niko Vuorela - guitares/chœurs, Jimi Välikangas- basse/chœurs, Antti Hissa - batterie) originaires d’Oulu ont déjà connu une exposition non négligeable grâce à leur premier album Traded Dreams paru il y a deux ans. On y découvrait un combo sûr de son fait, parfaitement conscient de ses qualités, et prêt à défier les maîtres scandinaves et norvégiens sur leur propre terrain, tout en les narguant d’une virilité accrue nous ramenant à cette sempiternelle scène de Los Angeles. Difficile en effet de ne pas voir en ce quintet l’équivalent des groupes de la scène d’époque, tant ils s’évertuent à en recréer l’hédonisme grouillant au travers de tubes qui sentent bon les clubs US. Pas de synthés, pas d’arrangements faciles et d’inclinaisons commerciales pour appâter le chaland, mais des hymnes teenage, des vrais, qui soignent l’acné et les plaies du cœur, et donnent envie de ressortir son perfecto pour aller boire un verre dans une salle de concert et en profiter pour faire les yeux doux à une jolie hard-rockeuse. Produit par Jona Tee (H.E.A.T), et enregistré par Pasi Kauppinen (SONATA ARCTICA), Untamed est plus qu’une confirmation, c’est une épiphanie dont l’épicentre se situe en Finlande une fois de plus, le nouvel Eldorado des musiciens qui souhaitent éclater du jour au lendemain, non sans avoir travaillé leur copie. Et celle rendue par les TEMPLE BALLS est tellement parfaite qu’on se demande ce qui pourrait bien l’améliorer dans un futur plus ou moins proche.
Sorti en 2019, ce second tome se fera remarquer par sa sauvagerie et sa morgue juvénile. Il deviendra une nouvelle pièce à ajouter la collection royale nordique, et une preuve supplémentaire du savoir-faire des instrumentistes et compositeurs venus du froid. Mais sorti en 1988 ou 89, il aurait défoncé le Billboard, ouvert grand les portes d’une première partie majeure, en lever de rideau du CRÜE, de POISON ou des CINDERELLA. Sans abuser des artifices Glam qui encombraient souvent les réalisations d’époque, cet Untamed prend justement par les balls, et ne vous lâche plus jusqu’à ce que vous chantiez en chœur ces hymnes à la jeunesse exubérante, et ce ne sont pas les références avouées du combo qui vont contredire cet état de fait. Certes, les cinq finlandais avouent évidemment une admiration obligatoire pour les plus grands, d’AC/DC aux ROLLING STONES, THIN LIZZY, RAINBOW, DEEP PURPLE, mais c’est plutôt du côté des influences mineures qu’il faut chercher la leur, en fouinant dans la tanière des D.A.D., de GUNS N’ROSES, mais aussi d’autres qu’ils ne nomment pas, dont celle des POODLES, des STAGE DOLLS, et évidemment, des FERRARI, SLAUGHTER, KEEL, QUIET RIOT, WIG WAM, H.E.A.T et autres HAREM SCAREM, soit un mélange détonnant entre high energy et mélodie, la véritable trademark des meilleurs représentants du cru et l’ADN incrusté dans chaque cellule nordique ces dernières années. Impossible de résister à des cris primaux de la trempe de « Hoist the Colours » qui dynamise le Hard-Rock de papa pour en faire le Nitro-Rock du gamin, gonflé de testostérone, d’envie d’en découdre avec le destin, et plus prosaïquement, de s’éclater un samedi soir avec quelques potes et des bières plus ou moins fraîches. Pas du genre bas du front ou assemblée de gentils blaireaux, les TEMPLE BALLS sont de vrais hard-rockeurs, dans le sens le plus initial du terme, des instrumentistes qui donnent de leur personne (et les soli lâchés par la paire Jiri Paavonaho & Niko Vuorela valent le coup d’oreille), et l’entame « Infinity », malgré ses claviers qui guident sur une fausse route le démontre en un peu plus de quatre minutes.
Up tempo frénétique, chœurs qui prennent de la place dès le départ, riffs méchamment aiguisés et refrain facile à mémoriser, c’est l’union sacrée des Etats-Unis et de la Finlande, avec un héritage qu’on pérennise fidèlement. Le chant d’Arde Teronen, puissant mais rauque catapulte les compositions au Walhalla des décibels jouissifs, tandis que la section rythmique pilonne sans relâcher, assurant l’assise dont ont besoin ce type de compositions pour vraiment exploser. On sent le groupe en totale osmose, et « Kill The Voice » d’enfoncer un peu plus le clou avec son intro bombastic à la BON JOVI qui soudain se transforme en monstre Groovy à la LOVE/HATE. Mais avec des chansons qui ne dépassent que très rarement les quatre minutes, le quintet finlandais a assuré ses arrières, et navigue à vue entre médium et énervé, dosant son effort comme on préparait un concert à la grand époque. C’est du grand art, qui a su rester suffisamment spontané dans son professionnalisme pour nous enchanter, et inutile de vous fier aux prénoms féminins pour craindre une ballade sirupeuse de rigueur, puisque même le doux « Pauline » n’est en fait qu’une coulée de lave Hard Sleaze aussi brûlante que le cuir d’un glammeur attendant depuis deux heures sur le trottoir du Sunset. Rien à jeter, tout à écouter et apprécier, Untamed est plus qu’un album, il est un salut adressé à une génération qui a tout inventé ou recyclé, et qui aujourd’hui encore, séduit la jeunesse pour la faire rocker (« Seven Seas Of Wonder », un morceau que Desmond Child aurait pu refourguer aux JACKYL). Je me souviens de mon adolescence, avec émotion et bonheur. Mais avec des groupes de la trempe de TEMPLE BALLS, elle ne s’éloignera sans doute jamais. Et c’est très bien comme ça.
Titres de l'album :
01. Infinity
02. Kill The Voice
03. Distorted Emotions
04. Pauline
05. Ball And Chain
06. Leap Of Faith
07. Hoist the Colours
08. Seven Seas Of Wonder
09. Badlands
10. The End
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