Amusant de retrouver un groupe de Death dans l’écurie Frontiers, label transalpin plus habitué à la douceur des mélodies ou la rudesse noble du Heavy Metal. C’est un peu comme tomber sur un étalon Thrash dans les boxes d’AOR Heaven, mais ne vous inquiétez pas, ces barbares-là n’ont pas usé les bancs de la fac SUFFOCATION, et ont plutôt posé leurs livres sur les tables de l’école suédoise, mélodique à souhait. SCULPTOR nous en vient donc de Curitiba au Brésil, la même ville qui a vu émerger des valeurs sûres comme SEMBLANT, LANDFALL, ou ELECTRIC MOB, et pratique un Metal agressif, mais résolument harmonique. En prenant pour exemple des institutions comme DARK TRANQUILLITY, IN FLAMES, SOILWORK, et TIAMAT, nos amis lusophones ont donc joué la carte de la sécurité dans l’exotisme, et nous épargnent les atermoiements barbares d’Amérique du Sud qui confondent souvent cannibalisme et barbecue entre amis. Créé en 2015 par le chanteur/guitariste Vinne, SCULPTOR a ensuite complété son line-up de l’adjonction de Rick Eraser (chant), Caco Ramos (basse), Fabricio Reis (guitare) et Mateus Schran (batterie), mais c’est bien en 2020 que le quintet nous propose son premier longue-durée, qui bénéficie donc des moyens de promotion conséquents de la maison de disques italienne. Difficile de savoir pourquoi ce bon vieux Serafino a craqué pour les brésiliens, qui incarnent une sorte de classicisme Death poussé, mais les voies de la séduction étant impénétrables, autant accepter cet état de fait. Et sans bousculer l’ordre des choses, Untold Secrets s’avère solide de bout en bout à défaut d’être original, encore moins novateur.
Avec un timing de quarante minutes pour onze morceaux, le groupe a joué la modération, et grand bien lui en a pris. Rien de plus pénible qu’un album de Melodeath qui s’éternise et qui fait grand cas de ses ambitions, ce qui nous est évité avec politesse ici. Les chansons sont directes, dénuées de breaks alambiqués et de longues progressions redondantes, et l’emphase a été mise sur l’efficacité immédiate, bien que le groupe dispose de moyens techniques et créatifs conséquents. En optant pour la solution du formalisme à outrance, SCULPTOR a évité le dangereux piège du démarquage qui aurait pu les exposer à une critique plus dure, et nous propose donc des riffs immédiats, des parties rythmiques simples, et une cohésion d’ensemble qui fait plaisir à entendre. Remarquablement produit par Vinne et Rick, Untold Secrets est donc une œuvre qui s’avale d’un trait, et qui se savoure en bouche comme un cru de bonne facture, aux notes parfois psychédéliques (« Born to be Slave »), mais au parfum général assez viril. Une cuvée honnête et savoureuse, mise en fûts au home studio du groupe, qui reflète ses inclinaisons, et nous ramène à la grande époque de la percée scandinave.
Si le nom du groupe reflète le fait que nous sommes tous les sculpteurs de nos propres vies, et si les textes restent focalisés sur la même thématique, la musique adopte parfois des contours plus surprenants et mélancoliques, dans la grande tradition de DARK TRANQUILITY, comme en témoigne le très amer et poétique « Embrace Yourself », qui vient interrompre la progression de violence avec beaucoup d’intelligence dans la délicatesse. La force des portugais est de jouer avec les poncifs et les clichés du Death mélodique pour les détourner à leur façon, et ainsi livrer une partition plus personnelle. Et bien que rien ne soit déstabilisant dans leur optique, les musiciens parviennent toujours à trouver une petite idée pour dévier de la facilité, et ainsi nous entrainer dans leur monde. Assez à l’aise dans la synthèse progressive, qui les voit condenser plusieurs plans en quelques minutes, ces compositeurs plutôt habiles nous offrent donc un choix non négligeable, et chacun de reconnaître la patte des artisans certes humbles, mais au talent indéniable. Les guitares, la plupart du temps focalisées sur des thèmes sombres et simples savent aussi errer sur le chemin des harmonies, et nous proposer des pistes plus Post. En utilisant un mid tempo s’alourdissant à intervalles réguliers, SCULPTOR varie son propos, titille la fibre des fans de SAMAEL et de TIAMAT (« Empty Space »), impose une basse roulante qui se meut comme un serpent, et table sur la diversité du chant de son leader Vinne, capable de prouesses en chant clair tout en restant caverneux et ferme en growls.
De fait, chacune des tranches de vie proposée ici a sa propre raison d’être, son propre riff moteur, sa propre redondance effective parfois (l’entame diabolique de « Requiem », efficace comme une prière répétée comme un mantra), et les quarante minutes passent très vite, d’autant que la fin de l’album tire à balles réelles et nous oblige à quelques pas de côté pour éviter la blessure. Ainsi, « Untouchable Truth » aborde le cas le plus dur et viril avec son chant qui sonde encore plus profondément dans la boue des ténèbres, alors que le terrassant « Wake Me Up When The Pain Goes Away » de sa double grosse caisse en concassage représente le pic de violence de ce premier album.
Et si l’épilogue « Watch Rope » revient plus ou moins boucler la boucle en utilisant les mêmes codes que l’entame d’album, Untold Secrets n’en reste pas moins un premier jet solide et professionnel, qui laissera le nom de SCULPTOR s’incruster dans les mémoires. Evidemment, nul n’a besoin d’une version rajeunie de DARK TRANQUILITY ou IN FLAMES, mais avec un peu plus d’expérience, les brésiliens sauront tirer leur épingle du jeu et faire valoir leurs droits les plus personnels. Attendons que le métier fasse son effet, pour voir si le quintet est capable de sa tailler une place de choix dans la hiérarchie mondiale.
Titres de l’album:
01. Interlude
02. No Control
03. Redemption
04. Beyond Madness
05. Born To Be Slave
06. Embrace Yourself
07. Empty Space
08. Requiem
09. Untouchable Truth
10. Wake Me Up When The Pain Goes Away
11. Watch Rope
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