Pour de nombreuses personnes, et pas seulement les fans de Metal, AIRRACE restera à jamais connu pour une seule et unique raison, la présence du très jeune Jason Bonham à la batterie sur son premier album. S’il est certain que l’argument fut utilisé jusqu’à la lie à l’époque de la sortie de Shaft of Light (à se demander d’ailleurs comment le groupe n’a pas finalement choisi de se rebaptiser Jason Bonham’s Airrace, ce qui n’aurait pas déplu à Peter Grant), là ne fut pas la seule qualité de ce combo anglais aux contours racés et à l’inspiration FM assez prononcée…Las, avec un historique pas vraiment fourni, les originaires de Cambridge n’ont pas fait grand-chose pour occulter ce détail de la mémoire des fans, et après des tournées pourtant généreuses en première partie de DEF LEPPARD, de Ted NUGENT, puis des majestueux QUEEN, avant de connaître quelques problèmes de canettes en ouverture d’AC/DC à Lyon et Paris (les fans français sont très ouverts, c’est bien connu, mais merci quand même à MÖTLEY CRÜE), puis de repartir plus modestement finir le job en support des dispensables KROKUS, tout était déjà quasiment fini. Avec un tel tremplin live, on imaginait pourtant la carrière du combo lancée pour de bon, et le spectre d’un second album pointait sérieusement le bout de son nez. Las, les aléas du business étant impénétrables, et après les défections successives de Bonham et Keith Murrell, AIRRACE jeta l’éponge, sans vraiment savoir à priori qu’ils se retrouveraient quelques années plus tard…Et c’est à l’occasion d’un gig en célébration de vingt-cinq ans de carrière que Laurie Mansworth et Keith Murrell décidèrent de remettre le couvert, sans se contenter cette fois-ci d’apparitions live, mais en entérinant leur partenariat renouvelé par un second album qui aura mis vingt-sept ans à voir le jour. Ainsi, Back To The Start et son titre en forme d’aveu surprit tous ceux qui pensaient que sans Jason ce groupe n’avait pas de raison d’exister, et confirma le retour des anglais sur le presque devant de la scène. Le style n’avait pas vraiment changé, passant d’un AOR typiquement 80’s à un AOR plus symptomatiquement 80’s (la nuance est subtile, mais de taille), mais l’enthousiasme généré par ce regain de lumière donna des ailes à Laurie Mansworth, bien décidé à ne plus se laisser entraîner dans l’ombre…
Sauf que depuis, l’homme a fait le ménage, et se présente aujourd’hui avec un line-up presque complètement renouvelé. Exit une fois encore le chanteur Keith Murrell, assurant au guitariste la mainmise totale sur son projet, mais aussi adieu Toby Sadler, le claviériste, et bonjour à quelques pointures venues prêter main forte au tempétueux leader. C’est ainsi que Laurie s’est entouré d’Adam Payne (SERPENTINE) au chant, de Rock Newton (MSG, LIONHEART) à la basse, de Linda Kelsey Foster aux claviers, et de son propre fiston Dhani à la batterie. C’est donc une jolie affaire de famille qui nous attend sur les sillons de cet Untold Stories, qui une fois n’est pas coutume, s’éloigne des recettes de base pour tremper la plume de son inspiration dans un encrier plus seventies, dixit le leader lui-même. Plus vraiment question d’AOR donc, même si les harmonies sont toujours présentes, mais plutôt d’une sorte de Big Rock hybride à l’anglaise, qui assume son héritage et l’importance de ses héros nationaux, de LED ZEPPELIN à DEEP PURPLE, en passant par WHITESNAKE, MAGNUM, les BEATLES et ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA. D’ailleurs, en parlant d’ouverture sur la Pop, difficile d’imaginer que la ballade « Lost » n’a pas été composé en pensant très fort à Jeff Lynne, lui-même pensant très fort à ses idoles de Liverpool, tant ce morceau sonne comme un inédit des THREETLES produit par le barbu guitariste, avec au passage, un autre hommage aux DEF LEPPARD, en clin d’œil à leur dernier album. Et selon la presse internationale, cet Untold Stories serait quelque part un disque sous haute influence, gommant d’ailleurs les racines mêmes d’AIRRACE pour les remplacer par un air de l’ancien temps, pas désagréable, mais assez anonyme pour autant…
Et il est certain que les fans indécrottables de Shaft of Light, tout comme ceux de Back To The Start risqueront de ne plus y retrouver leurs petits souliers. Le groupe rafraichi a donc changé d’optique, sans se départir d’un instinct harmonique toujours aussi solide, qu’on retrouve presque grandiloquent sur l’ouverture « Running Out Of Time ». Dès ce morceau et son ouverture délicate au piano, on sent que l’inspiration s’est doucement laissée glisser vers le boogie déhanché des seventies, rappelant au passage le SNAKE, le PURPLE, avec cette guitare et ces claviers évoluant les touches dans les cordes, et ce refrain anthémique symptomatique d’une recherche d’accroche d’il y a quarante ans. Passéiste Laurie Mansworth ? Peut-être, mais en adéquation avec ses désirs, et après tout, il n’y a aucun mal à chercher à transformer une formule pour rester honnête, plutôt que de coller à une idée préconçue histoire de brosser les fans dans le sens du poil. D’autant que l’homme ne s’est pas trompé en choisissant ses partenaires, tous responsables d’une performance impeccable. Si l’on peut arguer de la présence un peu trop prédominante des claviers de Linda, les musiciens une fois ensemble provoquent une osmose presque palpable, que le chant lyrique et puissant de Payne domine de la gorge et des épaules. Et si le placement à l’ombre de références connues et éprouvées est incontestable, les onze nouveaux morceaux tiennent debout par eux-mêmes, et nous entrainent dans leur sillage sans user d’artifices faciles pour nous convaincre de leur pertinence. De l’énergie purement Hard-Rock de « Innocent », à la mélodie propulsée de « Here It Comes », très WHITESNAKE/MAGNUM, le parcours est un sans-faute, et aucune déviation ne vient troubler la progression. Professionnel, mais gardant cette fraîcheur indispensable aux réalisations de ce type, ce troisième album dégage un sentiment de plaisir infini, et nous offre son lot de mélodies qui restent dans la tête jusqu’au bout de la nuit.
Alors, oui, parfois, la révérence confine AIRRACE à la citation un peu trop poussée, et « Different But The Same » de rappeler de quel bois LED ZEPPELIN il faut se chauffer. « New Skin » quant à lui, se souvient du PURPLE des années 80, mais aussi du WHITESNAKE le plus radiophonique, et David Coverdale de se retrouver certainement enchanté d’être encore honoré sur « Men From The Boys », dont le jeu de guitare se plaît à célébrer la mémoire des Marsden/Moody. Des traces plus que patente du MAGNUM le moins sucré se sentent sous la langue de ci et de là, mais globalement, et malgré ces allusions un peu trop frappantes, le mérite d’AIRRACE n’en est pas amoindri, puisque ce nouvel album propose pour une fois une vraie cassure, et une continuité en inédit, nous offrant même le visage d’un groupe rajeuni dans l’assomption de ses racines seventies. Après tout, il eut été inutile de répéter ad vitam aeternam la même recette à base de claviers jumpy et de guitares en smoothie, et c’est tout à l’honneur de Laurie d’avoir préféré se diversifier plutôt que de stagner, d’autant plus que personne n’a besoin d’un nouveau Shaft of Light trente-quatre ans après. Un LP qui s’inscrit donc dans la logique de production Frontiers, label toujours dans les bons coups, et qui permet à cette reformation d’il y a presque dix ans de se poursuivre décemment. Et puis rien que pour le bonheur éprouvé à l’écoute du Pop-Rock entêtant de « Summer Rain », que le BON JOVI d’aujourd’hui aurait adoubé, Untold Stories se devait d’exister. Des histoires comme celles-là ne sauraient rester tues.
Titres de l'album :
1. Running Out Of Time
2. Innocent
3. Eyes Like Ice
4. Different But The Same
5. New Skin
6. Lost
7. Love Is Love
8. Men From The Boys
9. Summer Rain
10. Come With Us
11. Here It Comes
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