On ne le répètera jamais assez, le troisième album est la clé de voute d’une discographie. Dans le Metal, le Hard-Rock et toutes leurs extensions, les exemples sont légion, de The Number of the Beast à Reign in Blood, en passant par Master of Puppets, Among the Living, Heartbreak Station, j’en passe et des plus probants, cette étape a toujours du être franchie avec finesse et en toute connaissance de cause. Et si l’exemple est évidemment valable pour les têtes de gondole, il l’est aussi pour les rayonnages plus obscurs. Ainsi, les américains de BLACK SITES en sont arrivés à ce point de leur carrière où les erreurs ne sont plus permises, et ou la réussite flagrante est attendue, et pour cause.
Fondé à Chicago en 2015, ce trio a déjà exposé ses vues via deux longue-durée, qui ont fait plus que chatouiller la presse spécialisée. A tel point qu’aujourd’hui, le cas de Untrue est traité par tous les webzines tendance, comme si cette révélation devait se transformer en confirmation sans embuches. Pourtant, dans les faits, pas grand-chose ne distingue BLACK SITES de la horde de nostalgiques d’un Heavy Metal joué eighties, avec des consonances plus modernes. In Monochrome posait les jalons et creusait des fondations solides, mais les étages bâtis par Exile s’avéraient d’une qualité étonnante pour un combo de cette catégorie. A tel point que certains y ont vu un avenir possible pour le vintage US, ce qui n’est guère surprenant au jugé du calibre de ces trois musiciens à la dextérité notable.
Garry Naples (batterie), Ryan Bruchert (guitare) et Mark Sugar (guitare/chant) ont toutefois quelques kilomètres au compteur. On les retrouve au casting de nombreux ensembles, dont CONTRITION, HATEMONGER, NOVEMBERS DOOM, WIZZO, WOLVHAMMER, KASTASYDE, DEADHAND SYSTEM, THE KAHLESS CLONE, WITHOUT WAVES, CENTAURUS, TRIALS, GLACIER, IMMORTAL BIRD, BEAR MACE, ou ANIMUS, et ce CV impressionnant n’est pas uniquement là pour faire étalage d’une expérience conséquente. Bien qu’enregistré séparément, avec les trois membres captant leurs parties respectives dans leur coin, Untrue sent bon la vérité d’un travail collectif, malgré ses pièces assemblées à la production et au mixage. Et en parlant technique, soulignons que la mastering a été confié à la légende Brad Boatright dans son célèbre Audiosiege, ce qui garantit pour les amateurs un son énorme, rond, parfait.
Mais Brad a respecté l’esprit analogique de cet album, et n’en a pas trop fait. Il a suivi les consignes de la production maison de Mark Sugar, et du mixage de Stanford Parker, qui ont veillé à ce que les chansons gardent cet esprit délicieusement passéiste, et presque seventies dans les faits, malgré une approche Metal très connotée 80’s.
Depuis In Monochrome, la recette n’a pas changé. Des riffs purs et déliés, un chant simple et brut, des soli mélodiques parfaitement à leur place, et des structures modestement évolutives qui permettent quand même au trio de chatouiller la corde sensible des amateurs de Progressif. Pour autant, le refus de la démonstration technique est toujours aussi patent, et c’est plus dans les évolutions instrumentales qu’il faut chercher les parallèles avec HEIR APPARENT ou MANILLA ROAD, dont les BLACK SITES semblent les fils légitimes. Ajoutez à ces deux références le nom de HAUNT, qui vient de s’épanouir en acoustique, et vous obtenez un résultat qui se rapprochera méchamment de cet Untrue, franc, honnête, et pourtant si riche qu’on se demande où l’argenterie a été cachée.
A la manière d’un GRAVEYARD explorant le passé en accentuant ses racines Soul et Bluesy, les trois originaires de Chicago vont piocher dans le répertoire le plus Hard-Rock de leur pays, pour nous offrir de petites merveilles comme « Nocturne/Everything Went Black », sommet d’émotion sur lequel la voix de Sugar fait des merveilles. Et avec cette complémentarité de guitares qui tapent tout autant dans la NWOBHM que dans le Rock sudiste, les BLACK SITES résument l’histoire amplifiée de leur pays, et se montrent toujours aussi habiles pour trousser des ambiances.
Beaucoup, mais pas trop. Tel pourrait être le leitmotiv d’un groupe qui sait toujours quand et où s’arrêter. Et les percussions de l’entame « Sword of Orion » frisent la référence amérindienne, avant que le tout n’explose d’une rage typiquement Californienne des années 82/83. La maitrise est totale, l’investissement complet, et le feu d’artifices proposé par le duo Sugar/Bruchert tourne à plein régime pour illuminer le ciel d’une lumière aveuglante venue d’un passé assez proche.
Sans vouloir me projeter trop loin, et après avoir passé un certain nombre d’heures à écouter In Monochrome et Exile, je peux presque déjà affirmer qu’Untrue est l’achèvement définitif des originaires de Chicago. L’énergie incroyable développée par « Call It By It’s Name » confronte THIN LIZZY à RIOT, tandis que la rapidité fluide de « Lost Tribes » évoque la nostalgie à la mode des années 90.
Le centre de l’album, défendu médiator et baguettes par les deux gros morceaux que sont « Echo of A Lie » et « The Worst of Us » évite avec grâce et flair la baisse de régime pour faire encore plus monter la pression, à tel point que l’épilogue « White Ashes » joue sur du velours malgré son recyclage d’idées précédemment exploitées.
Confirmation éclatante d’un talent déjà remarqué par tout le monde, Untrue est un virage négocié avec beaucoup d’intelligence, mais aussi de spontanéité. Il parvient à augmenter la vitesse de croisière de BLACK SITES sans lui faire prendre de risques inutiles, et propulse le trio sous les feux des projecteurs. Un groupe honnête et travailleur, une musique hors du temps, et des chansons complexes appréhendables par les plus attachés au Heavy Rock traditionnel.
Bien joué.
Titres de l’album:
01. Sword of Orion
02. Call It By It;s Name
03. Lost Tribes
04. Echo of A Lie
05. The Worst of Us
06. Nocturne/Everything Went Black
07. They Eat Their Young
08. White Ashes
Un super groupe et un bon album de plus pour la bande à Mark Sugar !
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26
Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.
29/04/2025, 02:27
Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)
29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
28/04/2025, 19:40
@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
28/04/2025, 19:37
Super concert! Avec un peu plus de monde que l'année dernière, il me semble.La chronique résume très bien le sentiment qu'on éprouve dans une telle soirée. Loin de la hype et des touristes, des posers ou des haters(...)
28/04/2025, 19:19
Mince je l'aurais pris pour la revendre et me faire du fric sur ton dos, occasion ratée. Ceci dit je suis très fan du groupe en question.
28/04/2025, 18:42
Dernière minute !!! J'ai une place en plus que j'offrirai volontiers au premier à me répon(...)
28/04/2025, 15:56
Que de bons vieux souvenirs au Chaulnes metalfest ! Entombed, Summon (!!!), Garwall, Kronos, etc... Le tout dans une ambiance survoltée à chaque fois... L'orientation musicale à bien changée par contre à ce que je vois...
28/04/2025, 10:31
J'avais vu l'ancien chanteur de Maiden sur la tournée de son premier album après son licenciement. Je ne suis pas étonné qu'il soit toujours aussi généreux et débordant, à ce que je lis.
27/04/2025, 12:35
Pas grand chose à ajouter, tout a été dit! Un beau moment de métal ! Et le fait d’avoir perdu un membre pour BB ne semble pas avoir affecté l’ensemble (un des deux frangins Appleton est donc passé à la basse, qu’il manie aussi bie(...)
27/04/2025, 07:38
Au hasard pour un groupe que je n'écoute pas comme Lorna Shore fait 100x plus pour maintenir la scène que ces croutons avec leur concerts hors de prix.
26/04/2025, 17:07