Voici donc un disque qui rentre en pleine contradiction avec ma précédente chronique, puisqu’il s’ancre de lui-même dans une pure tradition Heavy Metal, dont les codes ont été édictés à l’orée des années 80 par les scènes européennes et américaines. Mais il n’y a aucun mal à retourner à ses racines et à caresser ses amours d’antan, et cette dualité me plaît tellement que j’ai donc choisi de vous parler du nouvel album des finlandais de SOULHEALER…Vous avez dit old-school ? Oui, d’une certaine façon, quoique le Metal des nordiques ne s’inscrive pas vraiment dans la tendance revival du moment, lui préférant la sincérité d’une passion indéfectible s’accordant très bien d’exigences contemporaines. Loin des clichés « bière et clous » de la scène actuelle, qui préfère se focaliser sur les poncifs que sur le principe actif/réactif, le groupe venu du froid joue donc une musique simple et honnête, qui n’a pas oublié les enseignements de ses aînés, mais sans les répéter bêtement. Ici, tout est fait pour vous replonger dans la magie des années 80, mais avec beaucoup d’intelligence et de naïveté, et sans plan commercial bien dessiné. Mais les fans connaissent très bien ce groupe qui n’en est plus à son coup d’essai depuis 2011 et la parution de The Kings Of Bullet Alley, surtout que depuis, deux autres sont venus compléter le palmarès, Chasing The Dream en 2013 et immédiatement après, Bear The Cross en 2014. Après une telle régularité, le fan lambda serait en droit de se demander ce qui a pu justifier ces quatre années d’absence, mais c’est finalement Teemu Kuosmanen, guitariste du groupe qui leur fournira l’explication la plus probante :
« Ce prochain album va vous tuer ! C’est notre quatrième album, et le premier pour lequel nous avons pris notre temps. Nos disques précédents, Chasing The Dream et plus spécialement Bear The Cross ont été enregistrés très rapidement, et contenaient de très bonnes chansons, mais je n’ai jamais pu m’empêcher de penser à la façon dont ils auraient sonné si nous avions pris notre temps. C’est pour ça qu’Up from the Ashes a bénéficié d’un temps de maturation plus long, afin que nous puissions travailler convenablement ses arrangements. Je suis sûr que les fans vont l’adorer »
Et l’homme a pesé chacun de ses mots, se voulant au plus près d’une vérité que justement Up from the Ashes délivre comme un message sacré. En l’écoutant, on a vraiment le sentiment de retrouver le SOULHEALER des premières années, mais un SOULHEALER sûr de lui, plus adulte, plus concentré, qui a peaufiné chaque secteur de jeu pour transformer ce quatrième chapitre en bible définitive du Metal d’hier remis au goût du jour. Signé par le label italien culte Rockshots Records, le quintette de Kajaani (Jori Kärki - chant, Lari Lämpsä - basse, Timo Immonen - batterie, JiiPee Haikola & Teemu Kuosmanen - guitares) s’est donc senti pousser des ailes, et a recentré sa concentration pour nous offrir le meilleur album de sa carrière, celui qui transcende les inspirations d’hier pour leur rendre hommage aujourd’hui. Si l’on savait les membres du groupe bons musiciens, on les découvre via Up from the Ashes au sommet de leur forme, multipliant les performances personnelles au service d’un collectif uni comme jamais, à la passion pour les anciens intacte et flamboyante. Evidemment, tout ceci reste en terrain très balisé, et on ne déborde jamais d’une trajectoire bien dessinée, mais l’allant dont font preuve les finlandais est admirable, à tel point qu’on pourrait les croire en train de dessiner un avenir du Metal trente ans en arrière, par projection. Tout est fait pour brosser le fan de Metal dans le sens du cuir, des couplets incisifs et arrogants aux refrains magnifiques et sublimant, pour une balade dans le temps, et quelques clins d’œil appuyés en direction des IRON MAIDEN, HELLOWEEN, ACCEPT, GAMMA RAY, POWERWOLF, SABATON et autres JUDAS PRIEST ou BLIND GUARDIAN. L’opération denim & leather est donc parfaitement menée à bien, et ce quatrième LP incarnera sans problème l’étape dite de la maturité, qui placera les finlandais aux avant-postes d’une génération en mal de nostalgie authentique. Mais alors quoi, du Heavy Metal et rien d’autre ? Presque, puisque le Hard-Rock plus classique a aussi le droit de cité, via un « Fly Away » à l’efficacité Maidenesque éprouvée par un énorme riff redondant et cyclique qui vous raidira les cheveux plus efficacement qu’un fer à lisser, mais autant être aussi franc que le groupe, c’est bien le Heavy mélodique qui une fois de plus se taille la part du lion.
Un Heavy mélodique aux astuces certes connues, mais qui fonctionne grâce à l’investissement total d’instrumentistes visiblement affamés de concerts, et qui nous préparent une tournée à venir d’enfer. Une fois encore, les membres de SOULHEALER démontrent avec humilité quels techniciens ils sont, et entre les soli incandescents de la paire JiiPee Haikola & Teemu Kuosmanen, qui nous rappellent la glorieuse époque des tandems Smith/Murray, Tipton/Downing et Hansen/Weikath, le chant lyrique et puissant de Jori Kärki, et la rythmique plombée mais gracile du duo Lari Lämpsä/Timo Immonen, le déroulé est tout bonnement impressionnant, et l’écoute de ce quatrième LP bouillante. Les références les plus évidentes sont toujours aussi frappantes, mais cette façon qu’ont les finlandais de les amalgamer est savoureuse, comme le démontre le crossover « Sins Of My Father », qui se plaît à unir dans un même mouvement la lourdeur oppressante du meilleur ACCEPT et la précision acérée d’un JUDAS PRIEST en pleine action d’affutage. Loin des clichés faisandés des suiveurs vintage actuels qui se mélangent les médiators entre repompe pure et simple décorée d’un perfecto flambant neuf et respect, les SOULHEALER tracent leur voie sans se poser de question, et signent une dizaine de morceaux qui ne marquent aucune baisse de régime. Et si les fondus de virilité se retrouveront tous autour de l’hymne fatal à la testostérone « Pitch Black », et si les passionnés de pluralité Hard/Heavy/mélodie s’accorderont à penser que « The Final Judgement » est certainement le plus beau morceau que Jorn Lande n’aura jamais chanté, les autres trouveront facilement santiag à leur pied en fouillant dans le répertoire renouvelé des finlandais. Si la fougue et l’envie des deux précédents disques ne se cache jamais bien loin, on note sans avoir à forcer un regain de professionnalisme teinté de fraîcheur, qui illustre parfaitement le discours promotionnel de Teemu Kuosmanen, qui n’a pas exagéré en affirmant que ce quatrième tome est sans doute leur plus pensé.
Nous ne pouvons certes pas toujours éviter le choc frontal avec certains clichés, puisque un petit nombre de plans semblent émaner d’œuvres anciennes de gloires ne l’étant pas moins, mais globalement, cet Up from the Ashes, qui emprunte aussi au vocable de Malmsteen et de Joe Lynn Turner (à cause de ce trait d’union entre démonstration et harmonie, mais en version séparée), est d’une perfection assez hallucinante. Et entre l’intro gigantesque de « Up From The Ashes », qui met en exergue tous les principes du Power Metal de tradition, la fausse accalmie groovy « Through Fire & Ice », au déhanché musclé, et l’incendie en cavalcade déclenchée par l’esprit de Steve Harris de « Am I In Hell », on en ressort ébouriffé, mais ravi d’avoir trempé l’âme dans un bain de jouvence qui ne prend pas le passé pour un héritage à piller. SOULHEALER prouve donc avec Up from the Ashes qu’il est un phœnix capable de renaitre de cendres encore bouillantes, et de reprendre un envol qui ne devrait pas tarder à atteindre les cimes…
Titres de l'album :
1.Up from The Ashes
2.Through Fire and Ice
3.Fly Away
4.Sins of My Father
5.Prepare for War
6.Pitch Black
7.The Final Judgement
8.Behind Closed Doors
9.Am I In Hell
10. Land of The Free
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