Je dois avouer que je suis heureux de retrouver ces pingouins. Leur premier album m’avait frappé la tête comme un flic pendant un interrogatoire, la laissant telle une calebasse creusée à la truelle. C’était il n’y a pas si longtemps d’ailleurs, en 2023, et j’avais alors pris le risque d’acheter le truc sur la foi d’une promotion axée sur l’originalité et les déviances jazzy.
Je ne l’ai jamais regretté.
Alors, l’annonce d’I, Voidhanger Records d’un nouvel effort deux titres m’a mis en joie, au moins autant que la vision d’une starlette/influenceuse déchue sur les internettes. Pensez-donc, cet amalgame de Death Metal, de Free Jazz, de Rock acrobatique et d’hommages à Boulez, Zappa, Davis, Coleman est sans doute ce qui se fait de mieux sur le marché en terme de Jazz-Metal et d’avant-garde constructive et logique. Ils ont même baptisé le bouzin Upgrade. Genre, l’ancien OS avait besoin d’une petite mise à jour. Ou d’une grosse. Peu importe. Le line-up est exposé dès les premières lignes, et laisse rêveur. Je le reproduis ici tel quel, pour le plaisir de la lecture :
James Jones – Drums: Tracks 1 and 2
Steve Blanco – Bass Guitar: Track 1, Keytar: Track 2
Zachary Blakeslee-Reid – Guitar: Track 1
Ryan Hale – Guitar: Track 2
Niko Hasapopoulos – Arm, Upright Bass: Track 2
Oskar Stenmark – Trumpet: Track 1
Jerome Burns – Trumpet: Track 2
Ilya Belko – Vocals : Track 1
Encore des surdoués qui s’envolent dès que la partition se densifie, et un accueil chaleureux réservé à un petit nouveau qui connaît bien son manche. Welcome to Zachary Blakeslee Reid, guitariste et compositeur, et élève du maître Elliot Sharp, présent sur la moitié de ce nouvel album, qui tient d’ailleurs plus du EP. Reposant toujours sur un principe simple de rythmique instable et impaire, de mesures complexes, d’envolées en solo et d’écrasements brutaux, Upgrade résume sa substance durant les presque quatorze minutes du morceau titre « Upgrade ».
Tout y passe, SADUS, IMPERIAL TRIUMPHANT, John ZORN, PAINKILLER, l’écurie Voidhanger évidemment, GORGUTS, WEATHER REPORT (mais alors salement dérangé), les chromatismes, les rhumatismes, et cette volonté de transcender les genres sans verser dans la complaisance ou l’autosatisfaction. Ici, les deux titres se portent comme des charmes, et exposent des points de vue affranchis et complexes. Toutefois, pas de démonstration pénible, juste cette volonté de banaliser le Death jazzy, à la limite du chaos, et symptomatique de la musique concrète la plus accessible. On pense à Bill Laswell voyageant dans le temps pour taper le bœuf avec MAGMA, et puis les roulements diaboliques de James Jones nous prennent à revers de leur inventivité tirant sur l’hyperactivité.
Et on ne sait plus quoi penser, si tant est qu’on nous demande de penser, et non de simplement ressentir. J’ai choisi la deuxième option.
« Serum Visions » est un concentré de folie pure, couplée à un génie expérimental qui sait rester logique. Pas question de se barrer en vrille pour faire les malins, puisque le but est de rester Jazz tout en s’accordant une puissance Metal dévastatrice. Mais lorsque tous les instruments entrent en collision, le choc est immense, et difficile à encaisser. Dans ce cas de figure, on flirte avec le Death autrichien de l’orée des nineties, quelques signatures Nuclear Blast, Ipecac, beaucoup d’underground malsain et vilain, mais aussi la fascination de Zappa pour Varèse qui se manifeste sur quelques breaks assez symptomatiques de la scène dadaïste française des seventies.
Tout ceci n’a pas besoin d’être agité, puisque la bouteille explose immédiatement après ouverture. Le talent de ces praticiens hors-norme, une forme de génie absolu qui retient de toute dérivation stérile, et puis cette force qui émane d’instruments classiques, qui ici conchient la normalité sans forcément prôner le chaos.
Et encore moins le n’importe quoi qui excuse tout. Ou qui croit le faire, encore plus grave.
Le sax est sexe, la basse roule et amasse babouches, le chant, épars et irrégulier fricote avec la Floride, mais l’ensemble tricote des motifs à rendre dingues les amateurs de Whiplash.
Rapide, insidieux, méchant, vicieux, ce deuxième long ou second EP est d’une haute teneur en douleur, et risque sincèrement de vous calmer pour une semaine entière, encore plus efficacement qu’une grippe de saison.
J’en hurlerais presque de bonheur tant SARMAT me titille la corde sensible avec un art consommé de la jouissance. Et c’est pour ça que j’ai attendu la fin de cette chronique pour les nommer. Que leur nom reste gravé dans votre mémoire comme l’image fugace d’une humanité qui part à vau-l’eau.
Titres de l’album:
01. Upgrade
02. Serum Visions
C'est le groupe du chanteur de feu Paean. Il faut que j'essaie l'album de 2022.
15/03/2025, 15:41
Franchement Alcest mérite mieux qu'un de ces énièmes groupes de post-rock ou post-metal à la con ou tout est recraché.
15/03/2025, 11:50
Très bon groupe de Death grind,que je viens de découvrir moi qui aime la musique extrême je ne suis pas déçu !Je le conseille à tous
12/03/2025, 10:09
Va vraiment falloir arrêter ces commentaires politiques systématiques, c'est d'un redondant, même si, je conviens que pour le présent groupe ce soit peu évitable. Mais un peu de sérieux, le capitalisme honni se réjouit justement des luttes (...)
12/03/2025, 08:01
Oui il y avait des tensions je pense. Hinds voulait clairement une orientation moins "Metal" depuis quelques temps pour Masto... Et dernièrement il était très critique sur le concert d'adieu de Black Sab' auquel Masto va participer. Il avait po(...)
11/03/2025, 20:35
Du tout bon ça !!!PS : L'intro de la chro c'est pour de vrai mortne2001 ou juste pour la beauté du texte ???
11/03/2025, 19:29
Apparemment Hinds était moins impliqué dans le groupe ces derniers temps mais c'est vraiment dommage cette séparation.
11/03/2025, 07:47
Perso, à part leurs deux premiers albums qui sont vraiment géniaux, le reste est quelconque et prétentieux.
08/03/2025, 16:08
Tout comme Gargan, bien plus ADIPOCERE que HOLY à l'époque.HOLY étant bien trop atmo-avant-garde-mélo-musique-du-monde pour moi.Pout autant, GLOOMY GRIM et TRISTITIA ont été de très grandes révélations au mili(...)
08/03/2025, 10:09
Le catalogue était culte avec ses descriptions d'albums !!! ("la batterie va à 1000 km/h", "l'album de la maturité",...) Ma discothèque s'est constituée au début en grande partie grâce à eux.
07/03/2025, 16:48
@ Mortne2001 :J'ai maté les films que tu conseillais et que je n'avais pas encore vu (voir même entendu causer...) :- ODDITY : Mouuuais... ... ...Idée de base pas mal mais des incohérences scénaristiques qui gâche totalement t(...)
04/03/2025, 12:25
Possible qu'ils tournent, étant donné que Bobby est devenu un meme depuis quelques jours....
04/03/2025, 10:50