Bac de philo, vous avez quatre heures.
Peut-on aimer son Death Metal classieux et précis quand on aime sa viande saignante ?
Beaucoup me répondront que oui, puisque les deux choses sont bien différentes, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il est plus logique de bouffer sa tranche de bœuf sanguinolente lorsqu’on se prétend fan d’AUTOPSY, BOLT THROWER, DISMEMBER, ou de l’écurie Sentient Ruin. Point de vue personnel évidemment, qui n’engage que moi, mais qui est toutefois assez logique. Alors, fans de steak haché bien cuit, laissez votre assiette propre, car les américains de LEFT CROSS ne sont pas du genre à laisser la barbaque sur le feu pour les palais trop sensibles.
A l’heure du deuxième album, on se demandait si le collectif de Richmond allait surpasser la qualité de ses quatre premiers EPs et de son premier longue-durée. Il est certain que le très vilain Chaos Ascension avait fait forte impression chez les parias et autres fossoyeurs de joie, mais encore fallait-il prouver que cette première étape annonçait un règne durable. Et dès les premières notes moisies de « The Blood of Mars », la sentence est irrévocable :
Upon Desecrated Altars est une véritable tuerie, synthétisant les ingrédients les plus périmés des vagues floridienne et suédoise.
Ce nouvel exploit du quintet (S.B. – batterie, Jerrett Clark – guitare, Seth Anderson – guitare, Wes Warren – chant et Dylan Williams – basse) est à noter sur vos tablettes, même si cette chronique ne sera publiée qu’en 2024. Avec un fond de guitares bien rance et un mixage titillant la susceptibilité de lignes de chant vomies comme au réveillon, ces nouveaux morceaux nous ramènent à l’époque bénie où le Death Metal était encore pur et non édulcoré pour plaire aux plus lettrés. Ainsi, la tutelle de BOLT THROWER est évidemment indiscutable, tout comme le legs de Chris Reifert.
Beaucoup plus à l’aise avec la nostalgie que ce cher Rogga Johansson, LEFT CROSS nous traîne par les cheveux dans le passé, pour redécouvrir les joies immondes d’In Battle There Is No Law et Severed Survival, tout en faisant de l’œil torve à PISSGRAVE et ENSEPULCHER.
Suintant des parois comme une vieille incontinente en plein supermarché, Upon Desecrated Altars est grave, sentencieux, sent bon les glaires et remugles, et nous prend par les naseaux comme un cadavre de chacal. On y sent l’inspiration des maîtres, la seule, et l’expiration des tuberculeux. Fiers de la culture de leur pays, mais perméables aux enseignements européens, les cinq virginiens se taillent la mine, et la plantent dans votre oreille. Le résultat est inévitable, vous devenez immédiatement sourd, mais aussi dépressif, et perdez le goût à la vie. Seule la mort vous obsède, une mort solitaire, oubliée entre deux couloirs de catacombes.
J’aime évidemment ce purisme qui s’exprime par un accordage bas et une attitude franche. Pas de faux semblant, pas de fausse promesse, juste l’essentiel, et un décor qui fait le job. A l’image de sa pochette, Upon Desecrated Altars est une guerre menée contre les traitres à la cause, et une guerre gagnée par des guitares/épées trempées dans le blasphème d’une profanation suprême.
Enregistré par Matthew Michel au studio Viva, mixé par Arthur Rizk et masterisé par Dan Lowndes au studio Resonance Sound, Upon Desecrated Altars est un plaisir post-fêtes même pas coupable, puisque les guirlandes rendent l’âme depuis hier soir. Si vous en avez marre des célébrations, réunions, repas copieux et toasts à foison, alors sortez un bon rumsteck du frigo, laissez le reposer quelques jours, et saisissez le quelques secondes avant de planter vos crocs dedans. L’analogie avec l’écoute de cet album est probante, puisque vos oreilles seront souillées par des sonorités cryptiques, des riffs uniques mais imprégnés, et des vocalises de plantigrade se réveillant d’une légitime hibernation.
Aucun luxe, aucune fioriture. Les esthètes en sont pour leur grade, mais les sauvages festoient en pissant sur l’autel. L’église, malmenée par les païens subit plus de violence que durant toutes les croisades, et finit par se tourner vers le diable pour garder ses murs partiellement intacts.
Orgie des sens, Upon Desecrated Altars pose les LEFT CROSS sur le trône qu’ils ne sont pas prêts de quitter. Et finissez votre viande. Elle sent, mais elle est la plus savoureuse du marché.
Titres de l'album :
01. Debellation
02. The Blood Of Mars
03. Deity Of Molten Iron
04. Burning Raids
05. Upon Desecrated Altars
06. Unbinding The Covenant
07. Inexorable March
08. Unhallowed Oaths
09. Pyramid Of Conquered Skulls
10. Celestial Wound
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30