Une nouvelle livraison en provenance de Suède ? Je signe immédiatement le bordereau, d’autant plus que le nom frappé sur la caisse garantit une cuvée exceptionnelle. Tous les fans de Hard-Rock un peu de biais, légèrement fusion sur les bords mais surtout complètement free ont déjà entendu parler des ELECTRIC BOYS, ces iconoclastes qui en 1989 avaient sorti un album qui détonait complètement dans la production de l’époque. Et aucun d’entre nous - du moins je l’espère - n’a pu oublier la douce folie émanant de Funk-O-Metal Carpet Ride, premier album excentrique, pertinent et joyeux, qui nous avait pour un temps éloigné des turpitudes Thrash trop convenues et des délires Hard-Rock trop fardés et portés sur les résultats du Billboard. Mené de front par le fantasque et talentueux Ulf Conny Blomqvist, aka Conny Bloom, ELECTRIC BOYS a toujours été un électron libre dans la pampa suédoise, ne sortant des albums que lorsqu’il avait des choses à dire, et continuer de prôner le métissage musical des décennies après son émergence. Et depuis leur formation les suédois ont continué de prêcher la bonne parole d’ouverture musicale, avec pas moins de six longue-durée, auxquels vient s’ajouter ce dernier né qui place encore une fois la barre plus haute que n’importe qui.
Certes, leur carrière a été émaillée de longs silences, puisque dix-sept ans ont séparé Freewheelin (excellent, évidemment, même sans Bob Dylan) d’And Them Boys Done Swang, mais depuis ce retour magique, le combo s’est montré plus régulier, à tel point que The Ghost Ward Diaries n’accuse que trois ans d’existence. J’avais fait allusion aux suédois pas plus tard que l’année dernière, lorsque Conny nous avait gratifiés d’un nouvel album solo à la pochette potache de tennisman hirsute, et je suis heureux de le retrouver aujourd’hui dans un contexte collectif, puisqu’il n’est jamais aussi convaincant que lorsqu’il pilote le vaisseau pirate ELECTRIC BOYS. Et avec Ups!de Down, Conny prouve qu’il a encore bien des terres à conquérir et flanquer de son drapeau, plus de trente ans après sa première invasion.
Dans les faits, et malgré son point d’exclamation judicieusement placé, Ups!de Down ne chamboule pas la donne, et nous offre une solide dose de Rock n’Hard joué smooth, légèrement Funky sur les bords, un peu comme si le meilleur HANOÏ ROCKS se frottait aux RED HOT de légende. Une fois encore enregistré aux Ghost Ward studios, et coproduit par David Castillo, Ups!de Down démontre que la collaboration entre les deux têtes pensantes Conny Bloom et le bassiste Andy Christell fonctionne encore à plein régime, alors même que les deux membres fondateurs se sont entourés pour l’occasion de deux nouveaux noms. Ils ont de fait intronisé ‘Slim’ Martin Thomander à la guitare, tandis que Jolle Atlagic s’est occupé des fûts, le batteur historique et toujours actif Niclas Sigevall ayant dû rester à L.A pour cause de pandémie. En résulte un album qui fait honneur à la réputation des suédois, et qui propose une fois de plus un répertoire varié, éclectique, mais toujours aussi électrique, empreint de Blues, de Funk, de Psychédélique, et de Rock jusqu’à ras bord de cette caisse que nombre d’entre vous vont ouvrir au pied de biche mental.
D’ailleurs, pour bien mettre les choses au point, et commencer le pied à l’étrier, l’album entame sa course pépère avec un long instrumental de toute beauté, ce qui peut paraître un choix osé pour un retour. Mais « Upside Down Theme », malgré ses plus de sept minutes bien tapées, nous fait justement taper du pied en attendant que le chant unique de Conny ne rentre en lice. Intro stellaire striée de feedback, ambiance up tempo diabolique, riff gluant qui colle aux semelles, immédiatement, l’auditeur est entrainé dans le monde cartoonesque des suédois, et ne regrette pas son choix. De ses baguettes, Jolle Atlagic impose un sacré beat, que la basse de Christell suit avec une jouissance que l’on peut ressentir à travers les enceintes. Mais les riffs de Conny déchirant le groove ambiant nous rappellent l’allégeance du combo au Hard des seventies, et à ce besoin d’aller frapper à toutes les portes pour dénicher les bon clients. Alors après ce traitement peu commun, « Super God » explose le thermomètre et fait monter la fièvre de la wah-wah, avec ses voix traitées, et ces petits licks de guitare totalement mutins. Clavier qui convoque Jon Lord, refrain psychédélique qui nous ramène aux BEATLES, et joie de jouer qui coule des partitions.
Sûr de son fait, et bombant le torse, le groupe se présente sous un jour dépenaillé mais évidemment flatteur, et ose même parfois la citation indirecte pleine de flair. Conny n’hésite donc pas à emprunter à « All the Young Dudes » du Dieu Bowie sa mélodie pour la fredonner sur « She Never Turns Around », en la travestissant pour ne pas passer pour un ingrat. Et si « Never Again Your Slave » sonne comme une déclaration d’intention avec son Hard groove pouvant en remontrer aux RAGE AGAINST THE MACHINE, c’est tout bonnement parce qu’il est vrai que les ELECTRIC BOYS ne seront jamais les esclaves de personne, et surtout pas de ce business qui bouffe la créativité au point de vous obliger à reproduire ad nauseam la même recette. Ici, elle a fait ses preuves depuis longtemps, et on la retrouve au détour des dix hits de ce septième LP, en version simple et directe sur « Globestrutter », ou en version plus modulée et sexy Bolan en diable sur « The Dudes & The Dancers ». Alors, quelle autre solution que de se laisser entrainer dans cette valse à mille temps, jouée par un orchestre suédois comme on n’en fait plus depuis des lustres ?
Encore une fois, la qualité et la diversité sont de mise, que le ton soit Rock n’Hard et franc du collier (« Twang 'em & Kerrang 'em »), ou que la clôture soit finaude et ambiancée (« Interstellafella »). Jeu de guitare inventif, fou, mais impeccable, voix roublarde, rythmique ad hoc, Ups!de Down vous permettra de regarder le monde à l’envers pour en tirer un constat diffèrent, et peut être un peu plus joyeux. Il ne faut jamais trop se prendre au sérieux, on finit tous par en mourir quoi qu’il en soit.
Titres de l’album:
01. Upside Down Theme
02. Super God
03. Tumblin' Dominoes
04. Never Again Your Slave
05. She Never Turns Around
06. Globestrutter
07. The Dudes & The Dancers
08. Twang 'em & Kerrang 'em
09. It's Not The End
10. Interstellafella
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49