A force d’aller chercher ailleurs, à force de se dire que non, tout ne vient pas de là-bas et de traquer la bête dans les pays de l’est, en Amérique du Sud, en Europe centrale, on a fini par oublier que le Crust et le D-Beat sont des franchises bien nordiques, et des défrichages suédois. Ben oui, mais c’est un peu de leur faute aussi, parce qu’après nous avoir inondé de groupes tous aussi vilains les uns que les autres, le retour de bâton s’est fait sentir, et tout le monde les a copié avec toujours plus de talent.
C’est peut-être ça le fameux VENGEANCE OF KARMA décrit par ce nouveau groupe…Du genre attribuer la paternité d’un style à un pays avant de voir celui-ci dépossédé de sa création. Ou coller un coup de pied au cul du chat avant que ce dernier ne vous griffe méchamment la gueule au détour d’un couloir.
Et d’ailleurs, ce qui griffe aussi méchamment la tronche, c’est ce premier album qui une fois traduit donne un truc genre « de mal en pis », sans évoquer le proverbial veau d’or, et qui rétablit la vérité une bonne fois pour toutes.
Oui, le Crust et le D-Beat sont des affaires scandinaves, un poing dans la tronche et c’est tout.
Ur Askan, c’est un peu le retour du peuple prodigue qui n’a de cesse de vous malmener les oreilles de son Hardcore rapide et abrasif, et hargneux comme une DISCHARGE de trois-cents volts dans les doigts.
Ce sextette (Linus Pettersson & Jesper Oskarsson – hurlements, Mattias Frödén – guitare et cris, Daniel Åberg – autre guitare mais sans cris, Simon Guidoum – basse et Johnny Lebisch – battements cardiaques) propose donc en ce début d’année son debut album, et cogne très fort, très vite, sans trop se poser des questions sur la légitimité de sa colère.
Bonne pioche, puisque cette déflagration nous ramène aux plus grandes heures du Crust à tendance maléfique suédois, avec déluge d’up tempi et autres riffs charcutés sans répit.
C’est certes très classique, mais comme on n’avait pas entendu ça depuis très longtemps émaner des côtes suédoises, ça fait du bien par où ça passe et ça remet les pendules de l’hiver permanent à l’heure des frimas envahissants.
Pas de quartier, puisqu’en à peine plus d’un quart d’heure, il n’y a pas de quoi finasser, mais plutôt se concentrer sur les figures imposées du genre, en essayant de les transcender de quelques mélodies bien troussées et autres arrangements chaotiques intenses et débridés.
Distribué en vinyle par de nombreux labels (Phobia Records, Angry Music, The Mind Is Everything Records, 5FeetUnder Records et Ofog Och Motvals), Ur Askan est un concentré de saine colère en neuf chapitres tous aussi épais les uns que les autres, qui illustrent donc avec pertinence cette vision pessimiste du mal qui va en pis.
Kristinehamn vient donc de trouver ses nouveaux héros, qui ne crachent pas sur un brin de Core’n’Roll comme le démontre le très ludique et pas forcément pacifique « Intravenös Terapi », se fendant d’un mid tempo accrocheur qui rompt un peu avec les ardeurs.
Mais comme ce morceau plus finaud est directement enchaîné à une boucherie mi Crust mi Thrashcore aussi délurée que « Skicka Vidare Problemet », on comprend assez bien que la modération ne leur sied pas forcément bien, et que la brutalité reste de mise de main en main.
Les Suédois augmentent parfois l’intensité tout en développant des harmonies discrètes, tâtant ainsi d’un hybride de Core et de Death sur le lapidaire et poisseux «Själlösa Dockor », qui taquine aussi bien les aisselles d’URSUT que les semelles des ENTOMBED. Révérence nationale oblige…
Mais pour être honnête, la devise du sextette pourrait être sans conteste « On fonce, et après on ponce », ou « Je défonce donc je suis », puisque la puissance de leur premier effort ne subit que très peu de pertes, et accentue le malaise au fur et à mesure que les morceaux défilent, tous à la même allure ou presque, à peine perturbés par quelques breaks qui parfois densifient encore plus la vilénie (« Din Hunger, Din Törst »).
Alors, de « Brända Pengar För Frusna Intellekt » jusqu’à « Ur Askan », tout reste une affaire de karma, et admettons que celui des VENGEANCE OF est plutôt bon, puisqu’il leur permet de se frotter aux meilleurs représentants du style en poussant le bouchon toujours plus loin.
Il semblerait que les coups de pattes du greffier enragé ne les aient pas calmés, puisque la véhémence et la violence restent leurs deux seules réactions possibles, même lors d’aménagements un peu plus stables et mélodiques que la moyenne, pas si loin d’ailleurs d’un Hardcore moderne (« Brända Pengar För Frusna Intellekt », avec mini solo dissonant compris avec les pansements).
Tout tourne autour de la poignée de minutes réglementaire, et comme le but avoué est de frapper un grand coup et de ramener la médaille de la méchanceté at home, ils sont tous permis, même les plus bas, comme cette rythmique qui ne s’essouffle pas sur un « Skeppet » qui profite d’un unisson vocal pour repousser les limites du cri qui fait mal et laisse la gorge dans un état bancal.
Donc, résumons.
Les VENGEANCE OF KARMA hurlent, jouent comme des mules, accélèrent un tempo qu’on pensait déjà trop chaud, alignent les riffs d’usage qui râpent à fromage, mais aménagent avec quelques pauses pas vraiment sages qui insufflent quelques harmonies dans le carnage.
Mais ils affirment surtout la domination de leur pays sur la scène Crust et D-Beat mondiale, sans craner ni se perdre en démonstrations banales.
Le meilleur du cru bien cuit, qui sait rester tartare pour les barbares, et une constatation qui s’impose sans aucun hasard.
Oui, le Crust, le D-Beat restent la chasse gardée des Suédois. C’est comme ça. Et si après avoir avalé Ur Askan vous n’admettez pas, alors préparez-vous à un sale karma, avec ou sans chat.
Titres de l'album:
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