On peut choisir de rester en Norvège toute une matinée, c’est une possibilité. D’un côté, on en admire les fjords et les forêts, de l’autre, on s’excite un peu dans un local de répétition au son abrasif d’un énième combo de Crust/D-Beat qui une fois de plus, prouve que la violence du genre est une solide affaire nationale.
Les exemples ne manquent pas, et je ne vais certainement pas les recenser ici, mais me contenter d’apporter un nouveau pavé aux barricades de la violence nordique en vous narrant les mésaventures du dernier LP en date des frondeurs de MØRKT KAPITTEL.
Ces gentils garçons sans doute bien élevés nous en viennent de la ville de Trondheim, suivent à la lettre l’éthique du DIY si chère au Punk et au Hardcore, et semblent faire partie de la faction la plus véhémente de leur créneau, au même titre que les URSUT et autres SMÄRTSAM UTLÖSNING ou JOTNARR.
Leur crédo ?
Tenter de faire progresser le style tout en restant fidèles à ses dogmes, en assombrissant le Crust d’une grosse couche de Neo Darkcore, pour aboutir à un résultat aussi violent que séduisant. Et de ce côté-là, leur mission est « brillamment » accomplie, puisque cet Usnuelig Ferd est aussi violent et rapide qu’il n’est désespéré et presque résigné.
Dans le ton tout du moins.
Rien de nouveau sous l’hiver norvégien, qui peine toujours autant à réchauffer ses ouailles. Si le tour de la question Néo Crust a déjà plus ou moins été fait, plusieurs fois même, il faut concéder à ce quintette (Atle, Eirik, Fredrik, Øystein, Øyvind) une façon plus Punk/Hardcore d’aborder la chose, notamment dans l’application de plans de guitares très mélodiques, qui les rapprochent même d’un Darkcore assez harmonieux et plus ou moins surprenant.
Nonobstant cette nuance d’importance, ce LP reste dans des balises rassurantes de brutalité assez maîtrisée, qui semble même tendre vers un genre de Post Black parfois assez douloureux (« Vardøger »). Leur son est assez étrange, un peu étouffé et concentré, et si les riffs se veulent épais et tendus, les entrées solo en harmonies semblent souffrir d’une production un peu rêche et mièvre qui confère à l’ensemble une aura de démo pas forcément désagréable, bien au contraire.
Inventivité et efficacité, sobriété et richesse, telles semblent être les dualités maîtresses de ce nouveau projet des MØRKT KAPITTEL. Si la plupart des morceaux suintent la colère et l’envie d’en découdre, d’autres au contraire jouent le calme apparent, comme ce « † » qui joue la sensibilité acoustique épurée, et qui se veut bien plus qu’un simple intermède mélodique destiné à boucher un trou.
Les morceaux sont tous d’une durée homogène, avec toutefois quelques pointes dépassant les cinq minutes, chose rare dans le domaine, mais les norvégiens ont au moins le mérite de nous éviter les habituelles dérives bruitistes occupant un métrage interminable.
Ils parviennent même à repousser les limites de la sauvagerie crue à l’occasion d’un « Alt Som Har Reist Sæ », à la rugosité atténuée de cassures harmoniques presque Folk dans l’idée, qui s’incrustent dans les interstices laissées entre des accélérations typiques du Crust nordique.
Le tempo général est résolument excité, mais refuse la lourdeur à la DISCHARGE pour se concentrer sur une nostalgie de fond assez prenante, avec toujours en exergue ces courts passages mélodiques qui nous font tomber dans une ambivalence flagrante.
En gros, une illustration de la vie, dans son passé/présent/avenir, vu au travers d’un prisme Hardcore sans concessions, mais avec lucidité et compréhension.
Même les entrées les plus coutres sont régies par ce principe, à l’image de l’instinctif et bref « Å Snu Sæ Vekk » qui permet quand même un chant bien raclé qui par transposition vous brûle le palais et les poumons de ses exhortations.
Si les chansons frisent toujours les quatre minutes, elles sont composées de suffisamment d’idées pour ne jamais se répéter, ou presque, et tentent parfois des accroches rythmiques plus lentes et chaotiques. Ainsi, « Blindt Regn » calme le jeu d’apparence pour s’unir dans un ballet à la UNSANE, soudainement écourté par de courtes manipulations Folk acoustiques qui relancent le rythme, en mid pour changer, mais encore plus intense que n’importe quelle cavalcade affolée.
Ce titre est d’ailleurs assez révélateur de la personnalité des norvégiens, qui ne se contentent pas d’une course en tête, et s’autorisent même des incursions en terrain Post Metal/Metal Alternatif histoire de ne pas se montrer trop bornés.
Mais ne soyez pas trop inquiets quant au sort qui vous est réservé malgré ces atténuations possibles de véhémence. Le quintette norvégien n’a pas oublié que l’atout majeur du D-beat restait sa capacité à transcender la violence pour la rendre palpable, et malgré quelques astuces d’équilibriste Punk bien senties, le radicalisme est toujours de mise, mais il est simplement renforcé d’une couche d’harmonies et d’un travail rythmique inventif.
Ainsi, le final « Taushetens Verdighet » synthétise pour vous la philosophie d’Usnuelig Ferd, en soufflant une fois encore le chaud et le froid dans vos bronches auditives, de façon encore plus appuyée.
A vous de voir si selon votre propre opinion, un album de Néo Crust doit rester linéaire et brutal de bout en bout, ou peut et doit au contraire s’ouvrir pour offrir quelque chose de plus.
Ce qui est le cas des MØRKT KAPITTEL, qui sont autant Punk, Hardcore, Néo Crust, D-Beat que n’importe qui mais qui sont aussi d’habiles instrumentistes et d’intelligents compositeurs.
C’est aussi ça la Norvège. Le froid, l’hiver sans fin, la chaleur d’un feu de bois, et une conception de la vie assez pertinente.
Tout ne pas peut pas être chaos, et quand bien même, rien n’interdit de le structurer.
Titres de l'album:
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