Il y a fort longtemps, j’avais enfin réussi à louer le video nasty Faces of Death dans un vidéoclub de la Rochelle. Décrit comme l’un des films les plus malsains de la création, et présenté façon documentaire, ce fameux mockumentary introduit par le faux professeur Conan Le Cilaire (aka John Alan Schwartz) n’était en fait qu’un étalage random de morts violentes, la plupart du temps fake (les morts humaines, la scène du singe dans le restaurant), et parfois véridiques (tout ce qui concerne les animaux en laboratoire, abattoir, etc…). La vision de ce machin m’avait profondément choqué, mais je suis certain que si le réalisateur avait choisi de poser sa caméra au Brésil dans les années 80, il aurait obtenu un résultat plus crédible et encore plus violent. Réalisé quelques années plus tard, il aurait même pu engager les locaux de FACES OF DEATH, qui ont emprunté le nom de son film pour faire carrière, et qui depuis leurs débuts s’ingénient à reproduire musicalement la violence qui règne dans ce pays d’Amérique du Sud, gangréné par la corruption et la violence de rue. Rassurez-vous toutefois, le second longue-durée des FACES OF DEATH n’a pas le mauvais goût de son homonyme cinématographique, et se propose de résumer les tendances Death/Thrash brésiliennes des trente dernières années, avec un flair certain.
Et ils peuvent se le permettre d’ailleurs, puisque leur formation remonte à l’orée des nineties, avec une première démo publiée en 1991, qui précéda un long silence de six années avant un long hiatus de vingt ans. Mais depuis sa reformation en 2017, le quatuor n’a pas chômé, et a pondu un premier EP la même année (Consummatum Est), avant d’enfoncer le clou en 2018 avec un premier long de qualité, judicieusement baptisé From Hell. Et deux ans plus tard, nous avons des nouvelles chaudes de l’enfer via cet autoproduit Usurper Of Souls, faisant la part belle à un crossover global de première bourre. Très à cheval sur les principes, le groupe n’a pas changé sa formule, et s’épanouit toujours dans une violence instrumentale plurielle, utilisant la plupart du temps les codes de base du Thrash pour les corser d’inflexions Death du meilleur cru, sans oublier de tâter du bout du pied les eaux troubles du Groove Metal. C’est ainsi que Laurence Miranda (chant/guitare), Sylvio Miranda (basse), Sidney Ramos (batterie) et Felipe Rodrigues (guitare) balancent sans précaution neuf hymnes à la bestialité brésilienne, sous la forme d’un Death/Thrash qui ne prend pas vraiment de gants pour enterrer le cadavre encore frais de la modération. Mené par Laurence, seul membre d’origine, qui domine de sa guitare et de son timbre rauque les compositions, FACES OF DEATH prône la vitesse, la méchanceté, la cruauté même, et nous livre une partition parfaite en forme d’exutoire et de constat sur une époque de plus en plus trouble, sans laisser ses prétentions techniques au cimetière.
Et on comprend vite que le niveau des musiciens est au-dessous de tout soupçon, en prenant acte de nombreux breaks et autres finesses de transition. D’ailleurs, le groupe de São Paulo à la gentillesse de résumer une bonne partie de sa démarche sur l’introductif et éponyme « Usurper of Souls », qui en un peu plus de cinq minutes étale les arguments virulents. Aisance sur mid tempo, précision en vitesse accrue, batteur qui donne de sa personne, multiplicité des riffs, le catalogue est fourni et le cahier des charges respecté à la croche, et malgré un son de grosse caisse bien trop compressé, on peut apprécier le talent d’instrumentistes qui connaissent leur boulot, et l’implication vocale d’un chanteur qui donne tout ce qu’il a dans les tripes. En écoutant ce morceau somme toute assez dense, on peine à classifier le quatuor dans un créneau précis, puisqu’il passe en revue toutes les fragrances de violence, profitant d’un mid pour groover comme un damné, incrustant même le type de break mélodique dont SEPULTURA était si friand.
Et en élargissant un peu le débat, il n’est pas vain de voir en ce second LP une sorte de résumé des différentes étapes de la carrière des originaires de Belo Horizonte, le chant de Laurence singeant les tics de Max en tournée pour promouvoir Roots (cf le live Under a Pale Grey Sky et ses grognements impressionnants). Mais pas de méprise s’il vous plaît, FACES OF DEATH n’est pas un simple clone de SEPULTURA, loin de là, même si les points communs entre les deux combos sautent rapidement aux oreilles. FACES OF DEATH est beaucoup plus violent que Max et sa bande ont pu l’être, et ne se vautre jamais dans le chaos d’un Blackened Thrash, préférant de loin la précision du Thrash contemporain qui n’a pas oublié les bases des années 80.
Avec une cadence d’abattage très respectable, Usurper Of Souls n’a rien d’un usurpateur, et craque souvent lors de crises de colère tout à fait légitimes, qui obligent le batteur à monter dans les tours pour faire rebondir ses baguettes sur sa caisse claire (« Empty Minds »). Partageant son inspiration entre morceaux construits et évolutifs et réactions épidermiques instantanées, le quatuor fait montre de tout son savoir-faire, et multiplie les approches, se rapprochant clairement du Thrash plus classique (« Deep Agony »), pour mieux s’engager sur le terrain de la philosophie à la suédoise, rapide et mélodique (« Monster Medium »). Evidemment, le chant très basique et gravissime de Laurence Miranda pourra lasser les amateurs de nuances, mais ceux qui n’ont pas oublié les exactions les plus raisonnables du Techno-Thrash reconnaîtront la patte de musiciens qui ont les moyens de leurs ambitions. Avec des arrangements finauds, à base de guitare classique, de basse grondante, de cassures soudaines et de breaks moins téléphonés que la moyenne, Usurper Of Souls défie bien des cadors sur leur propre terrain, et pond quelques hymnes solides et veloutés (« Faith or Fear »). Assez linéaire dans les faits - tout du moins très cohérent - ce second LP s’arrêtant judicieusement sous la barre des quarante minutes laisse une impression durable, et accumule les uppercuts en pleine face (« Killer...in the Name of God » et son riff d’intro très catchy), nous laissant même sur un morceau d’ambiance MOTORHEAD/SODOM, un peu punky sur les bords, pour prouver que la bestialité n’est pas la seule à s’imposer (« Warlord »).
Produit par Friggi Mad Beats, masterisé à l’Absolute Master, et flanqué d’un artwork superbe de Marcelo Vasco (THE TROOPS OF DOOM), Usurper Of Souls est donc une tranche de vie à la brésilienne qui décrit avec pertinence le climat permanent de violence qui règne dans ce pays. Et qui nous fait grâce des atrocités infligées à des animaux, ce qui lui évitera l’étiquette d’audio nasty.
Titres de l’album:
01. Usurper of Souls
02. Empty Minds
03. Deep Agony
04. Monster Medium
05. Faith or Fear
06. Open Wounds
07. Killer...in the Name of God
08. Death Virus
09. Warlord
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