V

Grand Design

06/03/2020

Gmr Music

GRAND DESIGN depuis 2006 fait le show des années 80 comme si la fête ne s’était jamais achevée. Ce qui est quelque part le cas, puisqu’elle est célébrée année par année par des groupes ne se reconnaissant pas dans leur époque, et le gâteau d’anniversaire, souvent coupé en fines tranches, est toujours aussi délicieux, même avec un surplus de cire de bougie. Presque quinze ans de carrière donc pour les mélodiques suédois, et quatre albums largement reconnus, Time Elevation en 2009, Idolizer en 2011, Thrill Of The Night en 2014 et Viva La Paradise en 2018, dernier album en date qui vous fut d’ailleurs décortiqué en ces colonnes et assez honoré pour ses qualités propres. En deux ans, le groupe nous en revient donc propager la bonne parole d’un Hard Rock mélodique à la scandinave qui imite le Hard Rock à la californienne, qui lui-même décalait le propos européen des années 80. Une boucle est donc bouclée, et cette fois-ci, le groupe n’a pas cherché la complication d’un titre en gimmick, puisque sa cinquième œuvre s’intitule tout simplement V, comme pour bien marquer une étape intermédiaire. Et au vu de la qualité de l’album en question, on ne peut souhaiter aux originaires de Västerås que de publier dans quelques années X, qui entérinera leur importance majeure sur le marché de l’harmonie à la suédoise. En substance, le combo ne prend donc aucun risque, osant même se ressourcer à ses propres origines, puisque selon ses auteurs est un comeback d’une quinzaine d’années dans le temps, se rapprochant des premiers efforts de la bande. Et il est certain que si Viva La Paradise a quand même laissé quelques traces dans les mémoires des compositeurs, c’est l’énergie brute de Time Elevation qu’on retrouve ici de façon plus que probante.

Seul changement dans la continuité, un petit ajustement de line-up, avec l’intronisation de Dan Svanbom au poste de guitariste autrefois occupé par Janne Stark. Mais pas d’inquiétude à avoir, puisque GRAND DESIGN est toujours mené de voix de fer et de velours par son frontman/formateur/leader Pelle Saether, qui signe une fois encore la production, parfaitement adaptée à ce mélange de puissance et de délicatesse. Je l’évoquais dans la chronique précédente, mais le reproche majeur formulé à l’encontre du groupe pendant longtemps était sa propension à un peu trop singer les tics de DEF LEPPARD, défaut habilement corrigé par le LP précédent qui tapait tous azimuts, en racolant Glam pour mieux allécher AOR, orientation qu’on retrouve ici malgré quelques astuces de reproduction assez évidentes. Ainsi, « I Won’t Cry Over U Tonite » ne cache en aucun cas sa fascination pour le BON JOVI de Slippey When Wet, ni pour le JOURNEY de la grande époque, mais qu’importe, puisque le mélange des deux références produit un résultat imparable. On retrouve donc ces guitares mordantes qui savent s’adoucir, ces harmonies vocales en superposition qui gonflent l’ambiance, et cette rythmique élastique qui permet de danser tout en secouant sa majestueuse crinière. Je le disais plus en amont, pas de révolution à attendre de la part d’un groupe qui sait depuis longtemps ce qu’il veut, mais de la qualité, constante, de bons morceaux, nombreux, un son, précis, et une globalité qui dépasse la somme de ses parties. C’est ainsi que dès l’intro de « Right Away », le quintet place ses billes et ses chœurs pour nous rappeler le Los Angeles d’il y a plus de trente ans, tout en lâchant des riffs que le KISS de la période Animalize/Creatures of the Night n’aurait pas renié. En résulte une musique haute en couleurs et en énergie, et une osmose générale palpable.            

 

Comme souvent sur un album suédois du cru, la perfection guette à chaque coin de rue, et toutes les chansons affichent un capital séduction assez impressionnant. Grâce notamment au pedigree des musiciens et à leur réel amour pour un style plus complexe qu’il n’y parait à reproduire, qui permet l’émergence de compositions solides, sous influence évidemment, mais polies aux entournures sans brader l’envie. Si les nappes vocales continuent de piller l’héritage de Mutt Lange et de ses protégés léopards (« Strandead (Trapped in a Heartbreak Zone) »), il arrive souvent au groupe de dévier de sa trajectoire middle of the hard pour oser aiguiser ses guitares et mordre plus fort qu’à l’ordinaire (« Shame on U »). C’est évidemment du 100% suédois, mais lorsque le tempo fléchit et que les riffs s’épaississent, on se rapproche d’une version nord européenne de HAREM SCAREM tout à fait crédible (« Walkin’ the Wire »). En version Metal, le groupe reste bien sûr totalement crédible, mais c’est surtout sa facette Hard/Glam/FM qu’on apprécie le plus, avec cette collection de hits à faire pâlir les SLAUGHTER, WIG WAM et autres BLACKRAIN (« Gimmie the Fire », et cette voix gouailleuse et légèrement écorchée sur les griffes), et si comme d’habitude, le groupe a renoncé à faire pleurer dans les chaumières en évitant les ballades lacrymales, les lumières se tamisent parfois pour produire un effet romantique mais pas toc (« Take Me to Yer Heaven », texte pas très heureux, mais mélodies fameuses). Sans dégager de nouvelles pistes, mais en creusant un peu plus leur propre cheminement, les GRAND DESIGN signent un excellent cru, moins étonnant et euphorisant que l’imparable Viva La Paradise, mais dans une moyenne supérieure de Hard à la suédoise, ce qui en dit long sur la qualité de l’ensemble.

En quarante-sept minutes, V se la joue classieux mais détendu, avec des morceaux qui s’enchaînent sans temps mort, privilégiant la plupart du temps un beat chewing-gum qui colle aux tympans et qui agite les petons par tous temps. « The Warrior », soft but hard joue le jeu des radios américaines de la décennie 80, avec en exergue un refrain presque Teen Pop que le quintet assume complètement. Les paroles, très adaptées à la musique n’apportent pas grand-chose au mieux pensant culturel (« Guilty of Luv in the 1st Degree »), mais on écoute rarement ce genre de musique pour enrichir ses connaissances sur la philosophie allemande ou la physique quantique. Et l’un dans l’autre, un morceau après l’autre, finit par grandir en vous comme les quatre albums précédents du groupe, achevant de confirmer le statut de leader de GRAND DESIGN. Du prêt-à-porter pas si éloigné que ça d’un sur-mesure abordable, pour un design classique, mais de grand standing. Une cinquième marche gravie avec panache !

                                                  

Titres de l’album :

                       01. Right Away

                       02. I Won’t Cry Over U Tonite

                       03. Strandead (Trapped in a Heartbreak Zone)

                       04. Wut Are U Waiting For

                       05. Shame on U

                       06. Walkin’ the Wire

                       07. Gimmie the Fire

                       08. Take Me to Yer Heaven

                       09. I Dunno Wut to Say

                       10. The Warrior

                       11. Guilty of Luv in the 1st Degree

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par mortne2001 le 13/02/2021 à 17:39
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Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène. 

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Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.

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Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

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Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.

13/01/2025, 08:36

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Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

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