Il y a quelque chose de très bruyant au royaume du Danemark.
Shakespeare ne m’en voudra pas d’avoir détourné ce fameux vers de son Hamlet, et pour cause. S’il avait vécu à une autre époque, il aurait constaté que le pays cachait en son sein certaines des créatures les plus agressives de l’histoire musicale, et il aurait lui-même adapté son propos.
LATE NIGHT VENTURE, de Copenhague, nous bouscule ainsi depuis presque vingt ans, deux décennies qui ont provoqué la naissance de cinq albums. Cinq albums entièrement dédiés à la cause d’un Post Metal concentré, classique, presque formel même, mais qui ne s’excuse pas de ses influences. Depuis quatre ans, le collectif se montrait très discret, loin de la scène, pour mieux préparer son retour d’un cinquième chapitre écrit dans les cris et les riffs gigantesques. Et le mois de mars sera témoin de la plus grosse explosion de décibels de l’histoire du pays, via les six longues compositions de ce V: Bones of the Extinct.
Les os des trépassés est sans doute le plus bel ossuaire de masse, la plus admirable fosse commune, et la collection de restes humains la plus humainement assemblée de cette rentrée 2023. Fidèles à une recette qui a fait leur notoriété, les LATE NIGHT VENTURE continuent d’explorer leurs obsessions pour NEUROSIS, ISIS, CULT OF LUNA et autres chantres d’un Post-Hardcore résigné et lancinant. Et si la recette n’a pas vraiment changé d’ingrédients, le quintet trouve toujours un moyen de rendre les restes appétissants.
LATE NIGHT VENTURE avoue néanmoins avoir cherché à aller au plus simple et direct, rompant ainsi avec des années d’expérimentation et de complexité instrumentale. La créativité a donc été resserrée, et le propos concentré. Les vignettes nous parlent de sujets d’importance, entre la condition humaine et son rapport avec la nature des évènements, les actes et leurs conséquences, et plus généralement, des histoires sombres qui ne laissent de marbre que celui des tombes.
Moins de, plus de.
Ainsi est la devise utilisée pour concevoir ce cinquième album, qui se veut moins alambiqué et plus direct. On le sent dès la secousse incroyable de « Hostile Nature », qui contemple le spectacle d’une nature vengeresse, qui ne laissera plus rien passer. Les riffs sont simples et bruts, le chant évidemment caractéristique et hystériquement grave et raclé, et la rythmique est solide, stable, et incroyablement percussive. Il faut attendre « Hate Speech » pour prendre note d’une quelconque sophistication dans la progression, le Post-Hardcore se transformant alors en Post-Metal plus contemplatif, mais pas moins menaçant.
Si la rupture tranquille est actée au sein du groupe (Søren Hartvig, Jens Back, Jonas Qvesel, Peter "Pete" Falk et Michael-Falk Schalling), elle se ressent à l’extérieur comme une rentrée dans les rangs. Non que le groupe ait perdu toute sa singularité, mais le propos sur V: Bones of the Extinct est plus conventionnel selon les normes du Post-Metal le plus contemporain. Tout au plus saluerons-nous l’audace de quelques arrangements spatiaux sur l’ambiancé « Armed Warrior », l’un des titres les plus atmosphériques du lot, mais le reste du tracklisting reste dans les clous, et ne fait aucun pas de côté.
Ce classicisme assumé rend la bête plus facilement domesticable. Aucune question inutile quant à son dressage, et même si sa sauvagerie est toujours aussi manifeste, il accepte plus facilement les quelques gestes de tendresse à son égard. Mais pris dans son ensemble, le monstre a de l’allure, et une carrure impressionnante. On admettra que ses humeurs sont plus variées et franches, mais ses colères sont toujours aussi tétanisantes. Très proche des réflexes du NEUROSIS post-Enemy of the Sun, V: Bones of the Extinct est un changement dans la continuité, et une façon de s’exprimer plus simple, et appréhendable par tous.
On pourrait même résumer l’arc narratif à ses deux extrêmes, entame/conclusion, puisque « Hostile Nature » et « Prognosis Negative » se rejoignent dans le propos, et forment un cercle qui boucle la boucle en nous enfermant dans des explications assez claires sur notre raison d’être, et notre condamnation par la nature.
LATE NIGHT VENTURE en épurant son discours de toute forme rhétorique trop empesée gagne en puissance, en cohérence et en clarté. Et sans aller jusqu’à dire que ce cinquième tome de l’aventure est son meilleur, il est indéniable qu’il propose des paragraphes plus aérés, et une narration plus lisible.
Il y a quelque chose de très bruyant au royaume du Danemark
Mais on ne fait pas d’Hamlet sans casser d’œufs.
Titres de l’album :
01. Hostile Nature
02. Mammut
03. Reappear
04. Hate Speech
05. Armed Warrior
06. Prognosis Negative
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