Petite surprise dominicale avec un groupe mystérieux qui pourrait bien être le projet d’un seul homme ou de tout un orchestre. Suédois, le projet VALFREYJA reste nimbé d’une épaisse couche de brouillard, tant les infos sont nulles sur la toile. Alors, aucun line-up, aucune bio, mais un disque énigmatique, vendu comme avant-gardiste par certaines plateformes, mais qui n’est en fait qu’un exercice sur le Progressif traditionnel ramené à un langage plus contemporain.
Le concept est simple, et même fourni sur le Bandcamp :
La musique sur cet album a été conçue comme une tentative de revigorer le Metal Progressif moderne à l’aide de nouvelles idées mélodiques et harmoniques, tout en utilisant des techniques de guitare novatrices.
En gros, des guitares, des guitares et encore des guitares, pour un album éponyme se plaçant sur la médiane séparant le Jazz-Rock de la Fusion, et le Metal Progressif de la musique expérimentale. C’est donc à un véritable festival auquel nous sommes conviés, et les guitaristes de tous âges et niveaux risquent d’être fascinés par cet exercice de style qui replace l’instrument roi au cœur des débats.
Toutefois, une nuance en forme de prévention s’impose. Si cet album est incontestablement riche et exécuté par des musiciens terriblement affutés, la musique en elle-même ne propose rien de réellement innovant. A dire vrai, elle se situe en convergence des albums de guitar-heroes des années 80, et des essais Fusion d’Allan Holdsworth (influence majeure et revendiquée) ou de TRIBAL TECH. Beaucoup de technique donc, des plans acrobatiques, et une maitrise assez bluffante, pour un résultat mélodique, très coulé, mais assez démonstratif pour intéresser les accros au solfège.
La nuance le dispute donc à la puissance, et le résultat est admirable, ne le nions pas. Les prouesses individuelles et collectives passent comme une lettre humble à la Poste du feeling, les évolutions sont graduelles, parfois abruptes, et la concision de l’ensemble n’est pas sans évoquer le travail du génie Ron Jarzombek, spécialement sur le labyrinthique « Cat Chases Tail ». Le chat court donc après sa queue, mais le serpent ne mord pas la sienne tant les idées sont pertinentes, et le déroulé passionnant.
On gardera en tête que le tout est instrumental, et donc réservé à un public très spécifique. Mais les praticiens ne seront pas les seuls à se laisser séduire par ces structures équilibristes et mouvantes, puisque VALFREYJA s’adresse aussi aux néophytes qui n’ont cure des crises d’ego et autres manifestations narcissiques. Ici, c’est vraiment le plaisir du partage qui compte, même si la technique est touffue et maintenue.
Les musiciens impliqués dans le projet testent tous les degrés de puissance, et taquinent même le souvenir du Death progressif des nineties, dans un démarquage de DEATH méchamment agressif (« Burn With Purpose »). Et si les noms d’ANIMALS AS LEADERS et OPETH sont mentionnés, voyez-y plutôt une tentative assez malhabile de rameuter les troupes, ou une admiration qui n’a pas vraiment de concrétisation artistique, même si les ASL peuvent parfois être cités dans un contexte Djent particulier mais aussi très ponctuel.
Le son de l’ensemble incroyablement clair et prévis, permet d’apprécier tous les éléments à charge, et plus spécialement cette basse féroce qui claque et qui fulmine au même titre que la guitare, et qui forme avec cette batterie impulsive et précise un duo redoutable. Nous nageons donc en plein Crossover Djent/Metal Progressif/Fusion/Jazz-Rock, et cette dose de pratique parfaite et de mélodies en en-têtes reste fascinante jusqu’à son terme, réservant parfois des surprises de choix (« Web Of Lies »).
On pourra arguer de l’absence d’un titre vraiment long et évolutif, qui aurait clôturé cet album de façon magistrale. Mais la dose d’informations, la tension permanente et l’énergie développée font de Valfreyja un disque fondamental, qui ose en effet aller un peu plus loin que les artistes du cru. Un morceau aussi violent et pertinent que « Delve Deeply » provoquera un consensus, et marquera l’apogée d’une approche aussi immaculée que culotée.
Loin des facilités usuelles, VALFREYJA propose des idées contrastées, entre agression des sens et flatterie mélodique, et s’en sort brillamment dans son rôle de trublion hyperactif d’une classe parfois trop sage. Moins abstrait que sa pochette ne le laissait penser, Valfreyja reste toutefois une solide affaire de Metal technique et Progressif ouvert à d’autres genres, histoire d’aérer la pièce et de ne pas accueillir qu’un public élitiste et nombriliste.
D’ailleurs, « The Thought Of You » placé en épilogue nous permet de déguster une dernière dose de Bossa/Jazz acrobatique, histoire de saluer correctement la fanbase potentielle.
VALFREYJA est donc une sacrée découverte, méritant l’attention, et proposant des solutions autres qu’un simple copié/collé des grands représentants d’un style qui a souvent tendance à céder à la facilité de la reproduction plutôt qu’à l’originalité d’une écriture manuscrite.
Titres de l’album:
01. On The Wall
02. Victory’s Edge
03. Strength Of Stone
04. Nature Of The Cosmos
05. Cat Chases Tail
06. Burn With Purpose
07. Web Of Lies
08. Delve Deeply
09. Parting Words In Summer Rain
10. The Thought Of You
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11