Il est bon parfois de tenter la chronique parfaite, de celles qui s’accordent parfaitement à la musique qu’elles décrivent, et puisque telle est mon intention, accrochez-vous.
THE CENTRAL est un duo de Mathgrind basé à Madison, Wisconsin, qui fut un temps hébergé par Sassbologna Records, le même label que mes idoles de CLOSET WITCH. Composé de deux gros tarés (Alex Roberts et Frankie Furillo, guitare/chant, batterie), ce projet quelque part hors du commun s’est mis en tête de jouer le Grind comme DILLINGER ESCAPE PLAN joue le Hardcore, de façon bruitiste, chaotique et déconstruite, un peu comme si SYSTEM OF A DOWN avait découvert les joies de PAINKILLER sans tomber dans le métissage culturel. Avec ce petit laïus d’introduction, vous avez tous les noms dont vous avez besoin pour juger du potentiel de ce délirant Van Dyke Browne's Crystal, et apprêtez-vous donc à en prendre plein la gueule, décibels, cassures, ruptures, reprises soudaines, hurlements, crossover, fusion, apaisements, et coups de rein qui vous défoncent les tympans.
THE CENTRAL est un genre de projet complètement barré qui a mis un point d’honneur à fusionner la rage de Calculating Infinity, la folie instrumentale et chromatique de Guts of a Virgin, et l’essence incontrôlable de System of a Down, le tout sous couvert d’une technique infaillible adoubée conjointement par NAPALM DEATH et les frangins Wright de NOMEANSNO.
THE CENTRAL n’évite pas non plus les crises de paranoïa de Mike Patton, et truffe certains de ses morceaux de mélodies bizarres, de passages évanescents qui sont soudainement ramenés à la triste réalité bordélique par des partitions écrites à Berkley par des étudiants en Jazz sous acides (« Ladies », les toilettes de droite, mais les hommes peuvent y aller aussi). Tiens, et lorsque tout va bien quand ça va mal, ils rejoignent par la pensée l’école IPECAC, FAITH NO MORE, PERO PERO, ZEUS, avec un fulgurant « Arob's Corner », qui reprend les principes de « 43% Burnt » et de CANDIRIA en les démultipliant d’une schizophrénie sympathique.
THE CENTRAL, comme NOMEANSNO ne crache pas sur des inserts qui n’ont rien à voir, chaloupés et légèrement swing pour mieux glisser en chausse-pied des accélérations fulgurantes à faire passer Scum pour un gentil recueil de Blues puriste (« Grind Selective »).
THE CENTRAL de temps à autres laisse tourner la montre pour caser un tas d’idées aussi contradictoires que complémentaires, et nous noie d’informations, osant la démence à la SORE THROAT dans un contexte Art Rock que les ART ZOID n’auraient pas renié (« Eight Van Convoy »). Ils sont aussi barrés que Christian Vander après une omelette du fromage au champis, alternent les blasts incontrôlables et incontrôlés, les riffs discrets et tapis dans l’ombre, les pauses rythmiques qui n’annoncent rien de bon, et l’alternance Hardcore, Jazz, Metal, Hardcore, Fusion. En gros, ils aiment faire ce qu’ils veulent, et rappellent même à l’occasion les plus barges de la scène Modern Core italienne (« Hey Margaret »).
Dissonances, stridences, BPM qui s’envolent, cris, mots susurrés sans qu’on les comprenne, batteur qui se prend pour une équation mathématique du troisième degré, courbe de la dérivée qui part en couille, feedback, blasts, précision à toute épreuve cris encore, mais génie rythmique et idées millimétrées pour ne pas passer pour de simples bruitistes en goguette.
THE CENTRAL est un exutoire fabuleux à la violence environnante, la seule alternative à cette prévisibilité ambiante qui nous confine parfois à l’ennui, spécialement lorsqu’ils s’amusent à mélanger FAITH NO MORE, FANTOMAS, SONIC YOUTH et DEP (« Normal ». Non, pas vraiment).
THE CENTRAL fait que le soleil se lève à l’ouest, que la mousse pousse au sud sur les arbres, regarde la vie en faisant le poirier et rend les blagues les plus drôles sérieuses. Ils sont aussi tribaux qu’urbains, aussi réglo que fourbes, mais surtout, ils connaissent par cœur les possibilités de leur instrument et celles de leur association. Ils ressemblent à des frères jumeaux anticipant les mouvements de l’autre avant qu’il ne les pense, et surtout, ne nous prennent pas pour des imbéciles en nous refourguant du bruit. La preuve, puisqu’ils terminent Van Dyke Browne's Crystal par un lever de soleil à l’aube, romantique mais étrange, et caractéristique des errances expérimentales des seventies tout autant que de la World naissante des TALKING HEADS (« Sunrise »).
THE CENTRAL est donc le point névralgique, le centre de convergence de toute la musculature extrême de ces vingt dernières années, et se pose en chiropracteur de l’absurde, dadaïste dans les méthodes, mais pragmatique dans le résultat et le bien-être. Alex Roberts et Frankie Furillo pourront passer pour des charlatans aux yeux des néophytes et des populistes, ils n’en restent pas moins des bossus de la politesse qui vous envoie leur barouf directement dans la gueule sans que vous ne bronchiez.
Et puis ça suffit comme ça.
Titres de l’album :
1.Browne's Crystal
2.Arob's Corner
3.Grind Selective
4.Eight Van Convoy
5.Hey Margaret
6.Ladies
7.General Eyes
8.Normal
9.Sunrise
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