Entamons le weekend avec une sélection spéciale underground, et quelques sorties qui devraient égayer votre temps libre. Italie, Suède, Suède, Italie, en ce moment, le grand écart entre ces deux pays fait travailler mes adducteurs, et j’avoue que la suprématie de ces deux nations sur le reste du monde commence à prendre des proportions inquiétantes et rassurantes à la fois.
Le réservoir coule donc à plein régime, même si ce matin me laissera en terrain connu, puisque la question du Crust et du D-beat en Suède est à peu près aussi claire que celle du fromage chez nous. Mais ne comptez pas trop sur cette horde hirsute pour vous offrir un verre de vin AOC, leur carburant à eux serait plutôt du genre nitroglycérine, qu’ils ingurgitent avant de la cracher sur leur passage histoire de tout faire sauter.
Historiquement, les WARVICTIMS font partie des pionniers de la vague Crust scandinave, et existent maintenant depuis plus de dix ans, décade qu’ils ont passée à secouer leur pays sur ses bases pourtant solides. Un coup d’œil à leur discographie vous permettra de comprendre qu’ils n’ont pas chômé depuis leur premier CD-r When The Innocent Cry, publié en décembre 2006.
Comptez quelques splits (avec TORTYR, BESTHÖVEN, FLYBLOWN, TILL DEATH, par exemple), une grosse louche de 7’’, une bonne poignée de 12’’ et quelques formats intermédiaires en 10’’, et vous obtiendrez un tableau de chasse assez impressionnant qui les place d’office sur la ligne des chefs de file du mouvement.
Qui dit chef de file, dit qu’il n’y a pas de secret. Le Hardcore violent des suédois est un véritable modèle du genre, et atteint des sommets de violence rarement atteints. S’ils respectent à la lettre les canons, en tirant à boulet rouge sur la tendance au métissage actuelle, les quatre suédois (Danne : batterie, Fisen : chant/basse,
Challe : chant et Simon : guitare si j’en crois le seul site à fournir un line-up) parviennent toujours à trouver un angle d’approche d’une rare intensité.
Evidemment, l’influence massive de DISCHARGE semble leur servir de dogme absolu, et il n’est pas interdit de voir en leur musique une extension de la hargne des anglais, poussée à son paroxysme de haine et de colère. Alors, si généralement un nouvel album est synonyme de renouveau, dans leur cas très précis, il n’est qu’une pierre de plus qui s’ajoute à un gigantesque édifice, ne changeant pas d’un iota leur vision d’un D-beat impitoyable qui avance sans jamais ralentir, encore moins stagner.
Enregistré et produit par Jocke D-takt aux studios Empire entre 2014 et 2016, mixé et masterisé par Kenko aux Communichaos Media Clay Station, et emballé dans un artwork signé Mattias Edström, Världsherravälde (Domination mondiale en VF) n’est qu’un pur concentré de violence scandinave souillée d’impuretés typiquement anglaises de la fin des années 80. Et pour faire simple, il est possible de le comparer à une version sans pitié du séminal Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing de qui-vous-savez, en version dynamitée et exposée à des radiations hautement corrosives.
Pas vraiment de surprises sur un tel 12’’, mais une bonne grosse claque à la tendance actuelle qui consiste à diluer le chaos dans le miel. Ici, tout est abrupt et foncièrement agressif, de l’entame « Overklig Verklighet » au final « Bara Datum Har Förändrats », et je serais tenté de dire que c’est tant mieux.
Alignant les rafales comme une mitrailleuse de bunker en temps de guerre, ce nouvel effort des WARVICTIMS ne risque pas de laisser des survivants, et compte les corps qui tombent sur la plage comme la section rythmique égrène les BPM avec largesse.
Pas ou peu de choses à redire, c’est du travail de pro, et on sent que les mecs sont là depuis un bon moment à répéter leur attaque pour en parfaire les moindres détails.
Inutile de jouer au petit jeu des comparaisons, puisque les héros du jour sont uniques en leur genre, et n’ont jamais dévié de leur trajectoire depuis leurs débuts. Disons que si vous aimez votre café bien serré et rehaussé d’une large larme de cognac de contrebande, Världsherravälde fera votre bonheur en vous ramonant le gosier comme il vous décrassera les oreilles.
L’assaut est non-stop, et ne s’embarrasse pas de breaks superflus. La technique est rudimentaire, mais les riffs gardent quand même une assise mélodique appréciable, tandis que la rythmique multiplie les coups de pilon sans cracher sur quelques breaks hystériques qui relancent la machine de plus belle.
Tous les instruments sont intelligibles, chose assez rare pour être soulignée, et la basse tient une place importante au milieu des débats de ses graves ronflants et brillants. Le chant est bien évidemment salement rauque et méchant, mais l’intelligence des suédois est d’avoir réussi à combiner sans perdre en intensité des riffs sombres et des harmonies légèrement amères pour ne pas se montrer trop roboratifs.
En guise de comparaison, il n’est pas incongru de voir en Världsherravälde un équivalent Crust/D-beat scandinave des crachats sonores Reign In Blood ou Land Speed Record, tant la pression qu’il exerce sur votre système nerveux est largement aussi intense.
Vingt minutes à peine de Hardcore qui tabasse à mort, et vous fait rentrer la leçon à grands coups de poings dans la gueule, pour ne pas que vous puissiez vous relever l’air interloqué.
Alors oui, les suédois sont vraiment les maîtres en la matière, et qui oserait contester leur supériorité ? Certainement pas moi, et ce nouvel LP des esthètes de la violence de WARVICTIMS est vraiment un parangon du genre, et certainement le 12’’ le plus emblématique et percutant que vous pourrez écouter ce mois-ci. De là à parler de domination mondiale, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.
Titres de l'album:
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