Loin de la standardisation actuelle, et proche d’une scène Avant-gardiste très active, le projet ONKOS propose un genre de melting-pot global entre plusieurs cultures…parfois très éloignées de la nôtre. Conçu comme un véhicule pour les idées farfelues et absconses de Robert Woods-LaDue, musicien/magicien créatif et ludique, ONKOS s’éloigne des sentiers rebattus par l’extrême pour se concentrer sur une hybridation entre le talent de Varèse et le culot d’un ZEAL AND ARDOR. Un Frank Zappa perdu dans l’univers iconoclaste de PUNGENT STENCH, qui joue le Death Metal comme s’il était une musique de carnaval, près des favelas de Rio, pauvre mais joyeux, enthousiaste mais subtilement résigné. Alors, poussez les portes de la connaissance, et faites celle de cet homme attachant, débordant d’idées, qui vous propose un voyage au pays de l’originalité et de la liberté.
Mais faites attention quand même. Explications.
ONKOS n’est pas à proprement parler un groupe de Metal, ni un groupe tout court d’ailleurs. Après avoir sorti son premier album éponyme, ONKOS s’est transformé en projet de scène regroupant treize musiciens en son sein. Des cordes, des percussions, des cuivres, de l’improvisation, et puis, patatras, COVID, confinement, isolation, et point final à ce qui devait être une tournée digne de ce nom. De fait, et en toute logique, privé de scène, Robert Woods-LaDue s’est remis à composer pour tuer le temps, et préparer une nouvelle campagne live affublé de lieutenants qui auraient eu leur place au sein de GONG, MAGMA, ou dans la troupe bigarrée des MOTHERS OF INVENTION.
Différent de ce fameux premier long qui traitait du problème du cancer, Vascular Labyrinth en a gardé le sens de l’impro, la liberté de ton, et l’envie d’aller un peu plus loin qu’un énième forfait tout compris entre nostalgie et actualité brûlante. Evidemment, cette démarche aliène au groupe une sacrée portion de fans potentiels, mais ceux qui oseront rester seront récompensés au-delà de toute espérance, tant cette musique étrange se veut tribale, agressive, fluide et culottée.
En témoigne ce line-up aux instruments incongrus (Dan Rosenboom - trompette, Cory Wright - saxophone/flûte/clarinette, Rob Ewing - trombone, Devin Smith - claviers, Robert Woods-LaDue & Richard Haig - chant, Mark Pascucci-Clifford - vibraphone/marimba, Robert Woods-LaDue - tout autre instrument), mais aussi cette batterie ou système de percussions inventé par Robert lui-même durant la pandémie, dans l’optique d’une représentation live au maximum des capacités. Un rêve étrange pour un résultat ne l’étant pas moins, et qui durant plus d’une heure, oppose un chant caverneux à des délires Free-Jazz, le tout entrecoupé de séquences libres à la guitare acoustique, pour un panorama global tenant tout autant du culte vaudou que de la défonce seventies en bonne et indue forme.
Je ne vous cacherai pas que l’écoute de ce second long est complexe, et qu’elle exige une ouverture d’esprit absolue. Inutile d’entrer pour jeter un coup d’œil, si vous ouvrez la porte, elle se refermera derrière vous. Très finement, et avec un sens de l’appât juteux, I, Voidhanger lance quelques miettes et espère attirer dans les filets d’ONKOS tous les esprits libres et les fans de Zappa, John Zorn et…GORGUTS. Gageons que ce dernier nom n’a été utilisé que pour souligner les rares passages brutaux de cette réalisation, histoire de raccrocher les wagons à une locomotive Death qui de toute façon, roule trop vite pour qu’on puisse lire son référencement.
Il y a une certaine forme de violence sur cet album, mais elle est tellement détournée et biaisée qu’on a du mal à l’identifier. Elle est évidente sur le cacophonique « Bethel », qui se replonge dans les années 70 pour proposer une sorte de Proto-Death hybride et maculé de cordes et de anches, mais le reste du temps, elle se cache sous le canapé pour ne pas être souillée par des envolées baroques/branques et jazzy, et ainsi conserver son intégrité virile. Mais ne vous leurrez pas, cette dite violence est clairement sous-jacente, et ne permet pas au projet de rester dans le giron de notre petite famille.
« Furoncles Bitumineux » vous expliquera ça mieux que moi, et sans parler. Dès ses premières secondes, le morceau mélange rythmes africains, accompagnement dadaïste, voix caverneuse et granuleuse, pour des aventures que l’on imagine exotiques, et qui pourtant ne quittent pas le sol des Etats-Unis. Cette originalité, si recherchée par certains artistes, parait ici d’un naturel désarmant, comme si Robert Woods-LaDue était incapable de composer un morceau straight, ses réflexes conditionnés le ramenant systématiquement à la déraison expérimentale et avant-gardiste. Il est donc de fait très difficile de définir cet art consommé du contrepied, autrement qu’en le conseillant aux âmes perdues et autres vicieux du non-conformisme.
Et sincèrement, qui d’autre que Robert pourrait accoucher d’un monstre protéiforme de la carrure de « Lucius » ? Dix-sept minutes ou presque qui broient LED ZEPPELIN, Varèse, et qui en tant qu’épilogue, nous laissent sur une sensation d’oppression, qui contraste avec cette liberté de ton prônée depuis le début d’un album/rêve/cauchemar collectif.
Je pourrais tout à fait comprendre que vous rejetiez cet exercice qu’on aurait pu imaginer concocté par Bill Laswell et Christian Vander, en hommage au père fondateur Zappa. Mais si vous faites un effort, vous pourrez constater que Vascular Labyrinth vous offre une pause salvatrice dans la routine de la production actuelle. Et sincèrement, cette pause fait un bien fou, même si elle oblige à se découvrir et à admettre des goûts étranges et déviants.
Mais la morale n’a jamais fait affaire avec les esprits libres et les âmes impures.
Titres de l’album:
01. Awaken To The Sunset
02. Furoncles Bitumineux
03. Laktro
04. Lux'Lac
05. The Lamiae
06. Vascular Labyrinth
07. Bethel
08. Goodbye To The Light
09. Lucius
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49