Poursuivre sa carrière en changeant de patronyme est souvent un pari risqué. Certains groupes s’y sont essayés avec plus ou moins de bonheur, mais après tout, cette franchise est assez symptomatique d’une honnêteté artistique qu’il convient de souligner. C’est le cas des VATTNET VISKAR, qui ont décidé de réduire leur nom à un simple VATTNET, au moment de sortir leur très attendu troisième album, que nous avons découvert au mois de septembre…J’avais dit tout le bien que je pensais de leur second LP, Settler, qui m’avait enchanté de son Post Black très imaginatif et éthéré, mais qui savait rester dans des balises mélodiques concises. Depuis, le temps a passé (deux ans exactement), le line-up s’est légèrement modifié, et Nick Thornbury a quitté le navire, laissant le bassiste Casey Aylward se charger du chant, tâche dont il s’acquitte avec un brio indéniable, et qui colle parfaitement bien à la nouvelle direction que semble vouloir emprunter le trio. Oubliées donc les dilutions d’agression d’antan, et bonjour les harmonies plus pures, et l’optique moins rude, pour une nouvelle mouture qui semble se complaire dans un Post Metal plus générique, mais aussi plus sincère. Si l’ADN du combo est resté à soixante-quinze pour cent le même, leur musique n’en a pas oublié de dériver vers les rivages de THE OCEAN, sans pour autant se départir d’une indéniable énergie, qui s’articule aujourd’hui autour d’un contexte plus volontiers Rock que Metal.
Oubliés donc les oripeaux Post BM, et bonjour la sensibilité d’un DEFTONES contemporain, dont on retrouve quelques traces dans les passages les plus atmosphériques’n’Rock, mais aussi de faibles réminiscences d’un DEAFHEAVEN, dans les crises de violence éparses qui garantissent à VATTNET de pouvoir prétendre rester affilié à la famille Metal.
Vattnet, l’éponyme, et sa contraction, pouvait laisser craindre un virage un peu trop rapidement négocié, au point d’en faire perdre au groupe son nord et son identité. Mais il n’en est rien, et le désormais trio du New Hampshire nous propose donc un disque qui se veut calque musicale de sa sublime pochette. Sombre mais lumineux, abscons mais clair, viril mais aux attraits délicieusement féminins (qui se reflètent tant dans les arrangements que dans la voix très juvénile de Casey), et surtout, source d’interrogations artistiques. S’il était déjà très difficile de situer le groupe, il est maintenant impossible de le caser entre deux références, tant son optique renouvelée se nourrit de son propre passé tout en lorgnant sur un avenir en pointillés. Il serait évidemment facile de le considérer comme simple transition pour aller de l’avant, mais la maturité dont il fait preuve lui confère un statut d’œuvre définitive à part entière, et première étape sur une seconde partie de carrière qu’on pressent encore plus riche que la première. Cette impression se concrétise autour de morceaux qui se veulent aussi cohérents entre eux que différents, utilisant la violence comme vecteur d’expression et les harmonies comme porteuses de sensations, parfois délicates, parfois véhémentes et impressionnantes, pour un mélange final qui les excentre de la scène Post traditionnelle. Le principal reproche toujours formulable à l’encontre des groupes dits « Post », est cette complaisance dont ils font preuve lors de l’agencement de leurs idées. Ici, le problème ne se pose pas tant l’évolution est logique, sans perdre cette liberté qui différencie les vrais créateurs des simples suiveurs.
Le lien entre Settler et Vattnet est tangible, et pourtant, les deux œuvres sont celles d’un groupe qui se ressemble sans se ressembler. Si des bribes de pistes comme « Sugar » nous permettent de retomber sur les pieds d’une crudité Post Black soutenue, principalement par une rythmique tendue, elles ont tôt fait de nous perdre de par leur refus d’employer de nouveau des astuces déjà développées. Les harmonies sont de plus en plus belles, et s’accordent parfaitement du timbre légèrement onirique du bassiste/chanteur, aussi à l’aise dans des interventions agressives (peu) que dans ses digressions plus passives/lascives (beaucoup). Et loin de se contenter de nous brosser un tableau exhaustif de leur nouvel avenir dès l’entame « Spun », qui traîne son spleen magnifique le long de percussions et d’effets stroboscopiques, VATTNET s’amuse une fois encore à troubler la surface de son océan, y abandonnant sans l’abandonner cette jeune femme qui semble vouloir aller de l’avant, tout en acceptant de se retourner.
Métaphore sur un groupe qui envisage son futur tout en assumant son passé ? Il semblerait que les trois survivants ne regrettent rien de leur illustre background, mais qu’ils désirent explorer plus en profondeur de nouveaux horizons, qui se matérialisent sur « Better Ghost », qui nous propose de concevoir leurs illusions désincarnées comme des spectres flottant au-dessus de leur volonté. Guitare en écho, basse en ondulation, pour une intensité qui trouve de nouvelles perspectives à travailler, subjuguant le Post Metal d’impulsions Hardcore tenues ferme en bride.
Eléments nouveaux pour pérennisation d’actifs chèrement et durement acquis, et surtout intelligence de composition, qui outre l’imagination se repose sur une belle concision. Les VATTNET ont très justement évité le piège du trop-plein, et ont privilégié une première incarnation de raison, qui en moins de quarante minutes, persuade de ses propres arguments, et non d’un bourrage de crâne déplacé et hors-contexte. Nous aurions pu craindre une perdition sur les chemins de l’errance, mais les chansons sont toujours concentrées sur quelques idées porteuses, sans que les digressions ne mangent l’espace de leurs répétitions. On atteint parfois des sommets de calme en apparence, sur « Chains », qui justement les brise d’un apaisement mélodique redondant, tandis que le long « Time Will Prove Everything » sonne comme une parabole du destin d’un trio qui a pris le sien en main. Sans vraiment savoir ce que ce futur va prouver, on se délecte d’une suite épique qui synthétise tout ce que ce groupe magique a toujours incarné, cet équilibre entre violence contenue et déviances harmoniques, pour sept minutes qui réconcilient le MARILLION le plus ébouriffé et le THE OCEAN le plus apaisé. Et le final « Funeral » de proposer à l’encontre de son titre une véritable renaissance, avec toujours ce chant un peu voilé qu’un arrière-plan chargé peine à cacher, et ce traitement mélodique tout sauf complaisant qui nous embarque dans un voyage non dans l’espace mais bien dans le temps, en multipliant les allers retours sans donner l’impression de vouloir le figer.
Vattnet nous assure sans le dire que les fans d’hier seront les passionnés de demain, et permet à VATTNET de se débarrasser de la moitié de son nom sans renoncer à plus d’un quart de son identité. C’est un album qui fera la jonction, mais qui l’amorce déjà avec conviction. Post, évidemment, pour cette faculté à voir plus loin que des genres trop figés, plus mélodique que forcé, c’est un premier faux album qui conservera notre fidélité, tout en acceptant que les choses ne seront plus jamais vraiment comme avant, sans que le fond soit vraiment différent.
Titres de l'album:
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