Là, j’avoue que je me suis bien fait feinter. Alors que je m’attendais à du clou au kilo et à des pseudos jolis, je me suis retrouvé face à des musiciens ayant gardé leur véritable nom et portant des t-shirts sobres. Rien d’anormal me direz-vous, sauf que BLASTED HEATH est présenté comme un combo de Black-Thrash, genre peu porté sur la sobriété et la normalité. Généralement, ceux décidant de s’immerger dans le style en adoptent tout le décorum, et s’affublent de noms chantant, sans parler d’un look devant tout au HELLHAMMER des années 83/84. Mais après tout, l’habit ne faisant pas le moine et l’absence de cartouchière ne faisant pas le fan d’Indie Pop, il convenait d’aborder le sujet avec circonspection et lucidité.
Et cette attitude m’a permis de constater que ces originaires d’Indianapolis, Indiana, n’avaient rien à envier aux bêtes les plus lubriques de la société secrète du grand cornu.
Fondé en 2020, BLASTED HEATH n’avait pour le moment rien hurlé sur les toits. C’est dire si ce premier longue-durée tombe comme une perruque dans le consommé, et qu’il nous prend à revers de sa méchanceté. Car la simplicité du groupe n’est pas son seul atout, loin de là. En effet, il se targue de jouer un Cosmic Black/Thrash, ce qui n’est pas chose courante, et surtout assez difficile à imaginer. Mais une fois les premiers sillons digérés, on comprend tout le sens de cette expression.
Ainsi, Joe Clark (basse), Conrad Cotterman (batterie), Billy DeRocker (guitare) et Kyle Shumaker (guitare/chant) osent une sorte de crossover géant, entre POSSESSED, NOCTURNUS, et HAWKWIND, le tout enrobé d’arrangements psyché. Un genre de proto Black/Thrash de l’espace, dans lequel tout le monde peut vous entendre crier, et qui repose sur une intelligence de composition assez troublante. Loin des facilités les plus éculées du style, BLASTED HEATH cherche toujours une approche inédite et ose des riffs stellaires, loin du recyclage de formules à la VENOM/SARCOFAGO/SODOM. Et comme les gus n’hésitent pas à infuser quelques mélodies saines dans leur barouf interstellaire, on se laisse séduire par cette réverb’ persistante, par cet écho et ce delay typiquement seventies, et on s’assoit dans la navette sur un gros fauteuil orange, made in seventies.
Comme un combo des années 70 découvrant les joies de la brutalité basique, Vela est une expérience inédite, imaginant le comportement d’un Jeff Becerra perdu entre Mars et Venus, et cherchant à communiquer avec une civilisation extraterrestre.
A ce titre, le morceau « Neutron Star » est un petit miracle en soi, et une tentative d’échange entre l’espace et la terre. Blindé d’effets tous plus atypiques les uns que les autres, il nous emmène très loin dans la galaxie, pour tester les liens nouant le Thrash et le Black, contre une harmonie spectrale venue du fond des temps psychédéliques des sacro-saintes sixties. Comme vous le constatez, nous sommes loin du produit bêtement bestial uniquement destiné à faire la promo de la repompe, et autant dire que tomber sur un disque pareil fait un bien fou au moral. D’autant que la surprise initiale est agrémentée d’autres surprises plus éparses.
Ainsi, « The Wind in Vela », débutant comme une simple transition parlée, s’achève dans un entremêlement de mélodies pures et de samples bien placés, comme la bande son d’un film sci-fi un peu fauché projeté sur des écrans de drive-in fatigués.
Aussi unique qu’il n’est accrocheur, ce premier album mérite sincèrement toute l’attention que vous pourrez lui porter. Témoignage d’une ambition très concrète, il refuse les convenances et autres facilités d’usage, pour oser une musique différente, brutale, mais abordable. Le concept ne fait donc pas long feu et ne se résume pas à un simple gimmick, et lorsque « Strange Matter » clôture le voyage sur une dernière étape longue et développée, le constat est inévitable : Vela est une incongruité géniale qui transcende la nostalgie, refusant de la traduire mot pour mot.
Difficile pourtant de confronter le Black/Thrash le plus cru au Progressif spatial le plus éthéré. La prouesse n’en est que plus remarquable, et le plaisir ressenti décuplé. Et pour un premier album et une introduction sur le marché, BLASTED HEATH frappe très fort, et nous donne déjà des envies de concept album double-durée. Le talent n’est donc pas lié aux pseudos fleuris et aux looks mal dégrossis, mais bien à l’imagination, qui se passe de tout artifice embarrassant.
Découverte du mois, pour le moins.
Titres de l’album :
01. Big Chill
02. Ape
03. Europa
04. Dark Energy
05. Neutron Star
06. The Wind in Vela
07. Strange Matter
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