Maintenant que les morts se mettent à parler, attendez-vous à une logorrhée verbale salée. Après tout, ils ont aussi leur mot à dire, même enfermés dans un cercueil pourrissant sous terre depuis de longues années. S’est-on inquiété de leur sensibilité, de leurs peurs, de leur solitude ? Non, et c’est un phénomène de plus en plus répandu. Alors, les morts en ont eu assez et se sont mis à parler. Et inutile d’espérer un salmigondis de borborygmes à la sauce Walking Dead. Leur discours est clair, bien prononcé, avec des syllabes qui se détachent comme des lambeaux de chair.
Le phénomène a été observé pour la première fois en Finlande, terre de contrastes, et de paysages sublimes. Dans le creux d’un vieux cimetière de Lohja, six individus à l’air louche ont commencé à traduire les textes écrits par ces morts-vivants, pour les exposer à la face d’un monde médusé, et disons-le, terrorisé. Les DEAD TALKS sont depuis devenus les interprètes officiels de l’au-delà, un au-delà souffreteux, pénible, dans lequel cohabitent l’oubli, la souffrance et l’indifférence.
De ce petit cimetière a d’abord émergé un premier cri, vite pressé en single numérique. Puis, deux ans de silence avant que le discours ne reprenne. Ayant perfectionné leur système de traduction, les six finlandais (Joni Laakso - basse, Henkka Åkerlund - batterie, Tomi Joutsen/Timo Vainio/Jukka Veiksola - guitares, Antti Åström - chant) se montrent aujourd’hui à la surface pour mieux propager la parole distincte d’une armée des morts qui peuvent enfin s’exprimer et se faire comprendre.
Cette vénération des morts à quelque chose de touchant. Certes, Veneration Of The Dead est cruel, puissant, parfois même assourdissant, mais il touche en plein cœur des fans de Death old-school, le seul genre à pouvoir échanger avec les trépassés sans les exploiter. Du chemin de gauche à l’écorchement vif, DEAD TALKS cite les grands classiques occultes d’ENTOMBED, UNLEASHED, mais aussi les déviations plus mélodiques des suédois des mid nineties. En résulte une musique prenante, et même fascinante, acceptant parfois des éléments Folk pour mieux servir son propos (« Skinless »).
Pour un premier album, Veneration Of The Dead est méchamment sûr de lui. A l’écoute, on penche pour la confirmation d’un talent existant, et pourtant il s’agit bien d’un démarrage en côte, ce qui rend la chose encore plus impressionnante. Comme si ENTOMBED bénéficiait des largeurs des productions de NAPALM DEATH, DEAD TALKS hurle à s’en décrocher les poumons, mais fait preuve d’ambitions.
« Son of the Nameless One » le souligne immédiatement, d’un son de guitare acide et d’une prise de contact morbide. On se sent immédiatement à l’aise dans ce monde fait de violence et d’aisance, les nombreuses harmonies atténuant l’aspect trop classique des riffs syncopés à la mode Sunlight. Et si le tout reste assez conventionnel, il n’en garde pas moins une emprise tangible sur la lucidité rythmique, qui abat un boulot de dingue en mode Heavy comme en mode Death.
Le disque est parfait pour ce qu’il est. A vous de donner sens à cette constatation, mais une fois l’œuvre digérée, il n’est pas difficile de comprendre que les qualités des finlandais risquent de bousculer l’ordre mondial. Loin d’une simple resucée malhonnête accentuée par l’emploi de l’expression « old-school », Veneration Of The Dead est un trip immersif dans les entrailles de la terre, à la recherche d’une pourriture noble pour fertiliser des terres stériles.
Si rien ne pousse sur les champs arpentés par le sextet, si rien ne repousse entre les tombes de ciment, cela évite aussi la prolifération des mauvaises herbes vintage, qui ont toujours tendance à envahir les espaces. « The Human Plague », costaud et subtilement dissonant, « 508 » et son Death’n’Roll vicieux, « The End of the Tunnel » et son thème porteur irrésistible, « Pedophile God » et son message non édulcoré transforment ce premier album en cri du cœur des fans d’un Death Metal putride, mais soigné et cathartique.
Difficile de trouver une telle cohérence versatile sur le marché actuel. Parfaitement conscients que le genre peut se montrer bouncy et catchy (« Death's Charioteer », binaire diabolique qui carbonise les tympans), les six musiciens jouent leur carte maîtresse dès le début de leur carrière, et nous assomment d’une foi sans failles en des compositions de taille, l’album se terminant même par une déclaration d’intention aussi épique que morbide.
Et les morts continuent de parler.
Mais de quoi au juste ? De leur gratitude envers DEAD TALKS qui ne les prend pas pour des carcasses délavées par le temps, et qui le prennent justement pour communiquer avec eux. Cette empathie post-mortem à quelque chose de touchant, mais son expression est d’une violence monstrueuse.
Parlez, nous vous écoutons. Mais vous pouvez baisser la voix, nous avons tous un sonotone depuis le temps.
Titres de l’album:
01. Son of the Nameless One
02. The Human Plague
03. 508
04. The End of the Tunnel
05. Pedophile God
06. Death's Charioteer
07. Skinless
08. Trigger/Religion
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